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Les sciences : dernier pré carré des hommes ?


C’est un fait, en ce début de XXIe siècle, la place des femmes dans les sociétés même occidentales doit être défendue. Outre le plafond de verre des salaires, qui n’a toujours pas explosé, les femmes se trouvent encore sous-représentées dans un grand nombre de professions. Les sciences demeurent un secteur où les hommes sont nettement plus nombreux, tout comme les postes à fortes responsabilités, à commencer par la politique.

Peu de femmes Premier ministre ou CEO

Pour l’heure, très rares sont les femmes à avoir dirigé un pays. Outre une petite poignée de femmes monarques, notamment au Royaume-Uni, seul un petit nombre a occupé la place de chef d’Etat ou de gouvernement. C’est le cas de Margaret Thatcher, qui a gouverné la Grande-Bretagne pendant 11 ans. C’est évidemment le cas d’Angela Merkel, à la tête de l’Allemagne depuis 2005. Et l’on pourrait encore citer Cristina Kirchner, Dilma Roussef et Michelle Bachelet, qui dirigent actuellement trois pays d’Amérique du Sud, respectivement l’Argentine, le Brésil et le Chili. Mais outre ces quelques exemples, dont le nombre va néanmoins croissant depuis quelques années, le bilan reste famélique. La France, pour ne pas la citer, n’a connu qu’une seule femme Premier ministre, pendant un an, de 1991 à 1992 en la personne d’Edith Cresson. Aucune n’a plus occupé ce poste depuis, et aucune n’a jamais dirigé le pays.

En politique comme dans tous les autres domaines où les responsabilités sont importantes, les femmes sont sous-représentées dans l’écrasante majorité des cas. Comme l’a encore rappelé le Huffington Post en novembre dernier, « les femmes ne représentent que 12% des emplois de direction dans le secteur public, 17% des dirigeants d’entreprises et 24% des membres des conseils d’administration du CAC40 ». Discrimination, autocensure ou encore moindre performance lors des processus de sélection figurent parmi les explications avancées par le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques, auteur d’une étude sur les différences entre les hommes et les femmes sur le marché du travail.

Défendre la place des femmes dans les métiers scientifiques

Dès lors, force est de constater que le combat pour la parité est encore loin d’être achevé. Surtout lorsqu’on garde en mémoire que les femmes gagnent en moyenne 25% moins d’argent que les hommes. Même dans des caractéristiques identiques de niveau d’étude ou d’ancienneté, un écart significatif de 7% persiste. A cela s’ajoute que la place des femmes dans certains secteurs comme celui des métiers scientifiques reste encore quasiment à créer. Pour Pascale Vicat-Blanc, chercheuse et dirigeante d’une entreprise de recherche en informatique, « c’est avant tout une question d’éducation même si, de manière générale, l’abstraction n’attire pas tellement les femmes ». Un phénomène regrettable selon elle, car « les femmes ont ce goût de la perfection et de l’efficacité qui fait parfois défaut aux hommes ».

Heureusement, les lignes commencent à bouger. Grâce à l’implication des pouvoirs publics ou à des politiques volontaristes des entreprises ou des secteurs d’activité. C’est le cas notamment du bâtiment ou les femmes sont extrêmement peu nombreuses. De fait, en 2008, en production, seuls 2% des employés étaient des femmes. Un chiffre qui est en augmentation lente, mais continue. La parité peut même faire partie intégrante des politiques de développement de certains groupes comme ERDF par exemple, qui cherche à accroître de manière durable le nombre de femmes techniciennes et qui a mis en place une véritable stratégie d'entreprise pour changer les mentalités. Autre exemple, celui de Renault qui a confié, depuis 2013, la direction de l’ingénierie véhicule à une femme, Odile Panciatini, tordant le cou à l’idée reçue, qui a la vie dure, selon laquelle « la bagnole, c’est une affaire de mecs ».

Les lignes bougent donc. Lentement, mais elles bougent. Le gouvernement de François Hollande a fait de la parité l’un de ses chevaux de bataille, créant même le portefeuille des Droits des femmes, d’abord occupé par Najat Vallaud-Belkacem, puis aujourd’hui par Marisol Touraine. Une impulsion politique nécessaire pour poursuivre l’intégration des femmes dans tous les corps de métier.

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