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Pour la sexualité mais contre le tout-sexe


Par Agnès Béatrice Bikoko

La sexualité n’est pas le sexe. Qui ne le sait pas ignore ce qu’est la sexualité responsable, et répand cette ignorance…

Nul n’a besoin d’une grande perspicacité pour voir que notre environnement socioculturel est une invite au sexe. Le son, l’image, la phrase, le port vestimentaire sont, partout et tous les jours, un appel au sexe ! La floraison des débits de boissons, des hôtels et auberges dans nos villes n’offre-t-elle pas des tonnes d’occasions et des milliers de lieux pouvant inciter à l’acte sexuel et l’abriter, à l’occasion d’une bière ou deux, le temps d’une heure d’étreinte froide ? Hommes dans la rue, le regard d’une concupiscence agressive déshabillant les femmes à moitié nues, le ventre dehors dans la rue : Ce sont les camerounais !

Au centre de cette foire du sexe qu’est devenue notre société se trouve la femme. Non plus la femme victime mais la camerounaise désormais provocatrice, elle qui ne renvoie à l’homme que l’image de son corps, disponible, corps de femme offert, mais où donc est passé l’esprit de la femme ? Que les hommes ne comprennent-ils pas que cette femme est autre chose que ce corps, qu’il y a une âme en elle, que cette âme est la dimension la plus riche de sa concitoyenne. Mais l’homme peut-il voir ce que la femme ne lui montre pas et qu’elle s’emploie à tuer en elle ?

Réduire la sexualité à l’acte sexuel, c’est la réduire au simple niveau physique et sensuel appauvrissant. C’est réduire l’humain au biologique, à l’instinct, à des sécrétions. Or, la sexualité englobe la totalité de notre être : esprit, cœur et corps. L’homme n’est pas que corps comme un animal. Ainsi à travers l’union physique, la personne est-elle impliquée dans tout son être. La sexualité permet d’aller vers les autres, ce qui répond à un désir profond et non à un instinct. Votre sexualité a donc des conséquences sur nous et sur les autres. D’où la nécessité de poser cet acte en toute responsabilité.

L’acte sexuel est l’acte de don par excellence : on donne à l’autre ce qu’on a de plus sacré : son corps et les sources de la vie. C’est la manifestation privilégiée de l’amour entre deux personnes, c’est-à-dire de deux cœurs à travers deux corps. Ce qui implique confiance, respect et tendresse. Il doit être un pont entre deux personnes, une union avec toutes ses implications et non une fin en soi.

En ce mois de mars où nous célébrons la Journée Internationale de la Femme, une vive interpellation est adressée aux femmes et aux jeunes filles sur la question de la sexualité pour la réalisation du 4ème Objectif pour le Développement Durable (ODD4) qui est « Garantir d’ici à 2030 l’accès de tous à une éducation, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie indépendamment du contexte personnel, politique ou social ». Dans une société hautement dépravée et noyée dans une pauvreté indescriptible, quelle chance la jeune fille a d’accéder à l’éducation sur un pied d’égalité ?

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