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Education pour tous et mendicité des enfants "talibés", l'État doit agir.


Un mendiant est une personne qui vit matériellement d’aumônes, ou de l’argent ou de la nourriture donnée par charité. Le mendiant est habituellement sans domicile fixe et se déplace dans la campagne ou dans une ville qui est devenue son territoire. De nos jours, et au Burkina Faso, les enfants mendient, seuls ou en compagnie d’adultes. Un phénomène très préoccupant auquel les autorités devraient accorder une importance capitale comme au Sénégal où de nombreuses initiatives ont été prises pour y faire face.

Les talibés sont des enfants qui sont envoyés au marabout par leurs parents pour qu’il leur enseigne le Coran. Souvent, au Burkina, les enfants que l’on voit mendier dans les rues sont venus des provinces éloignées, ou des régions pauvres où leurs parents ne peuvent les assumer.

Parmi les grands sujets de préoccupations dans certaines capitales africaines, figure en bonne place la mendicité. Un phénomène très complexe dont la solution demande l’implication des plus hautes autorités. En plus d'être un problème de sécurité, elle pose également l'épineuse question de l'éducation primaire universelle pour tous, objectif que le Burkina entend atteindre d'ici à 2020. comment être à ce rendez-vous de l'éducation pour tous si cette question cornélienne n'est pas résolue ?

Il est aujourd’hui très difficile de faire un consensus autour de la question. Selon certains imams ou maîtres coraniques, l’islam reconnaît la mendicité comme un passage qui apprend aux enfants sous l’égide d’un maître spirituel les principes de la religion à travers la mémorisation du saint Coran et les différentes faits et gestes du prophète.

Une hypothèse qui n’est pas partagée par tous. Certains estiment en effet que la mendicité des tout-petits est une exploitation pure et simple des enfants, car pour satisfaire le maître (qui a lui aussi une famille à nourrir), les enfants sont envoyés à travers la ville pour quémander. Les enfants talibés se retrouvent à mendier en ville, dans les endroits les plus peuplés, dans les environs des touristes pour grappiller des pièces, du sucre, du riz ou manger sur place.

Ces dernières années, le phénomène dépasse tout entendement, il est difficile de circuler dans les grandes artères de certaines capitales africaines comme Niamey, Abidjan, Bamako, Ouagadougou ou Dakar sans rencontrer ces enfants malheureux, une boîte à la main.

Si certains gouvernements ont pu prendre des mesures visant à interdire le phénomène, comme c’est le cas du Sénégal la semaine dernière, le gouvernement burkinabè regarde le phénomène impuissant ou tout au moins les décisions sont encore au stade de projets.

Par ces temps qui courent, les autorités sénégalaises ont fait de cette lutte contre la mendicité des enfants l’une de leurs priorités. Et pour parvenir à leurs fins, elles ont décidé de ne pas y aller de main morte. C’est ainsi que depuis la fin de la semaine écoulée, des opérations quelque peu musclées ont été engagées dans les rues de Dakar, pour essayer d’endiguer le phénomène. Les premiers chiffres font état d’une centaine d’enfants retirés de la rue par les agents de la brigade des mœurs et remis à leurs parents, tuteurs ou maîtres coraniques, après avoir transité par un centre d’accueil où ils ont été identifiés, enregistrés et sensibilisés.

Au Pays des Hommes intègres, les autorités devraient faire pareil, d’autant plus que des études ont montré que ces enfants abandonnés dans les rues constituent un problème sécuritaire, car la majeure partie d’entre eux tombe dans le banditisme. Ce qui fait du phénomène une préoccupation nationale dont la solution réside dans son abandon pur et simple.

Aujourd’hui, le Burkina a intérêt à se débarrasser de ce phénomène après avoir sensibiliser les différents acteurs et la mise en place d’un mécanisme  l’accompagnement des enfants talibés par le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale.

De plus en plus, la mendicité est organisée en réseaux. C’est pourquoi il faut le démantèlement de ces réseaux de mendicité par l’application rigoureuse de la loi, ce que le code pénal a prévu comme sanctions. En tout cas, des efforts en matière juridique doivent être faits. Par exemple, durcir la loi relative à l’exploitation des enfants.

Une autre proposition serait de créer une synergie d’actions par la coordination des efforts des associations sociales avec l’appareil judiciaire et les services de sécurité, clarifier le rôle de la Police judiciaire en matière de répression de la mendicité. L’approche sociale est également importante et passe par la prise en charge institutionnelle et l’insertion socioéconomique de ces enfants exploités.

Mais le fait d’appeler «écoles» ces lieux d’exploitation et «maîtres» les individus qui les gèrent encouragent certains marabouts à persévérer dans l’exploitation de ces enfants tout en justifiant leurs actes.

En attendant que le Burkina emprunte le chemin du Sénégal, un autre phénomène de jumeaux cohabite avec les enfants talibés et complique davantage la situation. La balle est dans le camp du gouvernement qui doit trouver et vite une solution.

Théophile MONE

 

 

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