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L'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient de publier son rapport 2016 sur les perspectives des technologies de l'énergie



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    L’Agence internationale de l’énergie (AIE) publie chaque année une étude analytique et prospective mondiale à long terme de l’énergie, en lien notamment avec l’innovation et les nouvelles techniques de l’énergie. Le rapport est intitulé « Perspectives des technologies de l’énergie » et cette année il est sous-titré « Vers des systèmes énergétiques urbains durables ».

    L’étude « ETP 2016 » part du principe que l’Accord de Paris, conclu lors de la CO21, peut inverser les tendances non durables du système énergétique mondial actuel, à condition que des actions politiques fortes soient prises rapidement pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le rapport de 418 pages s’attache en particulier aux travaux de recherche, développement, démonstration et déploiement (RDD&D) permettant de décarboner l’économie mondiale.

    La transition énergétique en zone urbaine fait l’objet d’un focus car les villes se révèlent être au cœur de cet effort de décarbonation : elles contribuent à hauteur de 80% du PIB mondial, elles sont à l’origine de 65% de la demande d’énergie et de 70% des émissions de CO2 liées à l’énergie. L’étude de l’AIE considère qu’une planification durable de l’énergie pour les villes permettrait, au niveau mondial, d’économiser 1 800 Mtep d’énergie d’ici 2050 et de réduire globalement de 50 000 milliards de dollars les factures énergétiques des consommateurs urbains d’ici 2050. 

    Par ailleurs, l’AIE souligne que la COP21 a été accompagnée de plusieurs initiatives internationales, comme « Mission : Innovation » ou « Breakthrough Energy Coalition », qui changent la donne en matière de soutien aux investissements bas carbone. La baisse des prix des énergies fossiles depuis mi-2014 a permis, au niveau mondial, de réduire les subventions à ces formes d’énergie et d’accélérer le déploiement de mécanismes de tarification du carbone. Malgré cette baisse, les niveaux d’investissement pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique demeurent très dynamiques.

    L’AIE modélise le système énergétique mondial de façon à présenter, notamment aux décideurs politiques, des projections quantitatives (et non des prédictions) jusqu’en 2050, sur la base de trois grands scénarios (complémentaires à une autre étude prospective de l’AIE, à moins long terme, désignée par « WEO » ou « World Energy Outlook ») :
     

    • « ETP 2DS » (2 Degree Scenario), scénario privilégié par l’AIE et sur lequel se focalise le rapport ; ce scénario est compatible avec une limitation (à au moins 50% de probabilité) d’une hausse de température ne dépassant pas 2°C, grâce à une baisse des émissions mondiales de GES de près de 60% en 2050 par rapport à 2013 ; en cumulé de 2013 à 2050 ces émissions atteignent malgré tout 1 000 milliards de tonnes de CO2.
    • «  ETP 4DS » (4 Degree Scenario), qui tient compte des promesses récentes faites par les pays pour limiter leurs émissions et améliorer leur efficacité énergétique, dans le but de limiter la hausse de température à 4°C, ce qui occasionnerait cependant des dégâts considérables à la Planète. 
    • «  ETP 6DS » (6 Degree Scenario), qui est un scénario tendanciel d’ici 2050 (« Current policy scenario » dans le WEO). Sans efforts supplémentaires à ceux déjà mis en œuvre, les émissions augmenteraient de 60% d’ici 2050 pour atteindre, en cumulé sur la période, 1 700 milliards de tonnes de CO2, ce qui aurait un effet dévastateur en terme de réchauffement et de dérèglement climatique.

    Sur cette base, l’AIE formule diverses recommandations à l’intention des décideurs politiques ou industriels ainsi qu’aux collectivités territoriales. Celles qui suivent sont de portée assez générale mais concernent plus particulièrement le développement de l’énergie durable dans les villes.
     

    • Améliorer l’adéquation des structures réglementaires et des innovations technologiques pour favoriser le développement de technologies et de modèles d’entreprises, nouveaux et innovants, au sein des systèmes énergétiques urbains.
    • Accroître la capacité des collectivités territoriales à mettre en œuvre des politiques énergétiques durables et efficaces, le cas échéant en élargissant les compétences de ces collectivités.
    • Accroître la capacité des collectivités territoriales à générer des revenus et à accéder à des financements à coût réduit pour soutenir leurs efforts à engager des programmes énergétiques durables et des projets d’infrastructures.
    • Encourager l’aptitude des collectivités territoriales à mettre en œuvre une planification intégrée de l’aménagement du territoire et des transports ainsi qu’une planification énergétique durable, grâce à des programmes de « capacity-building » financés au niveau national ; ces programmes gagneraient, à leur tour, en s’inspirant des pratiques des organisations internationales.
    • Instituer, quand elles n’existent pas déjà, des « chambres de compensation » (clearing houses) institutionnelles favorisant dialogue et coordination entre les exécutifs nationaux et locaux, ainsi qu’avec les autres parties prenantes du secteur de l’énergie, l’objectif étant d’identifier les défis relatifs à l’accélération de la transition énergétique en zone urbaine et de débattre sur des solutions nouvelles.

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