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Gestion de l'eau et objectif du développement durable : du pompage solaire à la lumière qui dépollue !



  • L’eau ressource vitale en grande quantité, et pourtant si rare.

    L’eau recouvre la planète terre à plus de 70 % sous des formes diverses : eau douce ou salée, liquide ou glace, eau verte. Pourtant, 30% de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable[1]. Car sur la planète bleue, seule l’eau douce est viable. Or « étant inégalement répartie à travers le globe et son utilisation étant parfois gérée inadéquatement, certaines régions sont caractérisées par une rareté de l’eau ou sont déjà en pénurie (Afrique sub-saharienne, Proche-Orient, Midwest américain). Le manque d’eau sera de toute évidence un des problèmes les plus importants du 21e siècle »[2]. Les sècheresses, le stress hydrique, la désertification, les eaux polluées, les changements climatiques exacerbent cette situation. Le lac Tchad sensé alimenté près de 20 millions de personnes, a vu son niveau baissé si dangereusement (surface passée de 22000 km2 à 2500 km2), qu’il devrait bénéficier d’un projet de remplissage afin de préserver son rôle social et économique.

    Les récentes catastrophes pourraient aussi nous faire douter de cette rareté. La quantité d’eau qui apparait, associée à un système de canalisation insuffisant et constructions anarchiques, transforment l’eau source de vie, en moyen de destruction. En saison de pluie, Cotonou, la capitale économique du Bénin, est littéralement sous les eaux. Et pour cause, « Cotonou, ou marécage de la mort en langue locale, est un réservoir naturel d’eau »[3]. En Côte d’Ivoire, les populations ont rebaptisé leur commune Koumassi en « Koum-Beach », masquant avec ironie leur désarroi. En Sierra Leone, les inondations et les coulées de boue ont fait près de 400 morts. Le schéma se répète à travers la planète : Miami, Saint Martin, Haïti, etc.

    Face à une situation qui semble persistante de génération en génération, la population reste désemparée. Or cette eau abondante qui s’accumule dans les quartiers et les maisons pourrait au moins en partie être réutilisée pour d’autres usages.

    Une solution : Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement, objectif de développement durable n°6

    Pour l’ODD n°6, (…) l’enjeu est l’accès pour tous à une eau abordable, en quantité et en qualité, mais aussi à l’assainissement.  « Du fait d’économies déficientes ou de mauvaises infrastructures, chaque année des millions de personnes, des enfants pour la plupart, meurent de maladies liées à l’insuffisance de leur approvisionnement en eau et à un manque d’installations sanitaires et d’hygiène » (…), avec leur lot « d’impact négatif sur la sécurité alimentaire, sur les choix de vie et sur les chances en matière d’éducation pour les familles pauvres (…) », et le tissu économique.

    L’eau devient donc rare. « Pas parce qu’il y en a moins, mais parce que les besoins augmentent et parce que la qualité de la ressource se détériore et que des effets éventuels du changement climatique pourraient modifier sa disponibilité. (…) Cette rareté résulte en grande partie d’une mauvaise gestion : une gestion qui n’incite pas à utiliser l’eau de manière économe ; qui n’alloue pas systématiquement l’eau là où elle est le plus utile ; qui n’incite pas assez à préserver la qualité de la ressource[4] ».

    A Cotonou, un projet espère bientôt contribuer à canaliser cette eau afin qu’elle ne constitue plus un frein au développement économique et social de la ville. Le Groupe Sehomi espère relever un premier niveau de défi en développant une solution de pompage solaire qui permettrait d’assainir les zones inondées, et recycler ensuite l’eau des pluies pour des usages non sanitaires tels que le maraichage urbain, ou encore le nettoyage industriel. Ainsi, l’eau issue des inondations et perçue jusqu’à présent comme une menace pourra se transformer en une opportunité pour les populations. En ce sens, le recyclage de l’eau pourrait utiliser la technique de Marielle Yasmine Agbahougbata[5], qui consiste à dépolluer les eaux avec la lumière.

    Par Marie-Josée HOUENOU , Consultante projet développement durable et droit de l'environnement - et Romaric SEGLA , Consultant énergie et développement durables

    Bibliographie

    [1]Progress on Drinking Water, Sanitation and Hygiene: 2017 Update and SDG Baselines. Geneva: World Health  Organization (WHO) and the United Nations Children’s Fund (UNICEF), 2017. Licence: CC BY-NC-S A 3. 0 IG

    [2]Water scarcity, International Decade for Action “Water for Life” 2005-2015, Département d’économie et des affaires sociales des Nations unies  -http://www.un.org/waterforlifedecade/scarcity.shtml

    [3] « Inondation : Cotonou ou le gros marécage urbain du Bénin ?»,  https://beninwebtv.com/2016/10/inondation-cotonou-gros-marecage-urbain-benin/

    [4]Allocution d'Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE, devant le Conseil Économique, Social et Environnemental (France) lors de la conférence "Les Instruments Économiques, Financiers et Fiscaux de la Gestion de l’Eau en France et dans le Monde", 2010.

    [5] Vainqueur du concours 2017 « Ma thèse en 180 secondes » https://www.auf.org/nouvelles/actualites/marielle-yasmine-agbahoungbata-laureate-de-finale-beninoise-concours-mt-180/

    [6] Projet « Pompage solaire mobile », site http://www.sehomi.com/energies/pompage-solaire-mobile/

    Crédit photo : Inondation à Cotonou en octobre 2016 - Crédits : Benin Web TV

     A propos de l'initiative

    L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles publiés et relayés sur le portail Médiaterre de même que sur les réseaux sociaux.

    Ce projet est mis en œuvre par l’Institut de la Francophonie pour de Développement Durable (IFDD) et Les Offices Jeunesse Internationaux du Québec (LOJIQ) grâce au soutien financier du gouvernement du Québec et en partenariat avec l’Association de Soutien à l’Auto Promotion Sanitaire et Urbaine (ASAPSU) porteuse du groupe Jeunesse Francophone pour le Développement Durable (JFDD).

    "Consultez le dossier Médiaterre de l'Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques [IJLCC]"

    [IJLCC]

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