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Haïti: le rôle des médias dans la reconstruction



  • Le journaliste haïtien Gotson Pierre, nommé « héros de l’information 2014 » par Reporters sans Frontières, a construit une centrale téléphonique mobile dans les camps de réfugiés pour que les personnes puissent accéder à Internet et partager leurs connaissances et leurs actions. En Italie, grâce à l’Organisation Non Gouvernementale Cisv, il parle de la communication sociale à Haïti et du rôle des Technologies de l’information et de la communication dans la reconstruction qui a suivi le tremblement de terre.

    Gotson Pierre aux Ateliers Corsare à Turin, avec Marco Bello et Alessandro Demarchi de Cisv.

    Article de Serena Carta et Francesca Consogno publié à l’origine sur le site de Ong 2.0

    «Nous sommes des journalistes professionnels intéressés par les questions sociales ». Voilà comment Gotson Pierre décrit son groupe de travail, composé de 12 journalistes et de divers collaborateurs. C’est avec eux qu’il gère depuis 2001 l’agence en ligne AlterPresse qui diffuse des informations sur le secteur tertiaire haïtien en donnant la parole à des organisations de la société civile. Voici son récit: «Nous partageons l’information avec et pour les citoyens qui luttent activement pour les droits de l’Homme et de la justice sociale, nous diffusons leurs points de vue et les rendons acteurs de l’actualité car les médias traditionnels ne s’intéressent trop souvent qu’aux représentants politiques ou aux personnes les plus en vogue sur la scène publique».

    AlterPresse fait partie du Groupe Médialternatif, la société de communication sociale qui gère toute une série de services d’information et de communication que Gotson Pierre et ses collègues mettent à disposition des organisations à but non lucratif à Haïti. Il s’agit principalement de services audiovisuels que les organisations demandent au groupe afin de documenter et de raconter les problèmes et questions propres à la société haïtienne à travers des images et une bande sonore.

    Les actualités, reportages et documentaires réalisés ont été rediffusés à la télévision, la radio et dans les journaux mais ils circulent surtout sur Internet. Le site d’AlterPresse compte plus de 20 000 articles et la page Facebook a quasiment 60 000 fans. «À Haïti, Internet a également facilité la communication et l’interaction entre les personnes», explique Gotson Pierre, qui souligne que ce sont les Haïtiens résidant à l’étranger (presque 2 millions contre 10 millions qui vivent sur l’île caribéenne) qui participent le plus à la vie interne du pays et ce, grâce à Internet.

    Grâce à la volonté de Gotson Pierre de rendre l’information accessible à travers Internet après le tremblement de terre survenu à Haïti, Reporters Sans Frontières a déclaré qu’il était « une source d’inspiration pour tous ceux qui luttent pour la liberté de la Presse ». Au lendemain du tremblement de terre de 2010, le journaliste a mis en place dans la capitale une centrale téléphonique mobile, structure itinérante équipée d’ordinateurs connectés à Internet qui, jour après jour, faisait le tour des camps de réfugiés (1,5 millions au total, selon les estimations). La centrale a été créée en 2003 au siège du Groupe Médialternatif, l’objectif étant d’enseigner l’utilisation adéquate des technologies de l’information et de la communication ; quand les locaux ont été détruits par le tremblement de terre, Gotson Pierre s’est dit que « si les personnes ne pouvaient pas se rendre à la centrale, ce serait elle qui irait à leur rencontre ».

    Avec un calendrier rempli de rendez-vous, jusqu’à l’année dernière, la centrale téléphonique mobile a fait le tour des quartiers de Port-au-Prince pour offrir non seulement l’accès à Internet mais aussi et surtout, un lieu de rencontre animé par des activités diverses, comme des cours d’alphabétisation informatique ou des rencontres thématiques proposées par des associations.

    Aujourd’hui, les centrales, qui ne sont plus mobiles, se sont implantées dans des endroits stratégiques de la capitale et de sa banlieue : une bibliothèque, un centre communautaire et un centre culturel dans un ancien camp de réfugiés transformé en quartier. L’objectif reste le même : créer l’accès à la connaissance et favoriser l’échange.

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