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Conférence des Intellectuels d'Afrique et de la Diaspora



  • Première Conférence des Intellectuels d'Afrique et de la Diaspora
    Du 07 au 09 octobre 2004, Dakar – Sénégal

    Alors qu’il n’est aucune discipline, aucun domaine ou champ de connaissance où l’on ne compte des Africains parmi les sommités, l’intelligentsia africaine semble avoir beaucoup de mal à peser sur le cours de l’histoire africaine aujourd’hui. Tout se passe comme si la pensée africaine était en crise. La démobilisation des intellectuels après les «indépendances», qui avaient été pour beaucoup la ligne de mire, le caractère répressif des systèmes politiques mis en place dans beaucoup d’Etats, la prépondérance du Parti unique comme forme privilégiée de gestion de l’espace politique, le triomphe apparent du modèle néo-libéral après que se soit disloqué le bloc soviétique, etc. constitueraient autant de facteurs pour expliquer la crise ou, a tout le moins, la léthargie dans laquelle serait entrée la pensée africaine.

    Ce diagnostic a été contesté par des intellectuels africains réunis à Dakar les 2 et 3 mai 2004 à l’initiative de l’Union Africaine. Ils ont fait valoir, non sans raison, que la situation varie d’un point à l’autre du continent et d’une discipline à l’autre. S’agissant des disciplines, ils ont souligné qu’en histoire et en philosophie, des travaux décisifs ont été menés qui ont amené les Africains à réévaluer leur capital immatériel ou matériel et à retrouver confiance en soi et respect de soi, toutes attitudes indispensables pour entreprendre et réussir. Mais quand bien même ces avancées importantes justifient que l’on doive affiner le diagnostic, la vérité n’est-elle pas que la production intellectuelle africaine, en dépit de son volume, de sa richesse et de sa diversité, manque de visibilité et qu’elle n’est ni connue, ni reconnue, à quelques exceptions près ? La vérité n’est-elle pas qu’aujourd’hui les liens entre les intellectuels africains et les décideurs politiques sont plutôt ténus alors qu’on voit mal comment pourraient émerger les nouveaux paradigmes souhaités de tous sans qu’une alliance solide soit forgée entre les deux catégories d’acteurs ? N’y a-t-il pas urgence à trouver les moyens de libérer l’expression de l’intelligentsia africaine, sous toutes ses formes, une expression aujourd’hui étouffée, marginalisée chez elle et ailleurs sur un marché des idées où l’afro pessimisme fait recette, où les seules idées acceptées sont celles des classes dominantes ? N’y a-t-il pas urgence à faire en sorte que les intellectuels africains et ceux de la diaspora aujourd’hui atomisés, séparés, deviennent une véritable intelligentsia en inscrivant leur combat dans des perspectives de transformation, de libération de la dictature des urgences et des logiques de l’ajustement non maîtrisé ?

    A ces questions, l’Union Africaine répond par l’affirmative. Elle veut que l’Afrique pense son développement à travers des lunettes et grilles qui lui soient propres, en faisant appel à ses cerveaux d’ici et d’ailleurs et en donnant la primauté aux intérêts de ses populations autochtones ou de la diaspora. Pour cela, il est impératif que les intellectuels d’Afrique et de la diaspora osent penser, osent parler et se fassent entendre.


    Les thèmes suivants seront abordés et débattus à l’occasion de la réunion des intellectuels d’Afrique et de la diaspora.

    Thème 1: le panafricanisme au 21e siècle par Elikia Mbokolo, grand historien originaire de RDC. / Tony Martin

    Thème 2: la contribution des intellectuels d’Afrique et de la Diaspora à la consolidation de l’intégration africaine au 21e siècle par Mamadou Diouf, History -CAAS University of Michigan, USA. / Thandika Mkandawire


    Thème 3: l’identité africaine dans un contexte multiculturel par Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais. / Mahmood Mamdani

    Thème 4: la place de l’Afrique dans le monde par Théophile Obenga, historien, linguiste et égyptologue de renommée mondiale. Il vit aux USA et est originaire de Congo Brazza. / Samir Amin, économiste de renommée mondiale.

    Thème 5: les relations entre l’Afrique et ses diasporas par Molefi Kete Asante, Prof aux USA et africain-américain. Il est l'inventeur du concept d'Afrocentricité / Archie Mafeje, Department of Sociology, American University in Cairo, Egypt.

    Thème 6: l’Afrique, la science et la technologie: enjeux et perspectives par Henri HOGBE NLEND, mathématicien, Fondateur et premier Président de l'Union Mathématique Africaine. / Adigun ADE ABIODUN

    A cette importante rencontre sont attendus des universitaires, des historiens, des philosophes, des écrivains, des économistes d’Afrique et de la Diaspora etc. Les Prix Nobel de la paix Monseigneur Desmund Tutu et Frederik de Klerk et de Littérature Wolé Soyinka vont y prendre part.

    Source : Conférence des Intellectuels d'Afrique et de la Diaspora (CIAD)
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