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"Citoyenneté et autonomisation des femmes : obstacles et défis en Afrique" - appel à communications


La 8e Assemblée Générale de AAWORD/AFARD est prévue à Dakar au Sénégal du 30 novembre au 2 décembre 2015. Elle retient comme thématique de réflexion et de débat : « Citoyenneté et autonomisation des femmes : obstacles et défis en Afrique". Cette édition se prépare dans un environnement politique, économique et social marqué par l’insécurité, l’instabilité, l’aggravation de la pauvreté et la montée en force de l’extrémisme religieux dans de nombreux pays africains ; situation qui menace de plus en plus les droits des femmes et met à rudes épreuves les avancées notables en leur faveur, dans la majorité des pays africains. Elle s’organise également dans un contexte post Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et de leur reformulation en Objectifs de Développement Durable (ODD) qui entendent améliorer le bien être des populations pauvres, marginalisées et vulnérables, dont le nombre, sous le poids de la crise économique, s’accroît de jour en jour et met sur le chemin de l’exil des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, à la recherche de meilleures conditions de vie. En effet, le nouvel ordre économique international et les politiques néolibérales mises en place notamment en Afrique, fragilisent de plus en plus les populations africaines déjà touchées par les crises économiques et politiques et plus particulièrement les femmes. Il condamne les Etats africains à une dépendance économique de plus en plus grande vis à vis de l’aide extérieure au développement. Les indicateurs du développement humain, dans la plupart des pays africains, demeurent en deçà des attentes des populations et montrent d’importantes disparités et de graves déficits en termes de croissance économique, de bonne gouvernance, de démocratie et de respect des droits humains particulièrement à l’égard des femmes. A cela, il faut ajouter que les évènements que connaissent certains pays africains, notamment en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, ne sont que l’expression des déficits, des disparités et des frustrations des populations et qui confortent le repli identitaire et la montée de l’extrémisme religieux, dont la cible principale demeure les droits des femmes.

La revendication principale des organisations de femmes africaines consiste à garantir aux femmes une pleine citoyenneté, aujourd’hui menacée par les différentes crises que connaît le continent et essentiellement l’intolérance religieuse. C’est dans ce contexte que l’action de AAWORD/AFARD trouve non seulement son sens mais sa raison d’être.

En effet, instaurer l’égalité réelle hommes/femmes, dans tous les espaces et par rapport à toutes les générations de droits, demeure le seul garant d’un projet de société moderne, démocratique, juste et développé, où les hommes et les femmes jouissent de la citoyenneté pleine et entière.

Actuellement, il est plus que jamais urgent de comprendre les différentes formes de résistances sociales qui limitent les progrès des femmes vers l’autonomisation mais aussi de relever les défis pour consacrer et garantir la citoyenneté pleine et entière des femmes. Il s’agit également d’analyser tous les mouvements dont les fondements idéologiques entendent remettre en cause les acquis des femmes africaines en instrumentalisant la religion et en exploitant la pauvreté des franges fragilisées pour appuyer leur projet de société, discriminatoire à l’égard des femmes.

Ainsi, les effets combinés de la crise économique, politique et idéologique et du fondamentalisme sur le continent risquent non seulement de ralentir les progrès au profit des femmes mais de remettre en cause les droits acquis notamment dans certains pays où la revendication du respect de l’identité culturelle et le retour à la Chariaa, prônés par l’extrémisme religieux, fait de la question féminine l’enjeu principal. Interroger la citoyenneté des femmes africaines, dans ses multiples dimensions, permettra sans doute de relever les paradoxes entre les rôles clés joués par les femmes dans le développement et leur statut de mineures dans l’espace familial, régi par des codes de la famille, où le référentiel religieux combiné aux pratiques culturelles infériorisent les femmes et ne leur permettent pas l’accès à la pleine citoyenneté, à la richesse à laquelle elles contribuent , à la propriété et à la prise de décision dans les instances électives .

 

Il s’agira pour cette 8e AG de l’AFARD de faire ressortir les pesanteurs et les résistances à l’égalité réelle qui imposent une division sexuelle des tâches et des rôles, un déséquilibre dans l’accès et le contrôle des ressources et limitent la liberté et la créativité des femmes en Afrique.

Si la majorité des pays africains a connu, au cours des deux dernières décennies, un véritable mouvement de réformes de leur arsenal juridique, ces changements, révisions, réactualisations, amendements qui se sont faits dans le besoin de prendre en considération les changements sociaux, les mutations sociétales et les revendications des différents mouvements de droits humains, n’ont pas réussi à instaurer la pleine citoyenneté des femmes en Afrique.

Ces différentes tentatives de réforme de l’arsenal juridique en Afrique entendent, dans l’ensemble, répondre aux exigences démocratiques, à l’impératif de développement et au respect des droits humains fondamentaux, particulièrement au moment où la majorité des pays africains s’engagent sur la voie de la démocratisation de leurs institutions.

