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L'Okapi, la "girafe des forêts" rejoint le nombre croissant d'espèces menacées de la Liste rouge de l'UICN



  • La mise à jour de la Liste rouge de l'UICN met en évidence un sérieux déclin de la population de l'Okapi (Okapia johnstoni), un proche parent de la girafe, vivant uniquement dans les forêts tropicales de la République démocratique du Congo (RDC). L'espèce est aujourd'hui "En danger", proche de la catégorie la plus élevée de risque d'extinction, avec des effectifs en baisse dans son aire de répartition. Le braconnage et la perte des habitats naturels, ainsi que la présence de rebelles, de braconniers d'éléphants et de mineurs illégaux, sont les principales menaces à sa survie.

    "L'Okapi est vénéré au Congo comme un symbole national - il figure même sur les billets de banque en francs congolais," déclare le Dr Noëlle Kümpel, co-présidente du Groupe de spécialistes des Girafes et de l'Okapi de l'UICN, et gestionnaire du projet de conservation de l'Okapi de la Société Zoologique de Londres. "Malheureusement, la RDC a été prise dans la guerre civile et ravagée par la pauvreté pendant près de deux décennies, conduisant à une dégradation généralisée de l'habitat de l'Okapi et à l'augmentation de la chasse pour sa viande et sa peau. Soutenir les efforts du gouvernement pour lutter contre la guerre civile et l'extrême pauvreté dans la région est essentiel pour assurer sa survie".

    Selon la mise à jour de la Liste rouge, près de 200 espèces d'oiseaux sont maintenant "En danger critique", rencontrant le risque le plus élevé d'extinction. Le Râle à miroir (Sarothrura ayresi), un petit oiseau discret qui se reproduit en Ethiopie, au Zimbabwe et en Afrique du Sud, est la dernière espèce à rejoindre cette catégorie. La destruction et la dégradation de son habitat, comprenant le drainage des zones humides, la conversion des terres pour l'agriculture, l'extraction d'eau, le surpâturage par le bétail et la coupe de végétation dans les marais, l'ont conduit à cet état précaire. Une action urgente est maintenant nécessaire pour mieux comprendre l'écologie de l'espèce et répondre à ces menaces.

    Bien que la situation de la population mondiale de la Tortue luth (Dermochelys coriacea) - la plus grande de toutes les tortues vivantes - se soit améliorée, passant de la catégorie "En danger critique" à "Vulnérable", l'espèce continue à faire face à de graves menaces au niveau de plusieurs de ses sous-populations. La Tortue luth est une espèce unique, comportant globalement sept sous-populations biologiquement et géographiquement distinctes. La sous-population de l'océan Atlantique Nord-Ouest est abondante et en augmentation grâce à des initiatives de conservation réussies dans la région. En revanche, la sous-population de l'océan Pacifique Est, qui pond le long de la côte Pacifique des Amériques, et la sous-population de l'océan Pacifique Ouest, présente en Malaisie, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les Îles Salomon, sont toutes deux en forte baisse en raison d'importantes récoltes des oeufs et des captures accidentelles par les engins de pêche. Des efforts de conservation ciblés sont nécessaires pour éviter leur effondrement.

    Cette mise à jour de la Liste rouge de l'UICN apporte aussi de bonnes nouvelles pour certaines des espèces évaluées. Deux espèces d'albatros - l'une des familles d'oiseaux les plus menacées de la planète - sont maintenant à un plus faible risque d'extinction en raison de l'augmentation de leurs populations. L'Albatros à sourcils noirs (Thalassarche melanophrys) est passé de la catégorie "En danger" à "Quasi menacé" et l'Albatros à pieds noirs (Phoebastria nigripes) est passé de "Vulnérable" à "Quasi menacé". Les prises accessoires par les pêcheries sont la principale menace pour ces espèces.

    Le Renard gris insulaire (Urocyon littoralis), auparavant "En danger critique", a également vu son statut s'améliorer et est maintenant classé comme "Quasi menacé". Présent sur six des îles Channel de Californie, au large de la côte sud de la Californie, quatre sous-espèces de ce renard ont subi des baisses catastrophiques au milieu des années 1990, principalement en raison de maladies et de la prédation par des espèces non indigènes, comme l'Aigle royal. Les quatre sous-espèces ont maintenant récupéré ou approchent du seuil de récupération. Ceci est principalement dû à des actions de conservation réussies, engagées par le National Park Service des USA, membre de l'UICN, qui comprenaient l'élevage en captivité, la réintroduction, la vaccination contre les maladies canines et la relocalisation des aigles royaux.

    "Cette mise à jour de la Liste rouge de l'UICN montre quelques réussites de conservation fantastiques, dont nous devons nous inspirer pour les futurs efforts de conservation", indique Jane Smart, Directrice mondiale du groupe de Conservation de la Biodiversité de l'UICN. "Cependant, le message global reste sombre. Avec chaque mise à jour, tandis que nous voyons certaines espèces améliorer leur statut, un nombre beaucoup plus grand d'espèces apparaissent dans les catégories menacées. Le monde doit de manière urgente décupler ses efforts pour éviter cette dégradation". 
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