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Mariage d'enfants en milieu scolaire : du spectacle pour sensibiliser les populations



  • Le mariage précoce et les grossesses non désirées sont fléaux qui frappent les populations du sahel burkinabé depuis des décennies. Malgré les efforts des ONG et autres associations pour minimiser le phénomène, la situation demeure préoccupante. Il faut trouver d’autres astuces pour toucher la sensibilité de ses populations qui ne sont pas prêtes d’abandonner ces pratiques qui pourtant nuisent énormément à l’épanouissement de la jeune fille. Ce n’est pas étonnant que ce soit dans cette région que les cas fistules obstétricales sont les plus nombreuses aussi. L’utilisation du slam, du théâtre et autres spectacles seraient-ils plus porteurs ? C’est ce que tentent de faire les acteurs.

     

     En effet, le Collège Notre Dame du Sahel Suudu Andal, en partenariat avec l’Unicef/ Burkina et la Direction Régionale de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation du Sahel (DRENA/SHL), a organisé la 1ère édition de la grande nuit de la jeune fille du Sahel, le Samedi 21 janvier 2017 à Dori. Placée sous le haut patronage de son Excellence Monseigneur Laurent B. Dabiré, Evêque de Dori, le thème de la cérémonie était : "Mariage d’enfants et grossesses non désirées".

    Au cours de cette première édition de la grande nuit de la jeune fille du Sahel, au total neuf établissements scolaires de la Région ont rivalisé de talent dans l’unique et seule discipline slam. Ce concours slam portait sur la thématique des mariages d’enfants et des grossesses non désirées surtout en milieu scolaire.

     

    C’est par tirage au sort que l’honneur est revenu au lycée provincial de Dori de monter en premier sur le podium pour faire valoir ses compétences ou connaissances en slam. Chaque établissement disposait de cinq minutes, et dans la même logique de passage, les lycées provinciaux de Djibo et de Sebba ont emboité le pas.

    Après le passage du lycée provincial de Sebba, ce fut succesivement le tour du lycée provincial de Gorom Gorom, le lycée départemental de Gangaol, et le collège évangélique de Dori, tous représentés par des filles. Celles-ci ont donné le meilleur d’elles-mêmes au cours de leurs prestations.

    La pièce théâtrale de Abbé Urbain Wendkouni Ouedraogo, intitulée, "Mon école d’abord, le mariage ensuite" a été jouée par la troupe Suudu Andal. A l’appel des établissements pour le passage trois, le lycée municipal de Dori et le Collège Andal Seno étant absents, c’est le collège Suudu Andal du Sahel qui en profite pour séduire le public et le jury par l’excellence de sa prestation. Une prestation accompagnée d’une chorégraphie bien exécutée, sur fond sonore d’une guitare traditionnelle du sahel.

    Le public n’est pas resté indifférent et renforcé dans les ovations par l’écrasante majorité des élèves du suudu andal présentes à la cérémonie. Ensuite  ce fût le tour du lycée départemental de Dori et enfin du lycée privé Hama Arba Diallo. Pendant que le jury se retire pour délibérer, les trois meilleurs microprojets des filles sont présentés au public. Il s’agit de microprojets traitant de la problématique des mariages des enfants et des grossesses non désirées.

    De ces présentations, les filles ont énoncé les causes, les conséquences et éventuellement leurs solutions ou moyens pour faire face à ces fléaux. La mise en œuvre de l’ensemble des trois microprojets de ces filles nécessite la somme de 3millions Cent mille francs. Elles ont de ce fait émis le souhait que des bonnes volontés puissent leur apporter le soutien nécessaire pour la réalisation de ces microprojets qui leur tiennent à cœur. Tour à tour à la tribune, la marraine de la cérémonie, Alida Henriette Gonta Da aLeit merci aux acteurs et bienfaiteurs du Collège notre dame du Sahel Suudu Andal pour leur encouragement pour la cause de la jeune fille, quand on sait l’influence qu’ont les facteurs socio culturels sur l’éducation au Sahel et particulièrement celle de la jeune fille.

    Selon la Directrice régionale de l’éducation nationale et de l’alphabétisation du sahel, Angeline Neya/Domboué, pour relever le défi d’une éducation universelle de qualité dans la région, il est mis en place depuis 2014 un plan inter-agences qui regroupe l’Etat et ses partenaires. Dans le cadre de ce plan, plusieurs actions spécifiques en faveur des filles sont mises en œuvre avec l’accompagnement technique et financier de l’Unicef. Ce sont entre autres ; l’organisation d’une campagne de mobilisation sociale pour l’inscription et le maintien à l’école ; l’octroi de bourses aux filles issues de milieux défavorisés et la dotation en kits scolaires et en vélos. « Merci à Unicef qui unit ces filles du Sahel » a-t-elle conclu.

    Quant à Bernard Kitambala, chef de bureau Unicef Dori, son institution attend plutôt des resultats de ces filles. Il a félicité et encouragé les filles à se mettre au travail à l’école et les rassure du soutien de l’Unicef à l’éducation des filles et enfants au Burkina Faso. Et pour clore la série des allocutions, Monseigneur Laurent B. Dabiré, patron de la cérémonie a traduit toute sa reconnaissance aux acteurs du monde de l’éducation, l’administration, et aux parents d’élèves. Il a aussi encouragé les filles à persévérer à l’école car éduquer une femme c’est éduquer une nation. Cette nuit a également servi de cadre pour l’Evêque d’interpeller les uns et les autres à mettre fin à la pratique des mariages d’enfants et à promouvoir l’éducation des enfants, ceux-ci constituant des droits fondamentaux de l’enfant.

    A 20 Heures 22 min, le jury reprend place pour la délibération. Le respect du thème, la qualité rédactionnelle du texte, le rendement du texte et la prestation ou l’occupation scénique ont constitué les critères qui ont prévalu à la proclamation des résultats. Le trio gagnant se compose comme suit : Le Collège Suudu Andal, avec une moyenne de 15,40/20 reçoit un prix d’une valeur de 150 mille francs cfa ; Avec 15/20, le lycée privé Hama Arba Diallo lui, son prix estimé à 100 mille francs cfa ; et enfin le lycée départemental de Dori avec 14,80/20, obtient un prix évalué à 75 mille francs cfa. Les six autres établissements ayant pris part à la compétition ont chacun reçu des prix d’encouragement d’une valeur de 15 mille francs cfa. Rendez vous a été donné l’an prochain, pour la 2ème édition de la grande nuit de la jeune fille du Sahel.

    Bertrand Nignan
    Lefaso.net

     

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