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3 questions à... Rock Koubemba, Président de l'association des pré-collecteurs de déchets de Brazzaville



  • Rock Koubemba exerce depuis bientôt dix ans l’activité de ramassage des déchets à Brazzaville. Il emploie aujourd’hui 4 salariés et s’est fortement investi pour défendre les intérêts des pré-collecteurs de son arrondissement. Ses pairs l’ont élu à la présidence de l’association « Lisanga Pona Bopeto Ya Brazzaville » (LIPOB), qui regroupe les opérateurs de pré-collecte de déchets (OPC) de toute la ville.

     

    Quel a été l’apport du projet Filipa dans l’amélioration des conditions de travail des pré-collecteurs de déchets ?

    Avant le projet Filipa, nous étions appelés « Bana la Voirie », autrement dit « Les enfants de la poubelle ». Nous étions considérés comme des personnes inutiles et non fréquentables, et la majorité des pré-collecteurs portaient des cagoules pour ne pas être identifiés par la population. Lorsque nous étions victimes d’injustice ou de violences verbales et physiques, les autorités ne nous venaient pas en aide puisque nous n’étions pas reconnus, si bien que ce métier a longtemps été considéré comme une activité de survie qui nous permettait juste de subvenir à nos besoins primaires. Le projet Filipa a contribué à améliorer notre image auprès des autorités et de la population, et a posé les bases pour la professionnalisation de notre secteur d’activité à travers des formations et la prise en compte des risques sanitaires liés à notre métier (vaccination, équipement de protection individuel). Aujourd’hui, les OPC ont une autre perception de leur métier, ils ne se considèrent plus comme des marginalisés de la société mais plutôt comme de petits entrepreneurs.

     

    Pourquoi avoir mis en place une association de pré-collecteurs de déchets ?

    Brazzaville compte actuellement plus de 300 pré-collecteurs individuels qui travaillent dans les neuf arrondissements de la ville ; mais tous n’ont pas encore obtenu l’autorisation officielle d’exercice du métier délivrée par la mairie de Brazzaville. Face aux nombreux problèmes auxquels sont confrontés les OPC, nous avons pensé qu’il était important de nous regrouper en association pour mieux défendre les intérêts des pré-collecteurs vis-à-vis des autorités de la ville. La LIPOB accompagne essentiellement les OPC dans les démarches d’obtention des autorisations et l’organisation des campagnes de marketing du service dans les quartiers afin d’augmenter le nombre des clients. La cérémonie officielle de lancement de l’association a eu lieu en février 2019 en présence du premier adjoint au maire en charge de l’assainissement.

    Comment envisagez-vous la pérennité de la LIPOB après le départ du Gret ?

    La LIPOB compte à ce jour 129 membres. L’avantage de notre association est qu’elle n’est constituée à tous les niveaux que de pré-collecteurs qui sont actifs et ressentent ce besoin de regroupement car, dit-on, « l’union fait la force ». La LIPOB a été intégrée à la cellule communale de coordination et de suivi de l’activité de pré-collecte mise en place par la mairie de Brazzaville. À ce titre, nous nous retrouvons au cœur du débat et des prises de décisions en ce qui concerne le métier de pré-collecteur de déchets, renforçant ainsi notre reconnaissance par les autorités.

     

    En savoir plus sur le projet Filipa

    Visionner le spot video de promotion du service de ramassage des déchets

    Lire l’étude Accompagner les acteurs informels des déchets vers une reconnaissance sociale et professionnelle

    Suivre les activités du Gret au Congo

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