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Aider les agriculteurs africains à faire face au changement climatique


Pour réduire sa vulnérabilité en général et celle de son secteur agricole en particulier aux changements climatiques, l’Afrique a désormais pour elle l’Adaptation de l’agriculture africaine (AAA), lancée en avril 2016 à l’initiative du Maroc, qui mobilise des fonds afin d’aider les agriculteurs à faire face au changement climatique. Dans son sillage, l’Initiative africaine d’adaptation a été mise en scelle.

Sept Africains sur dix dépendent pour leur survie de l’agriculture, qui s’avère le secteur économique le plus vulnérable et le plus exposé aux impacts du climat, ainsi qu’il est rappelé dans cette publication de la BAD. En Afrique, plus de 90 % de l’agriculture dépend des précipitations.

L’initiative africaine d’adaptation IAA, petite sœur de l’AAA

Née lors du 25e sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, en juin 2015, l’IAA a été officiellement lancée sur le Pavillon Afrique de la COP22 à Marrakech, mardi 15 novembre 2016, soit six mois après la mise en route du « Triple A », comme est surnommée l’initiative marocaine d’Adaptation de l’agriculture africaine.

L’IAA est une initiative conjointe de la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement (CMAE, dite aussi AMCEN par acronyme anglais) et du Groupe africain des négociateurs. Sa mission se résume en quatre piliers : l’amélioration des infrastructures climatiques et d’observation, ainsi que des systèmes d’alerte précoce ; le soutien au développement et à la mise en œuvre de politiques nationales et régionales ; la facilitation de la mise en œuvre des projets spécifiques sur le terrain afin d’améliorer les mesures d’adaptation ; le renforcement de la capacité des pays africains à accéder à des ressources financières et mobiliser des ressources supplémentaires à travers le plaidoyer.

Autrement dit, l’IAA entend aider à mettre en place les mécanismes pour soutenir et accélérer la mise en œuvre des programmes phares de lutte contre le changement climatique ciblant la préservation du capital naturel et la biodiversité, afin de garantir la sécurité alimentaire et mobiliser les financements nécessaires pour renforcer la capacité d’adaptation du continent.

De con côté, l’initiative « Triple A » se charge de mobiliser des fonds pour financer les projets agricoles et renforcer les capacités des agriculteurs, ainsi que développer l’assurance sécheresse pour pouvoir garantir la pérennité des revenus des exploitants.

« Nous sommes venus ici pour dire que nous pouvons coordonner la recherche de financement pour les projets, a plaidé Khultoum Omari-Motsumi, responsable de l’IAA. Nous sommes ici pour demander un soutien. Que chacun fasse un effort ». Et celle-ci d’annoncer que l’Initiative a convoqué une table ronde des donateurs avant le prochain sommet des chefs d’Etats de l’Union africaine, prévu en janvier 2017. « Aujourd’hui, il est important que les plus petites communautés en Afrique puissent avoir accès au financement », a-t-elle soutenu.

Besoin de financements conséquents

Cependant, a indiqué pour sa part Mohamed Badraoui, président du Comité scientifique de l’initiative AAA, « [il] faut éviter toute concurrence ». Et d’alerter sur le besoin urgent de financements plus conséquents : « L'Afrique a besoin de plus que les 140 milliards de dollars annoncés. On a besoin de quatre à cinq fois plus ! Nous devons travailler ensemble, renforcer les capacités ensemble au profit des agriculteurs ».

Mohamed Badraoui a rappelé que l’Afrique est une victime “collatérale” du changement climatique ; en tant que telle, elle doit être aidée à s’adapter au changement climatique. « Les agriculteurs africains doivent travailler ensemble pour trouver des solutions, a-t-il lancé. Nous avons besoin de beaucoup de soutien, de capacités humaines. Nous avons aussi un manque de technologies en Afrique, il faut un transfert de technologies ».

Fort de son expérience, Mohamed Badraoui a décliné quatre axes prioritaires : la gestion des sols dégradés et peu fertiles sur le continent ; la recherche en agroforesterie afin de réduire l’érosion des sols ; l’agro-écologie, pour promouvoir les bonnes pratiques agricoles et la gestion de l’eau, trop rare dans de nombreux pays du continent.

Quatre objectifs auxquels font écho les défis qu’entend relever l’Initiative africaine d’adaptation, l’IAA : améliorer les services d'information sur le climat ; renforcer les politiques et les institutions relatives à la lutte contre le changement climatique ; appuyer la mise en œuvre de l'adaptation concrètement sur le terrain ; et accroître les flux de financement et d'investissement pour appuyer la mise en œuvre des programmes et projets concrets d’adaptation.

Selon la BAD et « si l’on s’en tient à un chiffre moyen, 11 milliards de dollars seront nécessaires d’ici à 2020 », est-il indiqué dans une brochure intitulée L’Afrique et le climat : une opportunité pour s’adapter et prospérer. La même publication précise, que « jusqu’à présent, le financement de l’adaptation pour l’Afrique, tant bilatéral que multilatéral, se monte à 516 millions de dollars par an en moyenne, en provenance de fonds mondiaux pour le climat. »

Communiqué de la BAD

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