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Le temps froid qui règne dans l'est des États-Unis ne réfute certainement pas le changement climatique


De grandes parties de l'Amérique du Nord ont été saisies par un afflux d'air arctique. Combiné aux vents en rafales, il produit un refroidissement dangereux dans une partie importante du Haut-Midwest jusqu'au nord-est des États-Unis. La masse d'air glaciale soutient également les fortes neiges à effet de lac sous le vent des Grands Lacs.

Le National Weather Service des États-Unis a déclaré que les températures seraient bien inférieures à la moyenne dans la la vallée du Mississippi, la région des Grands Lacs, dans certaines parties du nord du littoral Atlantique. Dans le sud du Minnesota, le facteur de refroidissement éolien a poussé les relevés à -30,9 ° Celsius le 30 janvier. La plus basse température enregistrée aux Etats-Unis est  de -48,9 °Celsius. 

Les températures extrêmement froides sont causées par l'influence du vortex polaire. Il s'agit d'une vaste zone de basse pression et d'air froid entourant le pôle Nord, avec de forts vents dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, connus sous le nom de jet-stream qui emprisonne le froid autour du pôle.

Les perturbations dans le jet-stream et l'intrusion de masses d'air plus chaudes dans les latitudes moyennes peuvent modifier la structure et la dynamique du vortex polaire, envoyant l'air arctique au sud sous des latitudes moyennes et apportant de l'air plus chaud dans l'Arctique. Ce n'est pas un phénomène nouveau, même si de plus en plus de recherches ont été menées sur l'impact du changement climatique.

«Le temps froid qui règne dans l'est des États-Unis ne réfute certainement pas le changement climatique», a déclaré Petteri Taalas, Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

«De manière générale et au niveau mondial, le réchauffement de la planète a entraîné une baisse des nouveaux records de froid. Mais les températures glaciales et la neige continueront de faire partie de nos conditions météorologiques habituelles durant l'hiver de l'hémisphère nord. Nous devons faire la distinction entre le temps quotidien à court terme et le climat à long terme », a-t-il déclaré.

«L’Arctique a fait face à un réchauffement qui correspond à deux fois la moyenne mondiale. Une grande partie de la neige et de la glace de la région a fondu. Ces changements ont une incidence sur les conditions météorologiques en dehors de l'Arctique, dans l'hémisphère nord. Une partie des anomalies froides aux basses latitudes pourrait être liée aux changements dramatiques dans l'Arctique. Ce qui se passe aux pôles ne reste pas aux pôles mais influence les conditions météorologiques et climatiques des basses latitudes où vivent des centaines de millions de personnes », a dit M. Taalas.

Records de froid et de chutes de neige

L'est des États-Unis et certaines régions du Canada connaissent des températures record, mais les températures relevées en Alaska et dans de grandes parties de l'Arctique ont été plus chaudes que la moyenne.

Au Canada, l'aéroport d'Ottawa a reçu le 29 janvier un volume record de neige de 97 cm, plus que le record de 1999 (93 cm), selon l’agence canadienne pour l’environnement et le changement climatique.

Les tempêtes de neige hivernales et les fortes chutes de neige ne sont pas non plus incompatibles avec les conditions météorologiques dans un climat en mutation.

Certaines parties des Alpes européennes ont enregistré des chutes de neige record plus tôt en janvier. À Hochfilzen, dans la région du Tyrol, en Autriche, plus de 451 centimètres (cm) de neige sont tombés au cours des 15 premiers jours de janvier, un événement statistiquement prévu une seule fois par siècle. D'autres stations du Tyrol ont également reçu des chutes de neige uniques au siècle. La Suisse orientale a reçu deux fois plus de neige que la moyenne à long terme.

Le service météorologique allemand ou Deutscher Wetterdienst, DWD, a également émis un certain nombre d’avertissements météorologiques de neige et d’hiver de haut niveau. Les prévisions climatiques montrent que les précipitations hivernales en Allemagne devraient être plus intenses, selon le service météorologique allemand DWD. Cela nécessitera des mesures d'adaptation, par exemple dans la réglementation des bâtiments pour résister au poids de la neige.

