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Rapport de l'ONU sur l'impact économique des catastrophes naturelles : "un fossé sépare les pays pauvres des pays riches"


En prévision de la Journée mondiale pour la prévention des catastrophes qui a eu lieu le 13 octobre, le Bureau des Nations Unies pour la réduction des catastrophes (UNISDR) a publié un nouveau rapport intitulé «Pertes économiques, pauvreté et catastrophes 1998-2017», sur l’occurrence des catastrophes naturelles entre 1998 et 2017 et leur impact économique. Les auteurs se sont appuyés sur une base de données gérée par le Centre de recherche sur l'épidémiologie des catastrophes (CRED) de l'Université catholique de Louvain, en Belgique. Ce rapport, où sont comparées les données actuelles avec le précédent bilan, met en lumière les grandes tendances des 40 dernières années.

Sur le plan économique, les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles ont augmenté de 1 600 milliards de dollars, soit 151% en 20 ans. Le rapport prend en compte les phénomènes extrêmes liées à la météorologie (inondations, tempêtes…) mais aussi les phénomènes comme les séismes ou les éruptions volcaniques. Ce rapport permet d’attester de la recrudescence des phénomènes extrêmes liés au climat. Sur un total de perte calculée à 2 908 dollars, 2245 milliards dépensés proviennent de ces phénomènes climatiques, soit 77% des coûts globaux. Tandis qu’entre 1978 et 1998, ce pourcentage s’élevée à 68%.

En valeurs absolues, les pertes économiques les plus importantes ont été enregistrées par les grandes puissances économiques. Le classement est le suivant :

1. États-Unis avec 944,8 milliards de dollars dépensés

2. Chine 492,2 milliards

3. Japon 376,3 milliards,

4. Inde 79,5 milliards

5. Puerto Rico 71,7 milliards.

6. Allemagne 57,9 milliards

7. Italie 56,6 milliards

8. Thaïlande 52,4 milliards

9. Mexique 46,5 milliards

10. France 43,3 milliards.

Toutefois, c’est en valeur relative, en rapportant ces chiffres aux PIB nationaux, que l’on prend la pleine mesure de l’impact de ces catastrophes sur les économies nationales. On se rend compte alors que ce classement change, et ce sont les pays les plus pauvres qui sont les plus touchés. C’est comme ça qu’Haïti devient premier du classement, car le pays perd en moyenne 17,5% de son PIB par an à cause de catastrophes naturelles. Les pays suivant sont Puerto Rico (12,2%), la Corée du Nord (7,4%), l’Honduras (7%), Cuba (4,6%)…Les habitants de ces pays à faible revenu ont été aussi bien plus exposés et plus vulnérables au dénuement, blessures et incidents que ceux des pays à haut revenu.

Ce rapport met donc en lumière trois constats

  • Le changement climatique augmente la fréquence et l’ampleur des phénomènes de catastrophes naturelles
  • L’investissement dans la réduction des risques de catastrophe est un préalable pour le développement durable dans le contexte de changement climatique : Il ne peut y avoir de développement durable sans la prise en compte et l’intégration des risques de catastrophes dans les décisions d’investissement et d’aménagement
  • Le fossé qui sépare les pays riches et les pays pauvres en matière de protection. Le professeur Debarati Guha-Sapir, directeur du Centre de recherche sur l'épidémiologie des catastrophes (CRED), a déclaré: «Ce rapport met en lumière le fossé qui sépare les riches et les pauvres en matière de protection. Ceux qui souffrent le plus du changement climatique sont ceux qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Les pertes économiques subies par les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur ont des conséquences dramatiques sur leur développement futur».

En parallèle, la Banque mondiale a annoncé la création d'un nouveau fonds de 150 millions de dollars pour aider à assurer les pays exposés aux risques de catastrophes naturelles induites par le changement climatique. Baptisé Global Risk Financing Facility (Grif), il est financé par des fonds allemands et britanniques.

[MOGED]

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