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Opérationnalisation de la plate-forme sur les communautés locales et les peuples autochtones


Ce texte a été rédigé par Céline Bouffard, candidate à la maîtrise en études politiques appliquées à l’Université de Sherbrooke et membre de la délégation d’ENvironnement JEUnesse à la CdP-23 à Bonn.

Le 7 novembre 2017 se tenait, dans le cadre de la 23e Conférence des Parties sur le climat (CdP-23), la première « Journée des peuples autochtones »[1].  Pour l’occasion, une série d’événements parallèles se sont déroulés dans la zone de la société civile et avaient pour thématique la valorisation des savoirs traditionnels. Et pour cause, l’Organe subsidiaire de Conseil scientifique et technologique (SBSTA en anglais) a annoncé, lors de sa séance d’ouverture du 6 novembre 2017, sa volonté d’opérationnaliser cette plate-forme durant la CdP-23[2].

Les parties s’étaient entendues durant la CdP-21 à Paris en 2015 afin d’élargir les échanges en permettant la participation des acteurs non-partisans dans le processus décisionnel climatique et en ayant une considération plus particulière pour l’inclusion des groupes les plus vulnérables[3].

À Bonn, la présidence de la CdP-23 est assurée par Fidji, un des membres de l’Alliance des Petits États insulaires (AOSIS en anglais). En tant qu’État insulaire vulnérable, les îles Fidji subissent les impacts des changements climatiques sans pourtant être de grands émetteurs de gaz à effet de serre. En raison de cette vulnérabilité et de cette injustice climatique, l’opérationnalisation de la plate-forme sur les communautés locales et les peuples autochtones fait partie des priorités de Fidji[4].  La présidence de la CdP-23 réussira-t-elle à influencer les parties sur cet item de l’agenda du SBSTA ?

Pourquoi intégrer les communautés locales et les peuples autochtones dans le processus ?

L’Accord de Paris, adopté durant à l’issue de la CdP-21, a pour objectif de « renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte de développement durable et de la lutte contre la pauvreté »[5]. Ce faisant, l’Accord de Paris établit le seuil limite de réchauffement à 2 degrés Celcius par rapport aux niveaux préindustriels et tend vers un seuil limite de 1,5 degré Celcius afin de réduire les risques et les effets des changements climatiques[6].  C’est entre autres grâce aux pressions du groupe AOSIS que ce seuil limite de 1,5 degré Celcius a été inclus dans l’accord afin de limiter les impacts des changements climatiques sur leurs territoires insulaires vulnérables à la montée des eaux et aux intempéries[7].

Le niveau d’engagement des parties dans le cadre de l’Accord de Paris est illustré par les contributions nationales déterminées (CND)[8]. Malheureusement, les CND présentées par les parties jusqu’à ce jour ne permettent pas de respecter le seuil limite de réchauffement à 2 degrés Celcius par rapport aux niveaux préindustriels[9]. Au contraire, un rapport publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement chiffrait la hausse des températures à environ 3 degrés Celcius ! Cette situation est inquiétante pour le groupe AOSIS et implique des conséquences telles la perte de territoire et le déplacement des populations : les générations futures risquent vraisemblablement de ne pas pouvoir grandir sur le territoire de leurs ancêtres.

Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, il est entendu que le niveau des ambitions des CND doit être augmenté et que celles-ci doivent s’accompagner de plans d’action concrets.

Pour l’élaboration des plans d’action et afin de mettre en œuvre des initiatives locales pour bâtir des communautés plus résilientes, la contribution des acteurs non-étatiques s’avère indispensable[10]. Pour donner un espace de parole à ceux-ci, la volonté d’établir une plate-forme a été annoncée durant la CdP-21. La plate-forme a pour but de stimuler « l’échange des données d’expériences et [de permettre] la mise en commun des meilleures pratiques en matière d’atténuation et d’adaptation de manière holistique et intégrée »[11].

