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Des récifs coralliens plus proches de nous qu'on ne le croyait


Des récifs coralliens plus proches de nous qu’on ne le croyait : c’est ce que nous apprend l’étude internationale menée par Eva Maire, doctorante à l’Université de Montpellier. Une information capitale si l’on veut mieux protéger et gérer ces irremplaçables berceaux de la biodiversité marine.

A quelle distance les récifs coralliens se situent-ils des sociétés humaines ? Une information cruciale si l’on veut protéger efficacement ces havres de vie marine, notoirement menacés par nos activités. C’est l’objet de l’étude internationale menée par des chercheurs de l’Université de Montpellier, de l’IRD et de l’Université de Nouvelle-Calédonie publiée le 15 février dans la revue Ecology Letters .

Première carte mondiale d’accessibilité des récifs coralliens

A travers une nouvelle méthode permettant d’estimer le temps de trajet entre récifs et implantations humaines (village, marché, capitale), cette étude propose ainsi la première carte mondiale d’accessibilité des récifs coralliens . Le temps de déplacement a été pris en compte en intégrant les déplacements sur terre et sur mer depuis les zones d’habitation humaines. La méthode elle-même est une première, puisque la distance entre les récifs et leurs plus proches voisins humains était jusque-là envisagée à vol d’oiseau donc de façon linéaire. Cette dernière correspondait peu à la réalité étant données la sinuosité du littoral et des routes mais aussi l’hétérogénéité spatiale des récifs.

Très proches des activités humaines…

Première information, et c’est une surprise : ces récifs sont plus proches des activités humaines qu’on ne le pensait. Plus de la moitié des récifs coralliens du globe sont en effet situés à moins de 30 minutes de l’homme . Cette forte coexistence s’explique facilement : les communautés humaines ont toujours eu tendance à coloniser ces sites riches en ressources. Les sites éloignés à plus de 10 heures de trajet restent très rares. Ils abritent pourtant les plus fortes biomasses de poissons. C’est l’autre enseignement majeur de l’étude : 10 heures de trajet constituent un seuil clé pour définir les derniers refuges de la faune marine exploitée . Ces zones refuges se rencontrent principalement au milieu de l’Océan Indien et dans le Pacifique, notamment au large de la Nouvelle-Calédonie.

C’est d’ailleurs cette limite de 10 heures de temps de trajet depuis Nouméa qui sépare les récifs coralliens exploités de Nouvelle-Calédonie des récifs qualifiés de "difficilement accessibles", qui présentent, eux, des niveaux de biomasse très élevés, supérieurs à 500 Kg/ha.

Aires marines protégées

Le temps de trajet offre donc une nouvelle mesure de l’accessibilité des ressources et de la biodiversité marine . Il révèle notamment le caractère exceptionnel des récifs isolés (tels que ceux du parc naturel "Mer de Corail" en Nouvelle-Calédonie) mais aussi que les aires marines protégées ont tendance à être moins présentes sur les zones les plus accessibles - les plus exploitées donc -, où elles pourraient susciter des conflits d’usages.

Communiqué de l'IRD
Lire l'article de Ecology Letters (an)

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