Les femmes africaines subissent encore, dans la pratique, d’importantes discriminations par rapport à l’ensemble de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

Dans le même sens et en dépit des efforts consentis, les politiques de développement n’ont pas toujours été sensibles aux besoins des femmes et n’ont pas réduit la pauvreté des femmes de manière conséquente. L’espace politique où se décident les politiques et les orientations stratégiques d’un pays est encore peu ouvert aux femmes, malgré les avancées enregistrées.

Aussi, le débat sur la jouissance et l’exercice des droits fondamentaux des femmes africaines fait ressortir différentes problématiques inhérentes d’une part, à la citoyenneté pleine et entière des femmes et d’autre part, à la situation socio-économique et politique en Afrique, caractérisée par un déficit démocratique, par la montée en force du conservatisme qui conteste de plus en plus l’universalité des droits humains et par une crise économique et sociale aigue, aggravée par les politiques néolibérales dont l’impact sur la situation des femmes et sur leurs droits est important. La crise économique met en lumière aussi une autre crise qui est celle des modèles prônés par les politiques néolibérales et remet en cause les paradigmes qui eurent droit de cité dans nos espaces scientifiques. Il existe aujourd’hui une interpénétration du local au global provocant une prise de conscience sur le caractère planétaire des menaces mais que le retour au conservatisme et au repli identitaire pourrait être une réponse à cette situation.

Dans cet environnement, la question féminine demeure le point de focalisation de toutes les crises et nous incite à comprendre pourquoi l’accès des femmes à la pleine citoyenneté interpelle toutes les composantes de la société africaine : décideurs politiques, acteurs économiques, militants et militantes des organisations féminines et de droits humains et les chercheurs–es et interroge l’ensemble de leurs droits fondamentaux dans les espaces public et privé.

 

Pour comprendre ces différents défis et les menaces qui pèsent sur la citoyenneté des femmes africaines, les thèmes ci-après guideront la rencontre scientifique de la 8e Assemblée Générale de AAWORD/AFARD.

-  Mondialisation et diversité culturelle : quel enjeu pour la promotion d’un nouvel universalisme ?

-  Universalisme et relativisme culturel : comment garantir un dialogue interculturel qui pourrait constituer un enrichissement des identités en Afrique ?

-  Entre la dialectique du local et les impératifs du global comment garantir l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes dans les Objectifs de Développement Durable en Afrique ?

-   Comment évolue l’exercice de la citoyenneté des femmes en Afrique à travers leurs droits civils, familiaux, économiques, politiques, culturels et environnementaux ? 

-  Quel rôle jouent les pouvoirs publics dans la construction de la citoyenneté des Femmes en Afrique ?

-  Quel rôle devra jouer le référentiel religieux pour consacrer la citoyenneté des femmes ?

-  Quelles luttes mènent les féministes africaines pour combattre la montée du conservatisme et de l’extrémisme religieux ?

 

La 8e Assemblée Générale de AAWORD/AFARD entend constituer un moment fort de revue des questions de justice économique et sociale autant dans la gouvernance économique et politique mondiale et nationale que dans les questions aussi complexes que sont les mutations sociétales inhérentes aux nouveaux rôles des femmes dans la cité, induits par les changements politiques, économiques, sociaux, climatiques, par la mobilité des femmes et qui traduisent la permanence des violences de genre dans toutes leurs expressions et formes. Cette rencontre scientifique se fixe par conséquent un objectif principal : la connaissance. Elle devrait fédérer les énergies dans une dynamique endogène de réflexion sur ces différentes questions au plan micro et/ou local, articulées à des analyses objectives en lien avec les problématiques qui impliquent les femmes au niveau global et dans le système actuel.

Elle s’adresse aux chercheurs-es, aux militant-es des droits humains, aux décideurs politiques et à tous ceux et à toutes celles qui font de la question féminine une préoccupation majeure. AAWORD/AFARD invite les chercheurs-es à envoyer des propositions de panel sur les sujets identifiés.

Les résumés des communications, les propositions de panels, le CV et les coordonnées complètes des auteurs choisis doivent être envoyés par email à AAWORD/AFARD à l’adresse suivante : aaword@afard.org, aaword@orange.sn

 

Chronogramme du colloque :

-          Appel à communication : 15 Juillet 2015

-          Réception des résumés des propositions de communication (2 pages), accompagnés des CV: 30 Août 2015

-          Sélection des communications par le comité scientifique et information des chercheurs- es retenus-es: 10 Septembre 2015

-          Réception des textes des communications : 10 Octobre 2015

-          Etablissement du programme définitif : 15 Octobre 2015.

-          Diffusion du programme : 30 Octobre 2015

Langues d’intervention : Français - Anglais

[POST2015G] 

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