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Relevés sismiques de TransCanada à Saint-Augustin-de-Desmaures : les groupes exigent une surveillance de tous les instants


Des groupes environnementaux et citoyens s’inquiètent des travaux de relevés sismiques qui débuteront incessamment dans le Saint-Laurent à la hauteur de Saint-Augustin-de-Desmaures par la compagnie TransCanada dans le cadre du projet d’oléoduc Énergie Est. Si le passé est garant de l’avenir, les groupes doutent de la capacité de la compagnie à respecter les mesures imposées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). C’est pourquoi ils interpellent ce dernier et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs afin qu’ils assurent une surveillance stricte des travaux en cours, tout en rappelant que TransCanada a commis de nombreuses infractions dans la passé. Ils appellent également la population de la région à faire preuve de vigilance et à rapporter toute anomalie (bruit excessif, mortalité de poissons, dérangement d’oiseaux, empiètement en rives ou sur le territoire de la Réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures)  qui pourrait indiquer que TransCanada ne respecte pas les conditions imposées par le gouvernement et-ou qu’il y a des impacts sur l’environnement et la  faune. 

Les groupes rappellent que TransCanada a reçu un avis de non-conformité et a été mis à l’amende par le MDDELCC pour avoir réalisé des relevés sismiques à Cacouna en avril 2014, en plein coeur de l’habitat critique des bélugas, sans autorisation du MDDELCC. TransCanada a également reçu un autre avis de non-conformité de la part du MDDELCC pour ses travaux effectués à Cacouna en septembre 2014. Cette fois la pétrolière n’avait pas respecté l’obligation de limiter le nombre d’aller-retour en bateau de manière à minimiser le dérangement dans l’habitat critique des bélugas. De surcroît, TransCanada avait largement dépassé les normes de bruit pour les forages qu’elle a menés en plein coeur de la pouponnière des bélugas.

Les groupes demandent également à ce que les 2 ministères directement concernés s’engagent à être présents sur les lieux des travaux et à s’assurer du respect des exigences du certificat d’autorisation. Selon Patrick Bonin de Greenpeace, “on ne peut faire confiance à TransCanada et le gouvernement devra être dans les bottes de la pétrolière pour s’assurer que, cette fois, elle respecte les conditions imposées pour ses travaux qui incluent des tests sismiques. On ne peut laisser TransCanada effectuer ses travaux sans surveillance accrue sachant que, dans le passé, elle a enfreint à plus d’une occasion les conditions imposées pour ses travaux, et ce, malgré le fait qu’ils avaient lieu en pleine pouponnière des bélugas”.

“En tant que propriétaires et fiduciaire de la Réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures, une aire protégée reconnue, nous sommes directement concernés par le projet de TransCanada qui veut faire passer un pipeline sous la réserve et le Saint-Laurent qui la borde, a déclaré pour sa part Mme Chantal Dubreuil, présidente de la Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel. Nous sommes particulièrement inquiets des impacts durant les travaux préparatoires et de construction et des risques de déversements pétroliers si le projet voyait le jour. Nous sommes responsables d’un site unique et fragile et nous entendons exercer notre pleine responsabilité à son égard. À la mesure de nos moyens, nous exercerons une surveillance des travaux de TransCanada qui commencent à environ 20 mètres de notre propriété à marée basse”. Rappelons que l’estuaire d’eau douce, protégée en partie par la Réserve, constitue un écosystème unique sur le plan de la diversité biologique et se démarque par la présence de plusieurs plantes qui ne se trouvent nulle part ailleurs au monde. Cet écosystème constitue également l’habitat de nombreuses espèces d’oiseaux, de poissons et d’invertébrés.

“La compagnie TransCanada a montré à plusieurs reprises par le passé son incapacité à respecter la Loi sur la qualité de l’environnement: travaux sans autorisation, refus de reconnaître l’autorité du Québec en matière d’examen public etc.” a réagi pour sa part Christian Simard de Nature Québec. “Nous ne pouvons lui faire confiance. Et le ministère lui-même a eu de la difficulté à faire respecter sa propre loi.  Nous demandons donc une surveillance soutenue pendant toutes les heures d’opération, directement sur le bateau, via des experts provenant non seulement du ministère de l’Environnement mais également du ministère responsable de la Faune et des Parcs, plus à même de surveiller les impacts des travaux sismiques sur la faune et les systèmes aquatiques”, ajoute-t-il. Actuellement le certificat d’autorisation ne prévoit qu’un seul “surveillant en environnement” à l’emploi de TransCanada sur le chantier.

La compagnie doit, entre autres conditions, réaliser les travaux entre 7h et 19h et aviser les résidents vivant à moins de 500 mètres de la zone. La puissance des canons à air utilisés ne doit pas pas occasionner une surpression supérieure à 100 kpa à cinq mètres du canon.  La compagnie doit effaroucher ou déplacer les poissons au besoin à l’aide de “détonations dissuasives” ou de “pêches à la seine”. Le but des relevés sismiques en milieu aquatique est de connaître la nature des fonds marins et de la roche qui la compose.

Les groupes appellent les citoyens de la région de Saint-Augustin mais aussi de la rive sud à être vigilants et à signaler tout élément qui leur paraîtrait anormal. “ Si des gens observent un quelconque impact sur la faune ou l’environnement durant la période de travaux, comme par exemple, écoulement d'hydrocarbures en provenance des embarcations, des poissons flottants à la surface ou tout autre impact visible ou audible, nous les invitons à nous contacter et nous en assurerons le suivi”  indique enfin Anne-Céline Guyon, coordonnatrice du groupe citoyen Stop oléoduc Portneuf Saint-Augustin. 

Source : Greenpeace Canada

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