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Solutions pour des sociétés plus justes-adaptation au changement climatique


Par Christin CALIXTE, membre de JFDD , dans le cadre de l'Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques

La lutte contre les changements climatiques est une stratégie d'intervention visant à éviter et limiter les perturbations du système climatique causées par les activités humaines. Aussi appelée atténuation, ou mitigation, elle consiste à mettre en œuvre des politiques destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre et favoriser la séquestration de carbone. Soutenir l’adaptation des pays pauvres au changement climatique fait parti des Cinq solutions pour des sociétés plus justes de l'AFD.

Les inégalités continuent de se creuser dans le monde, menaçant le lien social et le bien-être des populations. Pour les réduire, il existe pourtant des solutions qui ont fait leurs preuves : éducation de qualité, protection sociale, fiscalité plus juste... L'AFD en accompagne nombre d'entre elles.

Proposer une éducation de qualité pour tous

Pour Anda David, spécialiste des questions d’inégalités à l’Agence française de développement (AFD), « une personne qui a accès à l’éducation aura plus de chances de travailler et de toucher un salaire correct ». « Encore faut-il qu’elle ait une éducation de qualité », complète Rohen d’Aiglepierre, économiste spécialisé dans l’éducation et l’emploi à l’AFD.

Car le système éducatif peut aggraver les inégalités s’il n’est pas pensé dès le départ pour y faire face. C’est notamment le cas en France, d’après un rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) de 2016. « Des systèmes éducatifs à double vitesse se développent dans certains pays, avec les pauvres dans le public et les riches dans le privé », observe Rohen d’Aiglepierre.

Une éducation de qualité comporte d’abord des enseignants suffisamment nombreux et compétents. Elle fait aussi la chasse aux stéréotypes véhiculés dans les manuels scolaires et favorise la mixité sociale en mélangeant des élèves aux origines et aux situations éloignées. « Au fil des années, notre sensibilité vis-à-vis des personnes avec qui l’on est scolarisé évolue », remarque Rohen d’Aiglepierre.

L'accès au système éducatif doit aussi être facilité par un coût abordable - pour les familles pauvres en particulier -, des établissements scolaires situés près des familles et des installations ne décourageant pas certains élèves de venir étudier – les adolescentes n’ayant pas accès à des toilettes séparées, par exemple. 

Mais pour que ces changements permettent de réduire les inégalités, encore faut-il « éviter tout saupoudrage d’égalité », insiste Rohen d’Aiglepierre. « En faisant la même action dans tout le pays on peut potentiellement augmenter les inégalités. Il faut agir au cas par cas en visant non pas l’égalité, mais l’équité. »

Renforcer la protection sociale

Une autre solution pour réduire les inégalités consiste à créer (ou à renforcer) des programmes de protection sociale, afin de redistribuer une partie des richesses au profit des populations les plus fragiles : pauvres, retraités, handicapés, mères de famille, chômeurs, malades…

La protection sociale est en effet loin d’être une généralité dans le monde : 4 milliards de personnes ne bénéficient d’aucune aide financière, selon un récent rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT). 

« Les politiques de protection sociale jouent un rôle essentiel pour réduire la pauvreté et les inégalités, et favoriser une croissance inclusive », analyse Isabel Ortiz, directrice du département de la protection sociale de l’OIT.

Mais cela ne revient pas, selon elle, à faire l’aumône aux plus vulnérables : « Il s’agit de systèmes globaux, spécialement conçus et mis en œuvre pour améliorer la productivité en investissant dans les travailleurs et leurs enfants qui formeront la main-d’œuvre de demain, pour préserver la consommation nationale en augmentant le revenu des ménages, ainsi que pour réduire l’instabilité politique et promouvoir la paix et la cohésion sociale. » Autrement dit, cette protection bénéficie à toute la société. 

Améliorer la fiscalité

Des politiques menées dans différents pays ont démontré que les inégalités de revenu pouvaient être réduites en s’attaquant au système fiscal.

« De nombreux pays se contentent de taxer indirectement la population, via une TVA, des droits de douane ou des taxes sur le tabac. Le problème est que cela touche tout le monde, en particulier les plus vulnérables qui dépensent une plus grande part de leurs revenus en produits de consommation courante », pointe Anda David. 

