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3 questions à... Jean Jouzel, climatologue



  • ean Jouzel, climatologue, vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) présente le 25 mars le dernier volume du rapport Le climat de la France au xxie siècle consacré à l’étude du niveau de la mer (volume 5). Avec nous, Jean Jouzel revient, dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau, sur les scénarios climatiques par région française et leur incidence sur l’eau étudiés dans le volume 4. Cet avant-dernier volume du rapport dresse le tableau d’une France au xxie siècle plus chaude, sèche, avec, dans certaines régions d’outre-mer, des cyclones tropicaux plus intenses.

    Le rapport révèle, à l’horizon 2071-2100, une forte hausse des températures : on évoque des étés, à la fin du siècle, aux températures beaucoup plus élevées ( 5 °C). Quelles répercussions ces phénomènes vont-ils avoir sur la ressource en eau ?
    "La première incidence porte sur les précipitations. À travers ces simulations, on observe qu’il y aura moins de précipitations en été dans le sud de la France et que, dans la deuxième partie du xxie siècle, les sécheresses seront plus fréquentes. Cette diminution des précipitations, cette augmentation de l’évaporation vont poser plus de contraintes sur l’accès à l’eau. À l’inverse, l’hiver, il risque d’y avoir plus de précipitations sur la façade atlantique. Donc pas de problème d’approvisionnement en eau dans ces régions, mais un risque d’inondation. Dans tout le sud de la France, l’accès à l’eau sera plus difficile."

     

    Dans ce contexte de changement climatique, quelles sont les mesures à mettre en place afin de réduire la pression sur l’eau ?
    "La décision sur le barrage de Sivens devrait prendre en compte ces données de réduction de la ressource en eau. Il faut que chaque utilisateur, qu’il travaille dans le secteur agricole, de l’énergie ou dans le tourisme, ou qu’il soit simple usager, prenne en compte le problème de l’accès à l’eau. On le voit, il existe des tensions aujourd’hui sur l’accès à l’eau et elles risquent d’aller en s’accentuant dans la partie sud de notre pays. Le monde agricole doit avoir une réflexion sur l’eau car, à moyen terme, la diminution de la ressource en eau nous interroge sur la pratique de l’irrigation. La question est : est-on obligé de cultiver du maïs dans le sud de la France ? Pourquoi ne pas choisir une culture moins gourmande en eau ?"

     

    Autre point important, le rapport, pour la première fois, offre des projections climatiques dans les régions d’outre-mer. Quelles sont les leçons qui peuvent être tirées de ces données, notamment en ce qui concerne l’augmentation de l’intensité des cyclones tropicaux ?
    "Nous sommes très prudents sur le diagnostic outre-mer car, dans ces régions océaniques, le réchauffement est moins marqué. Mais, on a constaté que, dans les Antilles, les précipitations en saison sèche vont diminuer. L’autre point marquant est le risque plus fort de grands cyclones pourvoyeurs de précipitations importantes. Ces cyclones ne seront pas plus fréquents, mais probablement plus intenses et s’accompagneront de risques d’inondations, notamment dans les zones côtières."

    Source : Ministère

    [CdP21-climat]

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