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Haiti : Faire l'économie des catastrophes par la promotion d'un autre mode de développement


Haiti : Faire l'économie des catastrophes par la promotion d'un autre mode de développement

Par Roland Bélizaire, Economiste, M.A.Professeur à l'Université

« Il est aussi insensé de s'attendre à ce qu'un violon émette une mélodie sans le concours d'un violoniste, que d'exiger de celui-ci qu'il joue sans violon ». Paul Streeten

En analysant ce qui se passe dans le pays depuis les évènements malheureux de Fond Verrettes et de Mapou pour arriver au drame des Gonaïves, deux conséquences peuvent être tirées de cette pensée de Paul Streeten. Primo : nous ne pouvons pas demander à la nature de nous protéger, quand nous, nous ne la protégeons pas. Secundo : il est aussi insensé que l'Etat demande à la population de stopper la dégradation de l'environnement, si lui, il ne prend pas les mesures appropriées à cet effet.

D'emblée, disons que ce drame qui est survenu aux Gonaïves le week-end du 17 septembre 2004 et qui pourrait arriver dans n'importe quels autres ville et département du pays, serait d'abord le résultat de l'irresponsabilité de l'Etat face à la dégradation plus que séculaire de l'environnement. En effet, point n'est besoin d'élaborer des modèles économétriques pour démontrer la corrélation qui existe entre la capacité, la qualité de gouvernance de l'Etat, le niveau des infrastructures et le taux de dégâts des éventuelles catastrophes naturelles. Donc, plus le niveau des premiers est faible, plus le taux du second sera élevé, et inversement.

A titre d'illustration, après le passage du cyclone Jeanne dans les autres pays de la Caraïbe comme en République Dominicaine et aux Bahamas, les incidences sont beaucoup moindres. Alors qu'aux Gonaïves, seulement le nombre de morts dépasse déjà largement le millier, autant de disparus sans compter les dégâts matériels et les multiples conséquences. Or ce « génocide naturel » n'est dû qu'à un « effet de proximité », qu'à un « effet d'espace », c'est-à-dire, c'est parce que seulement, la tempête est passée au large et de très loin des côtes Nord du pays.

Donc à l'évidence, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas chez nous ou par rapport aux autres, il y a quelque chose qui s'empire en Haïti. Autrement dit, il s'avère que l'environnement ne peut plus tolérer nos agissements de prédateurs. (...)
Source AlterPresse
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