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Vulnérabilité et adaptation aux changements climatiques : le cas du coton


La méthodologie de l’étude de la vulnérabilité et adaptation aux changements climatiques a été proposée par le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC).
C’est après avoir appliqué la matrice de sensibilité aux changements climatiques que les secteurs de l’agriculture et élevage, des ressources en eau, de l’énergie et de la foresterie ont été retenus en priorité dans la première communication nationale du Burkina Faso (TOE et al., 1998).
Poursuivant l’analyse, par l’établissement de la matrice d’évaluation des unités cibles, les mêmes auteurs ont identifié respectivement le coton, le sorgho et les bovins en priorité en prenant en compte leur sensibilité aux variations du climat, la contribution de chaque unité au PNB, le nombre de populations concernées et l’interdépendance sectorielle.
L’identification de la zone d’étude a porté sur la région Ouest du pays regroupant les Directions régionales de l’Agriculture de la Boucle du Mouhoun, des Hauts Bassins, de la Comoé et du Sud-Ouest (carte n° 1). Les analyses se sont focalisées sur le coton.

- Situation de base climatique

La situation climatique de base a été établie sur la période 1961-1990 et les projections ont été faites à l’horizon temporel 2025 (DIOP et al., 1999 ; MEE, 2001). La pluviométrie et la température qui affectent le plus les productions végétales, notamment en climat tropical semi-aride, ont été étudiées.
On observe une décroissance de la pluviométrie du sud au nord de la région Ouest, allant de 1200 mm à 850 mm. Les températures des mois d’avril, mai et octobre qui présentent de fortes chaleurs peuvent dépasser 35°C.

-Situation de base du coton

Les superficies annuellement réservées au coton ont connu une évolution exponentielle passant par exemple de 70.000 ha en 1984 à 280.000 ha en 1997. Plusieurs variétés de coton, de formules et formes de fertilisation ont été proposées depuis 1973 jusqu’à ce jour. Elles intègrent l’évolution des conditions du milieu et du marché mondial. Les productions ont progressé annuellement passant de 90.000 tonnes en 1985 à près de 350.000 tonnes en 1997, ce qui représente respectivement en termes de recettes d’exportations, 11,66 milliards et 71,63 milliards de francs CFA.
Les provinces de la Kossi, du Houet et du Mouhoun produisent à elles seules 70% de la production nationale.

- Les prévisions pour la culture du coton en l’absence de changement climatique

Dans l’hypothèse que les tendances actuelles des principaux paramètres du climat se poursuivent normalement, d’ici à l’horizon 2025, on devrait enregistrer une baisse importante du volume annuel de pluie dans la zone cotonnière. En conséquence, la culture du coton ne serait plus possible que sur les terres basses dans le Nord de cette zone (Banwa, Kossi, Mouhoun) où la moyenne pluviométrique annuelle ne devrait pas dépasser 600 mm. En revanche dans les autres provinces, la pluviométrie annuelle qui devrait chuter de 1200 mm à 900 mm, ne devrait toutefois pas constituer un handicap majeur pour cette culture.
Du côté des températures, on prévoit une augmentation moyenne de 0,5°C à 1,0°C. Cela ne devrait pas affecter la culture du coton en dehors de l’effet des pics de température maximale sur la levée et la chute des fleurs et jeunes capsules.
En intégrant tous les paramètres climatiques, socio-économiques et politiques liés à la filière cotonnière, les projections à l’horizon 2025 indiquent que les superficies qui seront annuellement réservées au coton seront de l’ordre de 450.000 ha pour une production totale de 500.000 tonnes de coton-graines.

- Les prévisions pour la culture du coton avec changement climatique à 0,5 % d’augmentation annuelle de CO2

Pour la pluviométrie, on devrait paradoxalement assister à une légère augmentation du volume annuel des précipitations par rapport à la situation précédente.
On devrait connaître une réduction sensible d’environ 1,0°C sur la température moyenne. Mais les hautes valeurs extrêmes devraient avoir la même influence négative sur la production cotonnière.
Avec l’amélioration relative des conditions pluviométriques, les superficies annuellement emblavées tendront à l’accroissement à hauteur de 30.000 ha par an par rapport à la situation sans changement climatique. La production totale devrait atteindre 600.000 tonnes. Les rendements devraient connaître une amélioration et atteindre 1.300 kg/ha.
Mais en termes de recettes d’exportation et donc de contribution de la filière aux finances publiques, les perspectives défavorables sur les cours internationaux du coton et l’entrée sur le marché international de nouveaux acteurs tels la Chine, devraient en limiter considérablement l’impact.

Présentation succincte de l’étude d’inventaire des besoins et modalités des transferts de technologies

Pour que les projections à l’horizon 2025 puissent se réaliser, il faut rendre disponibles les technologies appropriées dont les acteurs de la filière ont besoin.
Pour ce faire, la présente étude vise à identifier l’ensemble des technologies qui permettent de s’adapter aux changements climatiques en partant du cas du coton pour s’étendre aux deux autres unités d’exposition prioritaires que sont les bovins et le sorgho.
Cette étude doit donc établir un catalogue des technologies concernées, dresser la liste des structures étatiques ou privées, des projets et ONGs impliqués et analyser les mécanismes idoines de transfert vers les utilisateurs.
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