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L'Instance permanente de l'ONU examine comment la mise en oeuvre du Programme 2030 pourrait régler la " dette historique " vis-à-vis des peuples autochtones


L’Instance permanente sur les questions autochtones s’est penchée, ce matin, sur la manière dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui comprend six indicateurs spécifiques aux peuples autochtones parmi ses objectifs de développement durable, peut renforcer les droits de ces peuples, remédier aux nombreuses injustices dont ils continuent d’être victimes et corriger la « dette historique » qu’ont les États envers eux, selon l’expression du délégué du Chili.

« La réalisation des objectifs de développement durable est un moyen pour les peuples autochtones de réaliser leurs droits et de demander des comptes », a ainsi déclaré la représentante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), tandis que le délégué de la Chine a vu dans ce Programme un instrument visant à garantir les droits fonciers de ces peuples, « afin qu’ils ne soient pas laissés de côté ».  Certains intervenants ont aussi rappelé que les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), auxquels les objectifs de développement durable ont succédé, ne mentionnaient pas les peuples autochtones.

Comme le rappelle le rapport* examiné ce matin, l’Instance permanente, en tant qu’organe d’experts auprès du Conseil économique et social, joue un rôle important en donnant des conseils spécialisés sur les mesures à prendre pour que les droits des peuples autochtones soient effectivement pris en compte dans la mise en œuvre du Programme 2030 et réalisés.

Se faisant l’écho des préoccupations formulées depuis l’ouverture de la session, les représentants des peuples autochtones ont dénoncé une fois de plus, aujourd’hui, la violation de leurs droits, du fait notamment de l’exploitation de leurs terres et de leurs ressources.

La déléguée de Tribal Link Foundation Inc, a ainsi accusé les entreprises de tirer d’importants bénéfices de l’exploitation du pétrole et du bois en Sibérie, sans offrir de contrepartie pour les peuples autochtones, tandis que la représentante d’Anishinabek Nation a indiqué que son peuple, habitant l’Ontario au Canada, vivait dans une véritable « vallée chimique » tant son habitat est pollué par la soixantaine d’entreprises chimiques qui y sont implantées.  L’accord donné, par l’administration Trump, aux États-Unis, à la construction d’un oléoduc dans le Dakota a été une nouvelle fois vivement critiqué.

« Le modèle de développement systématique qui reste fortement basé sur l’extraction des ressources naturelles, souvent sur les territoires des peuples autochtones, est un obstacle à l’application du Programme », a jugé la déléguée de VIVAT international and Franciscans International.

Face à la marginalisation des quelque 370 millions d’autochtones qui peuplent la « Terre nourricière », les délégations ont donc recommandé un suivi rigoureux dans l’application du Programme 2030. À cette fin, la déléguée de Boro Women’s Justice Forum a proposé la création d’un « mécanisme fonctionnel de coopération » avec ces peuples pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national. L’idée de créer un « ambassadeur » au sein de l’ONU afin de veiller sur la bonne mise en œuvre des engagements des États a également été avancée.

De son côté, la représentante du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a rappelé que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable servira de « courroie de transmission » pour lier les priorités des peuples autochtones à la mise en œuvre du Programme, en fournissant des recommandations et des directives à cet effet.  Enfin, un expert a jugé nécessaire de revoir le fonctionnement de l’Instance, « beaucoup de ses membres ayant des problèmes à comprendre son fonctionnement ».  

L’avenir de l’Instance a également été évoqué lors de la séance de l’après-midi qui était consacrée à ses travaux futurs.  À l’approche de la célébration, en 2019, de l’Année internationale des langues autochtones, la protection du patrimoine linguistique autochtone a été particulièrement débattue.  Les peuples autochtones parlent la vaste majorité des 7 000 langues de la planète, mais l’on estime qu’une langue autochtone disparaît tous les 15 jours.

« La disparition des langues autochtones est une perte tragique de culture », a souligné le délégué d’Ogaden People’s Rights Organisation, tandis que le délégué d’United Methodist Church–General Board of Global Ministries a rappelé qu’il n’existait, dans le monde, plus que trois personnes âgées dont la langue maternelle est le yuchi.

Au cours des séances précédentes, l’Instance a d’ailleurs été appelée à formuler des recommandations sur des stratégies concrètes capables de revitaliser les langues autochtones et créer de nouvelles générations de locuteurs.

(14e séance) Instance permanente sur les questions autochtones

(15e séance) Instance permanente sur les questions autochtones

Compte rendu de l'ONU

[ODD2030]

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