Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) vient de publier un lexique d'écologie industrielle. Le jargon complexe longtemps exclusif au milieu de la recherche est maintenant vulgarisé pour les petites entreprises. Objectif : accélérer le métabolisme d'apprentissage - en 42 termes.
L'écologie industrielle est l'ensemble des pratiques industrielles qui reposent sur des processus dont la dynamique est la boucle de rétroaction, un système de production en circuit fermé. Les intrants d'une industrie deviennent les extrants d'une autre. La matière première devient déchet et le déchet devient matière première pour nourrir un processus de transformation. On oppose l'écologie industrielle à l'industrie traditionnelle qui opère, au contraire, dans une dynamique linéaire : matière première - transformation.
L'objectif du lexique intitulé " L'écologie industrielle en 42 mots " est de populariser le concept d'écologie industrielle. Voilà qui répond à la mission du CTTÉI : promotion de l'écologie industrielle et accompagnement des entreprises dans leur appropriation des principes associés.
Le CTTÉI a été créé des suites d'une collaboration entre le Cégep de Sorel-Tracy et d'organismes et d'entreprises de la région du Bas-Richelieu. L'objectif de cette collaboration est de contribuer à une transition graduelle de l'industrie vers de plus vertes avenues. Les partenaires ont misé " sur le développement de compétences des entreprises québécoises en matière d'écologie industrielle ".
Le lexique va plus loin sans trop s'éparpiller en listant un nombre de termes associés à la durabilité. On y parle par exemple de l'approche zéro carbone, de l'Agenda 21, d'écoconseil ou encore d'éco quartier. Ce sont des termes qui ne sont pas propres au langage de l'éco-industrie. Ce n'est pas le résultat d'une distraction du CTTÉI. La partie introductive du document explique que " le guide vise à présenter l'écologie industrielle comme un concept intégrateur des approches l'avoisinant ".
L'écologie industrielle n'est pas un jeune concept. Ses assises théoriques datent au moins des années 1960 alors que des chercheurs du MIT explorent l'interconnexion des systèmes industriels. On en parle depuis au moins 1989 quand un article dans Scientific American popularisa l'idée. Dans "Strategies for Manufacturing" (Stratégies de fabrication) Frosch et Gallopoulos proposent l'idée qu'un système industriel pourrait fonctionner comme un écosystème. Également en 1989, Robert Ayres développe le concept de "métabolisme industriel".
Préfixe Éco, écoproduit, éco-efficacité, technologie propre, gestion du cycle de vie ou analyse des flux sont certains des termes expliqués à l'aide d'exemples concrets qui peuvent faciliter l'assimilation de l'information.
Muriel Kearney, directrice générale de Perennia, une entreprise de " design durable responsable " reçoit bien l'annonce de la publication de ce lexique. Elle note que des termes comme " écodesign ", " écoconception " ou " design durable " font davantage partie du discours habituel que " design écologique ". L'inclusion de ce terme devient donc un avantage clair du lexique. En revanche, elle déplore le peu de place accordée au pôle social; " le parent pauvre du design durable " explique-t-elle. Pour Madame Kearney, " outre les retombées sociales liées à la fonction du produit, la préoccupation pour les questions sociales lors de la production est aussi à intégrer dans le processus du design durable et écoreponsable : équité salariale ou insertion des exclus en emploi par exemple ".
L'organisation du lexique est de facture originale. On n'y retrouve pas le traditionnel ordre alphabétique auquel nous sommes habitués. Hélène Gignac, Directrice générale du CTTÉI explique qu'il s'agit d' " une logique "familiale", c'est-à-dire que les démarches expliquées sont associées entre elles selon leur degré de parenté. Cette logique de présentation se retrouve également modélisée à l'intérieur d'une illustration schématisant les relations des différents concepts entre eux, et ce, selon leur niveau d'intégration de la pensée cycle de vie".
On pourrait parier que le lexique trouvera preneur chez les chercheurs. Le document est très bien référencé. Quelques 130 références bibliographiques sur quinze pages permettront à ceux qui veulent en savoir plus long d'assouvir leur curiosité. Une contribution appréciée sous forme de " take-back " dans le système fermé que représente parfois la communauté des experts en environnement. Il trouvera aussi preneur auprès de groupes-conseils tels que celui que dirige Sabine Kerner : iFact Conseil en gestion. Elle explique " qu'un tel lexique, bien que de nature très générale, s'avère un outil intéressant permettant à notre firme de développer un langage commun avec nos clientèles desservies; les entreprises comme les organismes publics ". En fait, Madame Kerner offre des services associés à certains termes du lexique; " nous travaillons par exemple au développement de synergies de sous-produits ".
Rares sont les lexiques en français dans le domaine. C'est un outil qui se révélera utile en ce sens. Il faut toutefois déplorer que certains termes demeurent en anglais tels qu'" Integrated Product Policy ".
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