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Bulletin bimestriel - Patrimoine et développement durable : préserver nos richesses naturelles


Une problématique d’une importance primordiale

Le patrimoine mondial a été relativement absent des débats sur le développement durable. Au-delà de la définition historique portant sur les sites, les monuments et les biens culturels, il demeure essentiel de considérer nos richesses naturelles comme l’eau, l’air et la forêt comme un capital commun ayant une valeur inestimable pour le développement social et économique tout en contribuant à la durabilité de l’environnement et des écosystèmes. A cet égard, plusieurs enjeux préoccupants touchant ces questions au Québec et au Canada font l’objet de débats, de revendications et d’interventions citoyennes afin de préserver ces richesses collectives.

 

Le véritable enjeu : la responsabilité sociale des gouvernements et des entreprises

Dans le cadre d’un développement économique croissant et continu, l’accaparement et la pollution, et parfois la privatisation, de territoires naturels et forestiers de même que de sources d’eau représentent des dangers immédiats et une absence de vision d’avenir pour les populations.

Ainsi donc, on peut identifier au Québec et au Canada une résistance face à des projets d’entreprises ou de décisions gouvernementales qui mettent en cause le bien commun de nos richesses naturelles, à savoir, entre autres, les Grands Lacs canadiens, la grande île Anticosti au Québec et l’envahissement de territoires des peuples autochtones. La volonté sans réserve d’entreprises qui visent à tout prix à réaliser leurs projets (oléoducs, exploitation de forêts, sources d’eau) de même que le laxisme et les hésitations des gouvernements (moyens financiers, législations) témoignent de l’importance d’informer et de mobiliser les citoyens.

Des richesses à préserver et partager  

Les Grands Lacs canadiens (5) constituent un vaste espace partagé et renferment 18% des réserves d’eau douce dans le monde. Plus de 10 millions de citoyens canadiens et américains s’y approvisionnent en eau. Formés il y a plus de 20 000 ans, on y retrouve plus de 3500 espèces de plantes et d’animaux. Un trésor patrimonial. Cependant, la surutilisation des eaux en termes de navigation dense et la forte présence industrielle (rejets de produits toxiques) continuent de réduire la qualité de l’eau des lacs de même que leur quantité (pompage). La protection et la restauration des lacs commandent que les gouvernements et les municipalités concernés se dotent d’une politique intégrée et bien financée misant les différents usages.

Les accords précédents canado-américains n’ont pas été à la hauteur de ce défi. Comme le dit fort bien le Conseil des Canadiens, organisme expert en la matière, le peu de progrès réalisés résultent de visions contradictoires : héritage commun ou occasions d’affaires industrielles ou commerciales. Il s’impose de réagir rapidement surtout quand la présidence américaine de Donald Trump annonce qu’il va réduire de 300M$ à 30$ sa contribution à la protection et à la restauration des Grands Lacs.

D’autre part, le sort de la grande île Anticosti au Québec, la plus grande île au Québec comparable à la Corse, est liée depuis quelques années à un projet d’exploitation d’hydrocarbures mis de l’avant, en 2014, par le gouvernement québécois d’alors. Une décision devant être considérée comme renversante. Réserve de chasse et de pêche, ce territoire, peu habité, est couvert de vastes forêts et demeure un écosystème de grande valeur. Plusieurs sommités du monde scientifique considèrent qu’elle remplit toutes les conditions pour se qualifier au patrimoine mondial de l’UNESCO. D’ailleurs, le gouvernement du Québec, soumis à de fortes pressions, a finalement appuyé cette demande qui devrait logiquement conduire à la cessation de tout projet mettant en cause la vocation touristique et scientifique de l’île.

Finalement, les Premières Nations du Canada, dans la foulée des peuples autochtones américains, se mobilisent afin de protéger leurs territoires contre l’envahissement de leurs terres par des projets de développement minier et d’hydrocarbures. La nation Innue au Québec réclame d’être consultée et s’oppose à des projets comme le Plan Nord minier et revendique la protection permanente de la réserve aquatique de la rivière Moisie. Il en va de leur mode de vie et de l’intégrité de leur territoire. D’autre part, la communauté de Kanesatake, près de Montréal, dénonce de façon active le projet de l’oléoduc Énergie Est au Québec qui représente un énorme risque pour le climat et l’eau. A cet égard, un mouvement pancanadien des peuples autochtones prend forme.

Source : GaïaPresse 

 

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