Au cours du mois de janvier, de violentes tempêtes hivernales ont frappé l'est de la Méditerranée et certaines régions du Moyen-Orient, avec des conséquences particulièrement graves pour les populations vulnérables, notamment les réfugiés.

Durant la troisième semaine de janvier, un front froid a balayé le sud de la péninsule arabique, entraînant une tempête de poussière généralisée entre l’Égypte et l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, l’Iran et les Émirats arabes unis.

Le 21 janvier, le département météorologique indien a lancé des avertissements de pluie et de neige abondantes ou très fortes dans le Jammu-et-Cachemire et dans l'Himachal Pradesh, provoquant des avertissements d'avalanches alors que la région connaissait une intense vague de froid.

La vague de chaleur et les incendies australiens

L’Australie a pour sa part connu le mois de janvier le plus chaud de son histoire, selon le Bureau national de la météorologie du pays. Le mois a été marqué par une nouvelle série de vagues de chaleur sans précédent par leur ampleur et leur durée. Les précipitations ont été globalement inférieures de 38% à la moyenne en janvier. La Tasmanie a connu le mois de janvier le plus sec de tous les temps.

L'Australie a connu une vague de chaleur inhabituelle et prolongée qui a débuté début décembre 2018 et s'est poursuivie jusqu'en janvier 2019. Dans la ville d'Adélaïde, un nouveau record de 46,6 ° Celsius a été atteint le 24 janvier. Dans l'Etat d'Australie du Sud, 48,5 °Celsius ont été enregistrés à Whyalla, 48.6 ° Celsius à Caduna et 49,1 ° Celsius à Port Augusta, selon le Bureau national de la météorologie.

De grands incendies alimentés par des conditions extrêmement sèches et chaudes frappent depuis la mi-janvier le centre et le sud-est de la Tasmanie, l'État le plus méridional de l'Australie. Au 28 janvier, le service d’incendie de Tasmanie avait signalé 44 incendies.

Une grande partie des incendies se trouvent dans la zone du patrimoine mondial, frappant de rares écosystèmes du Gondwana que l'on ne trouve qu'en Tasmanie et qui, historiquement, ne brûlent pas.

Au cours des dernières semaines, les températures à la surface de la mer (TSM) se sont réchauffées dans la mer de Tasman avec des anomalies de 2,0 ° Celsius à 4,0 ° Celsius.

L’Australie a enregistré son mois de décembre le plus chaud et son plus beau jour de décembre (27 décembre). Marble Bar, en Australie occidentale, a enregistré une température de 49,3 ° C le 27 décembre.

Amérique du sud

Toujours dans l'hémisphère sud, des records de chaleur ont été enregistrés au Chili. Une station météorologique située dans la capitale, Santiago, a établi un nouveau record de température de 38,3 ° Celsius le 26 janvier. Dans le centre du pays, les températures ont dépassé les 40 ° Celsius, selon Météo Chili.

L'Argentine a également été frappée par une vague de chaleur qui a provoqué de nombreuses alertes pour des températures élevées. Le nord-est de l'Argentine et les régions adjacentes du Paraguay, de l'Uruguay et du Brésil ont été frappés par de nombreuses inondations, avec des précipitations bien supérieures aux prévisions moyennes à long terme. Le 8 janvier, la ville argentine de Resistencia a enregistré des précipitations de 224 mm. Il s'agit d'un nouveau record de précipitations en 24 heures, bien supérieur au précédent record de 206 mm enregistré en janvier 1994, selon le service météorologique national, SMN Argentina.

Afrique australe

Le cyclone tropical Desmond a touché terre le 22 janvier au Mozambique. Il a provoqué des vents violents, et a causé des inondations dans la ville de Beira, tout en renforçant les précipitations à Madagascar et au Malawi. 

Communiqué de l'OMM

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