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De l'apiculture à la cueillette, les multiples visages de l'agriculture urbaine montréalaise


L’idée qu’on se fait de l’agriculture urbaine est souvent celle des potagers personnels et des jardins communautaires. Bien que cette conception ait pu avoir une certaine forme de vraisemblance par le passé, la réalité est bien plus diversifiée. En fait, la ville de Montréal est le lieu d’une multitude d’actions engagées dans l’agriculture urbaine, tant diversifiées qu’inspirantes.

Du miel en ville pour la recherche

En ce moment, la disparition de certaines abeilles est porteuse de beaucoup de questions. C’est dans cette optique que le Collectif de recherche en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable (CRAPAUD) a installé des ruches urbaines sur le toit du pavillon de design de l’UQAM, en 2011. Souvent peu connues, ces installations sont beaucoup plus nombreuses que l’on pense à Montréal. En fait, le nombre de ruches est passé de 10 en 2011 à près de 500 en 2017.

Ces ruches n’ont pas comme but d’assurer une production alimentaire, mais plutôt d’offrir une opportunité de recherche très riche sur ces insectes, qualifiés de sentinelle de l’environnement. Cette appellation résulte du fait que les abeilles sont particulièrement sensibles aux perturbations environnementales, constituant un outil de recherche très utile. Ces ruches contribuent également à remédier au récent effondrement de certaines colonies qui s’est déroulé depuis les dernières années. Éric Duchemin, directeur scientifique et formation du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, ajoute que «contrairement à la croyance populaire, l’abeille n’est pas une espèce en voie de disparition. L’effondrement si connu affecte plutôt les ruches des productions industrielles à cause d’une plus grande exposition aux pesticides».

Le retour des cueilleurs en ville

Le gaspillage alimentaire constitue une autre problématique importante du système agro-alimentaire montréalais. Chapeauté par l’organisme Centropol Roulant (centre alimentaire communautaire), le collectif Les Fruits Défendus vise à enrayer ce comportement.

Il se base sur la prémisse que beaucoup de ressources alimentaires locales ne sont pas exploitées et récoltées à Montréal. L’initiative bénévole organise des cueillettes dans les quartiers centraux de Montréal, dont le Plateau Mont-Royal-Mile End, Rosemont – La Petite Patrie, Parc Extension et Villeray.

Ces cueillettes s’effectuent dans les espaces publics ou privés, lorsque le propriétaire l’autorise, et visent à récolter les fruits des arbres qui seraient autrement perdus. Lors de ces interventions, les ressources sont partagées entre les participants. Un tiers de la récolte va à Centropol Roulant qui assure une redistribution dans la communauté, un autre tiers est attribué au cueilleur et un dernier tiers remis au propriétaire de l’arbre fruitier. Le collectif Les Fruits Défendus met également de l’avant la nécessité de l’éducation citoyenne, désirant partager ses connaissances et son expérience à propos de la récolte de fruits urbains.

Les initiatives d’agriculture urbaine sont multiples. Ces engagements permettent d’aborder des enjeux tels que les déserts alimentaires, la sécurité alimentaire et l’autosuffisance alimentaire. Selon Eric Duchemin, « l’agriculture urbaine est également un outil d’éducation relative à l’environnement qu’on doit privilégier, car elle présente des outils de prise de conscience qui interpellent le monde urbain ».

Source : GaïaPresse

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