Une intégration plus juste des différentes parties prenantes

Le niveau de complexité des négociations internationales rend parfois le processus hermétique. Le degré de technicité des négociations demande une expertise scientifique ou technique qui exclut de facto certains individus et groupes, dont les jeunes.

La plate-forme pour les communautés locales et les peuples autochtones se veut un outil pour faciliter le partage des bonnes pratiques pour la lutte contre les changements climatiques grâce à un dialogue multipartite. Ce dialogue se veut un espace de rencontres entre les savoirs scientifiques, les savoirs locaux et les savoirs traditionnels autochtones afin de construire des connaissances à portée pratiques pour augmenter la résilience et agir contre les changements climatiques.

Quelle est la place des jeunes ?

Les générations futures risquent de devoir adapter considérablement leur mode de vie. Pour ce faire, elles auront besoin de savoirs scientifiques, locaux et traditionnels.

Dans une perspective de transmission intergénérationnelle et d’intégration des savoirs par le discours, l’incorporation des jeunes sur la plate-forme sur les communautés locales et les peuples autochtones répond à un besoin de renforcement des capacités. De plus, leur légitimité d’être intégrés sur cette plate-forme provient du fait qu’ils seront les plus affectés par les effets des changements climatiques.

Les jeunes auront-ils une place dans cette plate-forme ? Espérons que les parties exercent une influence positive afin de mettre en œuvre le principe de responsabilité intra et intergénérationnelle, et ainsi, de faire en sorte que la jeunesse soit considérée dans ce nouvel espace de parole.

Bibliographie

CCNUCC, Accord de Paris, 2016, [en ligne].

CCNUCC, Indigenous Peoples’ Day at the COP23, 2017, [en ligne].

CCNUCC, Political Priorities Outlined for COP23 by In-Coming Fijian Presidency, 2017, [en ligne].

CCNUCC, SBSTA opening plenary, 2017, [en ligne].

IFDD, Guide des négociations : de Paris à Marrakech ou le défi de la mise en œuvre, 2016, [en ligne].

NADON PHILIPPE, Fiche synthèse : L’Alliance des petits États insulaires, les changements climatiques et la CdP de Marrakech, 2016, [en ligne].

Liste des notes

[1]CCNUCC, Indigenous Peoples’Day at the COP23, 2017, URL https://unfccc.int/files/side_events_exhibits/application/pdf/ipo.pdf

[2]CCNUCC, SBSTA opening plenary, 2017, URL https://unfccc.cloud.streamworld.de/webcast/sbsta-opening-plenary

[3] CCNUCC, Political Priorities Outlined for COP23 by In-Coming Fijian Presidency, 2017, URL http://newsroom.unfccc.int/unfccc-newsroom/political-priorities-outlined-for-cop23-by-in-coming-fijian-presidency/

[4] Idem

[5] CCNUCC, Accord de Paris, 2016, URL http://unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09r01f.pdf

[6] Idem

[7] NADON PHILIPPE, Fiche synthèse : L’Alliance des petits États insulaires, les changements climatiques et la CdP de Marrakech, 2016, URL https://oppus.recherche.usherbrooke.ca/wp-content/uploads/F.S.-E%CC%81tats-insulaires-1.pdf

[8] IFDD, Guide des négociations : de Paris à Marrakech ou le défi de la mise en œuvre, 2016, URL http://www.ifdd.francophonie.org/ressources/ressources-pub-desc.php?id=693

[9] Idem

[10] IFDD, Guide des négociations : de Paris à Marrakech ou le défi de la mise en œuvre, 2016, URL http://www.ifdd.francophonie.org/ressources/ressources-pub-desc.php?id=693

[11] CCNUCC, Accord de Paris, 2016, URL http://unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09r01f.pdf

Crédit photo : Twitter, @IIPFCC.

À propos de l'initiative jeunesse

L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.

[IJLCC]

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