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Développement décentralisé participatif : la difficile mise en oeuvre


Agnès Bikoko et Paul Ombiono

Après l’échec des politiques de développement mises en place depuis les années 1960 dans les pays africains sub-sahariens par les bailleurs de fonds, les interventions de la communauté internationale ont pris une nouvelle approche depuis le début des années 2000.
Il s’agit du Développement Décentralisé Participatif (DDP) qui implique les communautés et les collectivités dans la détermination des projets prioritaires, ainsi que dans la création de la prospérité et le renforcement des moyens d’action. Cette politique vise à associer, de manière inclusive, les populations à la base non seulement à la prise des décisions par des mécanismes de consultation et de représentation/représentativité mais aussi à la création des richesses et à la réalisation des infrastructures communautaires de petites et moyennes dimensions.

Ainsi, chaque individu, chaque groupe d’individus ou organisation résidant ou opérant dans l’aire géographique de la Commune a le devoir de participer au développement de cette dernière à travers une participation à la fois directe et indirecte.

Mais pendant qu’en Afrique de l’Ouest et en Afrique Orientale nombre de pays commencent à engranger des résultats probant de cette approche de développement, en Afrique Centrale et plus particulièrement au Cameroun, le Développement Décentralisé Participatif reste et demeure un slogan des discours politiques et administratifs sans aucune forme concrète sur le terrain. Quelle en est la raison ?
L’environnement politique et économique mondial et la conjoncture nationale actuelle lèvent tout doute quant à la nécessité de voir notre pays sortir du cadre des discours, pour celui de la mise en œuvre effective du Développement Décentralisé Participatif, gage d’un avenir stable et radieux pour notre pays. Nombreux sont ceux qui pensent que c’est la non-matérialisation de la décentralisation dans notre pays qui fait problème avec la confiscation des décisions et politiques au niveau du gouvernement. Pourquoi l’État continue-t-il à être omniprésent et à solliciter la participation de chaque citoyen ? Cette participation n’est pas en soi une mauvaise chose, mais qu’elle ne donne pas l’impression d’une démission.

Un gouvernement hyper-conservateur qui tient à gérer tous les pouvoirs mais sans être capable de répondre aux attentes des gouvernés. Cette situation pose un problème de filouterie politique : détenir les avantages liés à certains pouvoirs sans être capable de répondre aux devoirs liés à ces fonctions. Les populations qui ne sont pas dupes ne peuvent, malgré leur volonté, agir de manière efficiente tant que la parcelle de pouvoir qui doit leur être transférée tarde. Le transfert de compétences demande aussi un transfert de moyens. Or, le gouvernement central, par réflexe ou par cynisme, veut à tout prix avoir la main mise sur les moyens. On n’est pas loin du rapprochement entre l’enrichissement outrancier des décideurs du pouvoir central et de cette absence de volonté réelle de décentralisation sans laquelle les populations à la base auront du mal à jouer leur partition dans le concert du développement.

Mais à travers le désengagement partiel de l’État dans un contexte non seulement de décentralisation mais aussi de crise économique, la nécessité à la fois politique, économique et sociale d’amener l’élite locale et les masses à prendre en main le développement de leur cité s’impose pour un développement durable.

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