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La brocante: quand l'Afrique devient une décharge géante



  • Par: Agnès Béatrice BIKOKO

    C’est l’activité économique qui a pignon sur rue en Afrique. Les marchés sont inondés des produits de « cinquième main » en provenance de l’Europe, de l’Asie et d’ailleurs. Ils étouffent l’économie et transforment l’Afrique en un vaste dépotoir au vu et su de tous. Ici, les gens et surtout les femmes apprécient beaucoup ces produits pourtant « vieux »,  et les trouvent même très durables, par rapport à ce que leur proposent les entreprises locales.  Les autorités complices du scandale ne font rien, au contraire, elles semblent même très satisfaites de la situation. Car disent-elles, l’activité est rentable et permet à des familles de subvenir à leurs besoins. Quelle aberration !

    Faites un tour au quartier Essos à Yaoundé, Capitale politique du Cameroun ou encore au marché central de Douala, Capitale économique du Cameroun pour apprécier le scandale. Vous êtes très vite marqué par ces boutiques d’un nouveau genre remplies d’articles encombrants en occident, mais très prisés chez nous ici en Afrique. Leurs marchandises, des produits trop vieux et dangereux pour l’environnement.

    Beaucoup de ces articles ; Ustensiles, meubles et mobiliers d'intérieur, électroménagers, automobiles, consommables informatiques, vêtements, et parfois même des bijoux à moitié prix, en provenance de l'Europe ou des USA sont des machines à polluer. Sans contrôle, elles déversent leur poison dans la nature à longueur de journée, affectant l’homme et son habitat. Ils sont exclus du circuit économique parce que très dangereux et très nocifs pour la santé et l’environnement car ne respectant plus certaines normes. Ils sont déversés en Afrique sans aucune censure, preuve de la fragilité, voire de l’inexistence d’organe de régulation, de contrôle ou de répression. Des lois existent pourtant. Des conventions sont signées. Mais aucune mesure d’application. De l’avis d’un responsable de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (Ccima) «Ces produits sont rejetés par l’Occident., Ils doivent aller dans les poubelles, pas dans des maisons camerounaises», se désole-t-il sous anonymat. C’est pourtant dans ces «poubelles» que les plus démunis vont se ravitailler, en espérant acheter un objet «moins cher et qui tiendra plusieurs années».

    Mais à qui la faute ? Que faire lorsque nous sommes dans des pays à très forte tendance de mendicité économique ? Des économies non diversifiées et essentiellement extraverties. Des économies de consommation, sans véritable tissu industriel et pourvoyeuses de matières premières, celles où le secteur informel embauche. Comment établir les responsabilités si le coupable est lui-même son propre juge ?

    Dans une situation de précarité très poussée, lorsque l’humanité cède sa place sans résistance à la crédulité sur l’autel des intérêts égoïstes et personnels, l’homme cesse d’être au centre des préoccupations et c’est l’environnement qui prend un coup. La solution se trouve peut-être dans les politiques à mettre en place avec un fort penchant vers la bonne gouvernance. Dans ce domaine, il faut dire que les Etats Africains ont du pain sur la planche.

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