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Les femmes pygmées de la Lékoumou au Congo veulent devenir autonomes



  • Dans le cadre de ses activités focalisées sur la reconnaissance et la promotion des droits des autochtones, AZUR Développement a effectué une mission à Sibiti dans le département de la Lékoumou au Congo du 29 mai au 04 juin 2007. Cette mission avait pour principaux objectifs :
    - identifier les besoins prioritaires des femmes autochtones dans la localité ;
    - identifier les besoins immédiats qui affectent leurs droits ;
    - sensibiliser ces femmes de leurs droits ;
    - mener des actions de base pour parvenir ultérieurement à un groupement de femmes autochtones.

    Au cours de cette mission, conduite par Victorine Diabouagana, Secrétaire exécutive et Roméo Mbengou, Assistant juridique, en partenariat avec l’Association Congolaise pour l’Intégration des Pygmées, les activités suivantes ont été réalisées : rencontre et entretiens avec les femmes autochtones de cinq campements à Ngongo, Malengué, Moussanda, Pini et Ingambélé ; remise des vivres aux femmes autochtones et rencontres avec des parties prenantes.

    Aucours des entretiens, les femmes autochtones ont exprimé les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Elles ont fait état du manque d’habitations adéquates, de leur exposition à toutes les maladies (VIH/SIDA, paludisme et autres), aux intempéries (froid, pluie), du manque d’accès aux soins médicaux et prénataux par manque des moyens financiers, et de la lourde dépendance à l’égard des bantous.
    Cette dépendance, se justifie par leur extrême pauvreté. En effet, ne possédant pas leurs propres plantations, elles doivent travailler chez les bantous pour répondre à leurs besoins en alimentations.

    Elles sont économiquement exploitées par les bantous, « nous travaillons pour une modique somme de 500 FCFA (1 US$) ou une petite quantité de nourriture la journée » explique l’une d’elles.

    A la question de savoir pourquoi elles ne travaillent pas pour elles-mêmes, elles ont cité le manque d’outils aratoires, de semences, de vivres en attendant leurs récoltes et le manque de moyens financiers pour louer ou acheter des terrains à cultiver ; puisque la rémunération qu’elles perçoivent à la fin de la journée ne leur sert qu’à manger.

    « Au cours de ces entretiens, les femmes autochtones se sont montrées dégagées et confiantes et nous ont fait part de leurs volonté de faire leurs propres champs » a déclaré Victorine Diaboungana.

    Outre les problèmes relatifs aux travaux champêtres pour leur autoconsommation, « certaines s’intéressent à apprendre des métiers comme la couture et la coiffure, mais elles n’ont pas de moyens financiers pour payer la formation.» a relevé Hortense Silas Bouanga, Présidente de l’Association Congolaise pour l’Intégration des pygmées (ACIP).

    Aucours des entretiens, d’autres problèmes ont été soulevés : à savoir l’habitat et la scolarisation des enfants.Parlant de l’habitat, les femmes ont expliquer que leurs maris n’avaient pas de moyens financiers pour construire des maisons en planches et sont donc obligés de se contenter des huttes.

    S’agissant de la scolarisation des enfants, les femmes aussi bien que les hommes ont souligné que les enfants veulent bien aller à l’école, mais les parents sont incapables de subvenir à leurs besoins quand ils quittent l’école. D’après les enseignants, ces élèves sont très intelligents mais ne sont pas pris en charge parce que les parents sont très pauvres.

    Par ailleurs, il faut aussi souligner le manque de volonté des autochtones à déclarer les naissances de leurs enfants afin d’obtenir des actes de naissance, qui selon ACIP, seraient gratuits pour eux. « En effet, les parents ne déclarent pas les naissances et même quand nous le leur demandons, ils n’ont pas la motivation. C’est pourquoi il faut beaucoup d’efforts pour qu’un plus grand nombre ait les actes de naissance » a expliqué Hortense Silas Bouanga.

    AZUR Développement et l’Association Congolaise pour l’Intégration des pygmées (ACIP) ont sensibilisé ces femmes autochtones de leurs droits entant que citoyennes congolaises et les ont encouragé à travailler aussi pour elles-mêmes afin d’être autonomes sur le plan économique.

    Des émissions radio à Brazzaville et à Sibiti sont prévues dans les prochaines semaines pour sensibiliser la population sur les questions relatives aux autochtones. Des actions spécifiques sur l’agriculture et l’appui au développement du leadership des femmes autochtones sont planifiées. Pour plus d’informations sur AZUR Développement, allez sur le site www.azurdev.org
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