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Burkina Faso : un élève se donne la mort parce que son père n'a pu payer la cotisation de l'Association des Parents d'Elèves (APE) de 2 750 FCFA


Le lundi 18 avril 2016, Barro Soumaïla meurt à l’hôpital Souro Sanou, alors que les siens venaient à peine de l’y transporter d’urgence. Le petit Soumaïla, au dire de ses géniteurs est mort d’une intoxication volontaire.  La veille de sa mort, soit le dimanche 17 avril 2016, Soumaïla était allé au verger de son papa, où celui-ci devait vendre des mangues. Autour de 16 heures, le véhicule des acheteurs arrive sur les lieux et continue ailleurs. Le Papa qui avait promis de verser la cotisation de 2 750 FCFA de Soumaïla à l’école une fois les mangues vendues est découragé de même que son enfant. Malgré tout, le papa ne désespère pas. Il laisse son enfant rentrer avec l’espoir que les acheteurs de retour vont s’arrêter et acheter ses mangues. Un espoir qui n’a pas été vain. L’enfant une fois à la maison, rend compte à sa maman de ce que les acheteurs ne s’étaient pas arrêtés dans leur verger. Au cours donc des échanges, la maman lui intime l’ordre d’aller à l’école le lundi 18 avril 2016, le temps que son papa gagne la cotisation APE.

En attendant de revenir sur les faits, retenez que l’élève avait fait deux jours à la maison sans aller à l’école.  Ignorance ou dignité oblige ? L’enfant de 11 ans ne voulait pas retourner en classe sans l’argent sur lui selon sa maman. Ainsi, suite à leur échange, il trompe la vigilance de sa mère pour boire un produit toxique. Sous l’effet du produit, il reste étalé et faisait des crachats blancs. Entre temps, sa maman qui voulait boire, sens l’odeur du produit sur le gobelet. Elle interroge ceux qui étaient présents. On lui fait savoir que c’est Soumaïla qui tenait le gobelet. Interrogé, le garçon fait savoir qu’il a ouvert le bidon contenant l’insecticide. « L’odeur du produit est peut-être restée sur mes mains », a-t-il justifié. Pendant que sa sœur l’interrogeait s’il avait bu le produit, Soumaïla niait tout. « J’ai moi-même intervenu pour dire qu’il n’osait pas le faire », confie la maman. Quelques minutes après, alors que la maman était sortie pour des courses personnelles, la même sœur de Soumaïla rejoint la maman pour lui annoncer le décès de Soumaïla. Retournée à la maison toute affolée, madame Barro trouve son enfant dans un état méconnaissable. Transporté au CSPS du village, les soins n’ont pu le sauver. Référé au CMA de Dandé ensuite à Souro Sanou de Bobo-Dioulasso, Soumaïla est mort malgré la tentative de le sauver.

Les faits

 Le village de Mangorotou, situé à environ 70 kilomètres de Bobo-Dioulasso, relève de la commune rurale de Koundougou, province du Houet. Ce village qui a vu naître Barro Soumaïla en 2005 du couple Barro Karim et Salamata, déplore le départ prématuré du petit Barro. Elève à l’école primaire publique de Mangorotou, Soumaïla avait été classé 19èmeet 7ème  sur les 46 élèves de sa classe,  respectivement au 1eret 2ème trimestre. A la reprise des classes pour le dernier et troisième trimestre, les parents d’élèves tiennent une assemblée générale (AG) pour échanger sur la vie de l’école. La cotisation de 2 750 FCFA par élève était à l’ordre du jour. Au sortir de ladite AG tenue le jeudi 7 avril 2016, 156 élèves n’étaient pas à jour de cette cotisation. Soumaïla en faisait partie. A l’AG du jeudi 7 avril, les parents décident de mener un contrôle, afin que ceux qui ne sont pas à jour de leur cotisation, s’exécutent. Le lundi 11 avril 2016, Issiaka Kouanda, président du bureau de l’Association des parents d’élèves (APE), le trésorier et le secrétaire général, tous du bureau APE, mettent en exécution la décision prise à l’AG du jeudi 7 avril. C’est-à-dire faire des contrôles pour rappeler aux élèves non à jour de s’exécuter. «Le lundi, quand nous sommes arrivés à l’école, mon trésorier, mon SG et moi, nous avons fait sortir tous ceux qui n’étaient pas à jour de leur cotisation, afin qu’ils partent voir leurs parents pour la cause.

 Aux élèves concernés j’ai dit, ne restés pas à la maison. Que vous ayez l’argent ou pas, revenez à l’école. Certains sont revenus avec leur parent s’exécuter, d’autres parents sont venus prendre des engagements et des élèves sont revenus sans leurs parents, parce que disent-ils, ils ne les ont pas trouvés à domicile.  L’élève dont nous déplorons la mort, faisait partie de ce dernier cas.  Avec ou sans argent, nous avons laissé tout le monde réintégré les salles de classe. Le mardi 12 du mois, nous avons reconduit la même opération. Et notre attitude était la même, à savoir laisser les enfants réintégrer les classes même sans avoir rien payé. Et le petit Soumaïla avait réintégré sa classe. Le mercredi 13, nous ne sommes plus revenus », a expliqué le président APE. Le mercredi 13 avril 2016, Barro Soumaïla selon Stéphane Coulibaly, directeur de l’école de Mangorotou, était en classe. Malheureusement, les jeudi 14 et vendredi 15, l’élève était absent de l’école. Compte tenu du nouveau programme au primaire, le samedi 16 avril 2016 n’était pas jour de classe. Et c’est le dimanche 17 du mois qu’il a malheureusement bu le produit toxique qui lui a coûté sa vie. (...)

Source: l'express du faso

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