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Prédominance du nucléaire : non, la France n'a pas à rougir, bien au contraire


La COP21 de Paris aura finalement débouché le 12 décembre dernier sur un accord global et ambitieux pour lutter contre le changement climatique, chose à laquelle personne ne croyait il y a encore quelques années. Parmi tous les sujets abordés, l’un s’est fait particulièrement discret : celui du nucléaire. Un paradoxe, alors que l’électricité française est à 77 % nucléaire, ce qui offre à l’Hexagone un excellent bilan carbone – un réacteur en fonctionnement n’émet aucun rejet de CO2. La France n’a pas à rougir de son mix énergétique, il serait temps qu’elle le sache.

La France a depuis de nombreuses années fait le choix de l'énergie nucléaire afin de garantir une production électrique décarbonée et durable, se faisant l'instigatrice d'un savoir-faire et d'une filière industrielle forte. Un choix qui s'avère aujourd'hui des plus judicieux au regard des nouvelles exigences climatiques et de l'évolution de la demande énergétique à venir. L’analyse du cycle de vie d’une centrale – construction et démantèlement des réacteurs compris – montre que la filière nucléaire n’émet en effet que 35g d’équivalent CO2 /kWh en moyenne. C’est sensiblement plus que la filière éolienne (20g) mais beaucoup moins que les centrales à pétrole (400 à 500g de CO2 /kWh) et que les centrales à charbon (1 200g de CO2 /kWh).

La lutte contre le réchauffement climatique impose à la communauté internationale de réduire de manière drastique la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique mondial au profit des énergies décarbonées, tout en garantissant l'approvisionnement des besoins énergétiques. Ces besoins, en constante augmentation du fait de la croissance démographique et d'un taux d'équipement en hausse, restent satisfaits à ce jour en grande partie par une forte consommation de charbon, représentant encore plus de 40% de l'électricité produite à l'échelle mondiale. Les énergies renouvelables et nucléaire ne pèsent quant à elles respectivement que 20% et 11% de la production d'électricité de la planète.

Or, selon les simulations du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), il faudrait que les énergies décarbonées représentent près de 80 % de l'électricité mondiale en 2050 pour limiter le réchauffement à deux degrés. Un objectif qui nécessitera bien sûr un développement significatif des énergies renouvelables, mais pas seulement. Ces énergies, pour la plupart intermittentes (solaire et éolienne), sont encore incapables d'assurer à elles seules une production prévisible nécessaire à la substitution des combustibles fossiles, et ne pourront se développer suffisamment sans l'appui d'une énergie nucléaire de complément à la fois stable et bon marché. C’est un fait, et il apparaît difficilement réfutable.

L’exemple de l'Allemagne est à ce titre caractéristique des effets d'un abandon trop rapide de l'énergie nucléaire et du rôle prépondérant de l'atome dans la réduction des gaz à effet de serre à l'échelle d'un pays. Souhaitant se désengager de l'énergie nucléaire à la suite de l'accident de Fukushima en 2011 et atteindre une part d'énergies renouvelables dans son mix énergétique de plus de 80% d'ici à 2022, l'Allemagne est à l'inverse redevenue en l'espace de quelques années un des plus gros consommateurs de charbon et du même coup, un des plus gros pollueurs d'Europe.

Une situation paradoxale qui montre bien l'incapacité actuelle des énergies renouvelables à prendre le relais des combustibles fossiles, et qui n'aura pas échappé à de nombreux pays émergents, soucieux désormais de développer l'énergie nucléaire comme composante déterminante de leur mix électrique futur.

A l'exception de nos voisins d'outre-Rhin, l'énergie nucléaire connaît en effet un regain d'intérêt dans de nombreux pays en développement compte tenu des objectifs de réduction d'émissions de CO2 fixés pour les années à venir.

La Chine, confrontée à d'importants problèmes de pollution de l'air, mais également l'Algérie, la Hongrie, le Vietnam, l'Afrique du Sud, l'Inde ou encore le Bangladesh, pour n'en citer que quelques uns, voient désormais dans le développement du nucléaire civil un moyen efficace de combler leur déficit énergétique et de se défaire de leur dépendance aux énergies fossiles, dans le respect des objectifs climatiques. Si l'idée, à terme, est bel et bien de se contenter des EnR, tant que cela ne sera pas possible pour des raisons économiques, la sagesse commande de faire appel à l’énergie de substitution la plus propre. Il est incontestable qu’il s’agit du nucléaire.

 

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