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Le bâtiment devient connecté : Quels impacts pour la filière et quels potentiels retours sur investissement ?



  • En France, le bâtiment représente plus de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Comment atteindre l’objectif de réduction de la consommation finale du bâtiment de 50 %  en 2050 ?

    Trois spécialistes de la filière ont donné leur point de vue à l’occasion d’une table ronde intitulée « le bâtiment devient connecté : quels impacts pour la filière et quels potentiels retours sur investissement? » : Adrien Sanchez (Responsable du pôle Ingénierie Environnementale et Energétique de Bouygues Bâtiment IDF) ; Marc de Nomazy (Directeur Maîtrise d'Ouvrage et HSE de TELMMA Property Group) et Thomas Albisser (Président et co-fondateur, directeur technique HOP-CUBE). 

    Pourquoi cartographier les constructions d’hier et d’aujourd’hui ?

    Adrien Sanchez : Nous répondons aujourd’hui à une demande du marché. Nous avons désormais accès à une masse importante de données susceptibles de devenir de l’information. Les matériaux eux-mêmes génèrent aujourd’hui de la data ! Cette évolution impacte considérablement nos métiers. Le BIM mobilise chez nous 4 personnes à plein temps sur un effectif de 700.

    Marc de Nomazy : Nous entrons dans l’ère du Big Data. L’enjeu ? La collecte ! Passer à la télé relève à tous les niveaux faciliterait les optimisations, les comparaisons et surtout, la gestion fine du bâtiment à chaque étape de son cycle de vie. Nous passerons d’ailleurs du Big Data par domaine au Big Data par usage.

    Thomas Albisser : L’agrégation des données est d’autant plus au centre des préoccupations que la numérisation des bâtiments ne concerne pas uniquement des bâtiments neufs. On imagine facilement une construction neuve et ses capteurs connectés mais qu’en est-il du parc immobilier existant ? Par ailleurs, les nouveaux outils technologiques (capteurs, plateforme, etc.) devront s’inscrire dans la durée pour coller à la durée de vie du bâtiment.

    Pourquoi et comment passer du simple monitoring à l’analyse fine des données ?

    Adrien Sanchez : L’objectif principal, c’est la création de valeur. Il faut dépasser le côté “gadget” de l’objet connecté pour mobiliser les acteurs. C’est d’information, de savoir dont nous avons besoin. Le numérique dans le bâtiment, c’est d’abord et avant tout un outil d’aide à la décision. Évaluer le cycle de vie carbone d’une construction par exemple, c’est avoir une vision globale des impacts générés. On rend possible la réalisation d’économies tant monétaires qu’environnementales à chaque étape de la vie d’un bâtiment.

    Marc de Nomazy : L’interopérabilité est la clef de la réussite de la transition numérique des bâtiments. C’est l’interconnexion des données captées en continu sur les biens, croisées avec celles issues des matériaux et celles fournies par leurs occupants qui rend l’information tangible et exploitable. De nouveaux critères de valorisation d’un bâtiment deviennent disponibles : sa valeur verte, sa valeur d’usage, sa consommation par rapport à un autre bâtiment, etc.

    Thomas Albisser : Les objets connectés par exemple rendent l’information concrète et exploitable en temps réel. Mais c’est surtout en analysant cette information collectée grâce aux plateformes et donc en la rendant intelligible et utile qu’on parviendra à sensibiliser les parties prenantes et à les mobiliser sur le long terme. L’enjeu, c’est de créer du lien et donc, du sens entre tous les indicateurs disponibles. Le niveau de formation des utilisateurs à ces nouveaux outils numériques (dont les nouvelles plateformes d’analyse) et de compréhension de leur utilité est un des facteurs clés de succès de cette transformation numérique.

    Quels sont les enjeux des solutions numériques de demain ?

    Adrien Sanchez : L’évolution des usages est si rapide que nous aurons très vite besoin de spécialistes formés aux enjeux du secteur.

    Marc de Nomazy : La question de la fiabilité de l’information délivrée est essentielle. La certification des données collectées par des organismes tiers voire à terme, leur standardisation et leur normalisation sera cruciale.

    Thomas Albisser : On est en droit de se demander s’il est vraiment utile et nécessaire de fournir à tous les acteurs le même degré d’information. Se pose la question de l’Open Data ! Au-delà de la confidentialité des données, c’est surtout la pertinence de l’information qui est en jeu et in fine, la mobilisation des acteurs. Ajuster l’information à l’intérêt de chacun serait plus judicieux.

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