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Changement climatique : quand l'Afrique passe à l'action



  • Alors que la prochaine conférence internationale sur le climat de Paris approche à grands pas, les pays africains commencent peu à peu à livrer leur contribution, éclairée par le texte de l'ONU sur le climat. Réduction des gaz à effet de serre, électrification durable du territoire, exploitation d'un potentiel renouvelable considérable, les défis énergétiques sont nombreux dans des pays faibles émetteurs de CO2 mais premières victimes du réchauffement climatique.

    Publié fin juillet par la convention cadre des Nations unies sur le Changement climatique, le texte de négociation de la conférence de l’ONU sur le climat de Paris comprend plusieurs domaines de mesures dont l’atténuation, l’adaptation, la finance, la technologie, le renforcement des capacités ou la transparence de l’action et du soutien. Un texte qui fixe les grandes lignes de la lute contre le changement climatique et qui impose en plus des engagements concrets de la part de toutes les nations. Les contributions de chaque Etats développés ou en voie de développement sont en effet devenues obligatoires depuis la conférence de Lima et les pays africains n’échappent pas à la règle.

    Selon la décision de Lima, tous les États doivent réduire leurs gaz à effet de serre (GES) et sont invités à présenter leur contribution avant le mois d’octobre reprenant ainsi les points retenus dans le texte de négociation. A ce jour, sur 195 pays, seuls 60 États ont soumis leurs engagements, dont seulement 7 pays d’Afrique : le Gabon, le Maroc, l’Éthiopie, le Kenya, la République Démocratique du Congo, Djibouti et le Bénin.

    Le Gabon tout d’abord, est le premier pays d’Afrique à avoir publier officiellement sa contribution au mois de mars dernier. Il est couvert à 88 % par la forêt et absorbe 4 fois plus de CO2 qu’il n’en émet. Le gouvernement s’est donc s’engagé exclusivement sur ses émissions de gaz à effet de serre hors stockage de carbone (par la biomasse) et prévoit de réduire ses émissions de 50 % d’ici à 2025. Il souhaite également électrifier le pays à 80 % par l’hydroélectricité et à 20 % par le gaz, là aussi à l’horizon 2025.

    Le Maroc, pays organisateur de la COP22 s’est lui aussi voulu exemplaire et a présenté au mois de juin une contribution ambitieuse. Le royaume prévoit de réduire ses émissions de GES d’au moins 13% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010, et promet un investissement de 10 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Une somme indicative qui pourrait augmenter de manière considérable avec l’appui financier de la communauté internationale. La ministre de l’environnement estime en effet qu’un investissement global de 35 milliards pourrait permettre à son pays de diminuer ses émissions de 32%, et en appelle ainsi au Fonds verts pour le climat.

    De son côte, Addis Abeba s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 64% d’ici à 2030, une proportion record parmi tous les projets présentés jusqu’à présent et qui dénote ainsi d’une réelle volonté de bâtir un développement économique et social à la fois équitable, durable et respectueux de l’environnement. Le gouvernement éthiopien envisage selon ce plan climat de réduire ses émissions via le développement des énergies renouvelables, l’adoption de pratiques et de technologies propres dans l’agriculture, le bâtiment ou le transport, et le ralentissement du déboisement.

    Quatrième pays à avoir soumis sa contribution, le Kenya souhaiterait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % d’ici à 2030. Le pays se prépare à la neutralité carbone et sollicite pour cela 40 milliards auprès de la communauté internationale pour l’atténuation, l’adaptation et le transfert des technologies lors de la prochaine décennie.

    Le Bénin, un pays côtier de l'Afrique de l'ouest, parie sur la reforestation, face à l'avancée du désert un peu plus au nord. Eviter l'émission de 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone, c'est le chiffre avancé par les autorités qui se sont déjà engagés à mettre 2 milliards sur la table, en attendant là aussi un soutien financier international de la part notamment des pays les plus riches et plus gros pollueurs.

    La RDC quand à elle, mise sur l'atténuation pour réduire ses émissions de gaz à effets de serre d'environ 17% d’ici 2030, un plan pour lequel 21 milliards seront nécessaires. Enfin Djibouti, à l'est du continent, pays désertique et aride, annonce une réduction exceptionnelle de 40% de ses émissions de gaz à effet de serre, via le développement des énergies renouvelables.

    L'engagement de ces pays marquent un pas positif dans le défi de l'amélioration du climat mondial, particulièrement en Afrique où les effets du changement climatique sont les plus drastiques. En effet, si l’Afrique n'émet à elle seule qu'à peine 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle reste aujourd'hui la première victime de l'augmentation des températures mondiales et doit donc s'engager pleinement dans les énergies propres.

    Comme l'explique dans l'édition Afrique du Point, Seyni Nafo, porte-parole du continent africain à la 21e Conférence des Nations unies sur le climat en décembre à Paris, "non seulement l’Afrique est la région qui a le moins d’émissions de gaz à effet de serre et qui est la plus vulnérable, mais elle est aussi la région avec le plus grand potentiel d’énergies renouvelables et celle qui a le taux d’accès à l’énergie le plus bas". "L’énergie propre est le moyen le plus sûr et le plus rapide de développer le continent. Les énergies renouvelables et l’économie verte représentent le seul avenir sans pertes pour les pays développés et en développement" ajout-t-il.

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