Alors que ces dernières semaines les incendies de l’Amazonie brésilienne et les critiques d’Emmanuel Macron envers le gouvernement irresponsable de Jair Bolsonaro, ont fait la Une des journaux internationaux, la Guyane française projetait d’exploiter, miner et ravager sa forêt primaire avec le soutien de l’État et de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) au profit des multinationales de l’énergie et l’extractivisme. Aujourd’hui, plus de 360 000 hectares du territoire sont menacés par les permis miniers délivrés ou en cours d’instruction. C’est une décision politique qui se veut « une relance minière responsable » mais qui inquiète fortement les associations pour la défense de l’environnement en Guyane. En effet, un site aurifère industriel génère des milliers de déchets miniers menaçant la biodiversité et les rivières.
D’autre part, l’État propose un « grand plan biomasse et agro-carburants » (biodiésel et bioéthanol), sous couvert de développer les énergies renouvelables, pour atteindre une autonomie énergétique de 50% d’ici 2030. Cependant, la réglementation européenne exclut la production sur déforestation et l’État espère contourner cette régulation en plaidant pour une exception guyanaise stratégiquement justifiée. La biomasse est une énergie verte développée à petite échelle mais, envisagée industriellement, elle s’avère une grave atteinte à la forêt primaire.
Ce grand projet de biomasse par exemple, nécessite d’un important déboisement pour permettre l’implantation d’installations agricoles. De plus, la biomasse devrait générer à terme 40 Mégawatts, d’après les prévisions de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), une production énergétique bien supérieure aux capacités réelles de la Guyane. C’est donc un projet irresponsable et fantaisiste car d’où proviendrait le bois nécessaire à l’approvisionnement des centrales ? L’Amazonie brésilienne serait-elle la source de sauvegarde de l’ambition énergétique française aux bénéfices des groupes miniers et des industriels de la biomasse ? Les propos du président Emmanuel Macron seront dans ce cas, des mots emportés par le vent alors qu’il a été le premier à condamner l’(in)action du président brésilien vis-à-vis du « poumon de la Terre ».
Sources :
Maiouri Nature Guyane, « Les trois projets du gouvernement qui menacent l’Amazonie française », Médiapart, 30 août 2019
Hélène Ferrarini, « En Guyane, les groupes miniers préparent « la grande braderie » du territoire », Reporterre, 30 avril 2019
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