Première solution : introduire une taxation progressive sur les revenus. « Cela consiste à définir différents niveaux de taxation, en fonction des revenus de chacun, ce qui permet une plus juste contribution aux recettes de l’État. »

Deuxième option : réduire les niches fiscales. « Cela permet de collecter plus d’impôts et de fournir plus de ressources à l’État, qu’il pourra éventuellement utiliser pour mener des programmes de protection sociale », explique Anda David.

Dans la même veine, instaurer des mesures pour lutter contre l’évasion fiscale permet de récupérer des recettes perdues, et éventuellement d’alléger le poids fiscal pesant sur les ménages.

Soutenir l’adaptation des pays pauvres au changement climatique

Le réchauffement planétaire fait naître une profonde injustice, à l’échelle des individus comme de celle des pays : les plus pauvres sont ceux qui en subissent le plus les impacts (augmentation des températures, sécheresses et inondations plus nombreuses, hausse du niveau des océans) – alors qu’ils y ont le moins contribué.

Et ce alors même que les capacités d’adaptation des pays moins développés sont plus faibles, et que le changement climatique vient aggraver les tensions et les difficultés préexistantes, constate sur le blog ID4D Céline Guivarch, chercheure au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired).

« La répartition des dommages relie ainsi fortement le changement climatique aux questions d’inégalités, très prégnantes aujourd’hui », constate-t-elle. 

Pour réduire cette inégalité qui se dessine, il faut donc aider les pays vulnérables à se préparer. Plusieurs initiatives ont vu le jour, comme le Fonds vert pour le climat, un instrument de l’ONU réunissant déjà 4 milliards d’euros d’engagements financiers issus des pays développés, ou le dispositif « Adapt’Action » piloté par l’Agence française de développement, qui permet de délivrer un appui technique aux pays concernés.

Faciliter l’accès des femmes à la contraception

Dans plusieurs régions du monde, la fécondité joue un rôle important dans la construction des inégalités femmes-hommes. « En Afrique subsaharienne, les femmes sont parfois retirées très tôt de l’école pour être mariées, ou bien tombent enceintes alors qu’elles sont scolarisées. Elles accumulent ainsi moins de capital humain et ratent des opportunités professionnelles », souligne Mathias Kuepie, chercheur à l’AFD.

La solution ? Les rendre maîtresses de leur fécondité, via un accès libre aux moyens de contraception. « Mais si la société ou le mari voient cela d’un mauvais œil, le problème n’est pas réglé, observe Mathias Kuepie. Il faut donc accompagner la mise à disposition de moyens de contraception d'un discours positif, expliquant qu’il est important que les femmes puissent aussi se consacrer à d’autres choses que de faire des enfants ».

L’espoir est permis : au Niger, pays où le taux de fécondité est le plus élevé au monde, le président de la République lui-même a décidé d’agir – Avec l’appui de l’AFD – en faveur de l’accès des femmes à la contraception.

L’adaptation aux changements climatiques est un processus permettant aux sociétés de s'ajuster en réponse aux modifications de leur environnement, afin de limiter les impacts négatifs des changements climatiques, voire de bénéficier des conséquences positives. Les stratégies d'adaptation visent à augmenter la résilience et réduire la vulnérabilité des milieux, organisations, collectivités et individus face aux effets connus ou anticipés de l'évolution du climat. La mise en place de telles actions gagne à être combinée avec les mesures de lutte contre les changements climatiques, qui visent notamment à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Il existe trois types d’adaptation :

  • Anticipative (ou proactive) – mise en place avant même que les impacts ne se fassent sentir;
  • Autonome (ou spontanée) – réponse inconsciente à un changement effectif;
  • Planifiée – résultat d’une décision politique, basée sur un constat de changement présent ou à venir, auquel il convient de réagir pour revenir, s’en tenir, ou parvenir à une situation souhaitée (GIEC, 2007b).

De par leur nature globale, les changements climatiques ont des impacts multiples et interreliés. Il est donc important d’en tenir compte dans la recherche de stratégies d’adaptation puisque celles-ci peuvent répondre à plus d’une conséquence ou, inversement, avoir un impact indésirable dans un autre secteur.

Sources:

https://www.afd.fr/fr/cinq-solutions-pour-des-societes-plus-justes

http://collectivitesviables.org/articles/adaptation-aux-changements-climatiques.aspx

http://collectivitesviables.org/articles/lutte-contre-les-changements-climatiques.aspx

À propos de l'initiative jeunesse

L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.

[IJLCC]

Pour plus d’informations, consultez le dossier Médiaterre de l'Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques [IJLCC]

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