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Les " bayam selam " : ces amazones de l'économie au Cameroun


L’exode rural massif des jeunes dans un contexte à la fois de manque et de sous-emploi est devenu le casse-tête majeur des urbanistes et des administrateurs urbains ; c’est une source d’inquiétudes aussi bien pour les gouvernants que pour les gouvernés. Malgré cette situation vécue et décriée par tous, les bidonvilles ne font que se développer au détriment des villages qui se vident au jour le jour.

Face à cette situation, le secteur informel très vite s’est développé comme seul moyen de survie s’offrant à ces masses laissées pour compte. Devant cette triste réalité où l’Etat semble incapable d’assumer ses responsabilités, les femmes en véritables ministres de l’intérieur se sont constituées en soldats de survie au départ appelés « Bayam Selam », aujourd’hui, maillon incontournable de l’économie camerounaise.

Qui sont donc les « Bayam Selam » ?

Pour faire simple nous dirons que ce sont des revendeurs principalement des produits agro pastoraux. Dans les grandes villes du Cameroun et même dans les villes secondaires, tout visiteur averti remarque à l’entrée du marché ou dans les grands carrefours, leur présence et leur accoutrement : des tenues surchargées et/ou superposées les unes sur les autres, avec parfois des pagnes noués autour des hanches, des chapeaux à large bord avec des gants pour les protéger du soleil, des bas pour couvrir leurs pieds. Longtemps considérée comme une activité spécifiquement féminine, aujourd’hui, hommes et femmes sans distinction d’âges se déploient au quotidien, du lever au coucher du soleil dans des boutiques de fortune, des étals pour la vente des produits agro pastoraux. Au Cameroun, le nombre exact des « bayam selam » n’est pas officiellement connu ; mais on les estime à des millions de personnes sur l’étendue du territoire national.

Un reportage au marché du Mfoundi à Yaoundé a permis de mettre en lumière cette branche de l’informel. Interrogée sur la nature de son activité, Marie Pauline communément appelée ici (Maa Pau), revendeuse des produits vivriers nous révèle que le métier de « bayam selam » exige une force physique certaine (des bagarres se déclenchant assez souvent lors des opérations d’approvisionnement et le revendeur devant courir après les voitures de livraison) et surtout une bonne santé, des habiletés de marchandage pour acheter sa marchandise au meilleur prix. Elle indique par ailleurs que les revendeurs investissent les centres de distribution aux aurores chaque jour (dès 4heures du matin) à la recherche des produits de bonne qualité, bravant les intempéries (froid, pluie) ainsi que d’autres dangers tels la criminalité. Ils font ensuite face à plusieurs autres challenges : se trouver un « bon emplacement » pour l’exercice de son activité, réaliser un bénéfice.

L’apport de ce secteur dans l’économie est indéniable. Selon des études publiées dans les journaux, ce dernier contribue entre 20 et 30 % du produit intérieur brut du Cameroun. Mais des mécanismes de contrôle de son activité ne sont pas encore totalement bien définis, ce qui ne permet pas aux autorités de chiffrer son apport réel dans l’économie du pays. Des analyses récentes ont démontré à suffisance que le secteur informel est devenu le plus grand pourvoyeur d’emplois, suite à l’incapacité de l’Etat à donner du travail aux citoyens. Les autorités de notre pays gagneraient donc à organiser et à mieux encadrer cette activité afin de pouvoir chiffrer son apport réel dans l'économie, ainsi que pour le bien être et l'épanouissement d’un plus grand nombre, 

 

 

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