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En direct de Lima - Le genre dans les négociations sur le climat - passer d'un traitement secondaire à un dénominateur commun



  • Il y a deux ans à Doha, la COP18 a adopté des décisions qui ont marqué un changement important dans la prise en compte du genre dans les négociations sur le climat. Jusqu’alors, les questions relatives à l'égalité étaient secondaires par rapport aux «Autres questions d’importance » de l’agenda, et celles-ci manquaient donc d’un espace officiel de discussion. Alors quoi de neuf pour Lima? ENERGIES 2050 estime qu'il est temps de repenser l'égalité non pas comme une question secondaire, mais comme une partie intégrante des solutions pour lutter contre le changement climatique.

    Femmes au travail au Mali. Photo : ENERGIES 2050

    La conférence de Doha 2012 a adopté une décision portant spécifiquement sur la promotion de la parité des sexes et l'amélioration de la participation des femmes dans les négociations de la CCNUCC et dans la représentation des Parties. L’établissement d’un cadre et programme de travail complets sur le genre pour mettre en œuvre cette décision reste en discussion. Depuis Doha, un créneau régulier dans l'ordre du jour de la Conférence des Parties a été alloué à l'égalité et au changement climatique, créant ainsi un espace dédié à la discussion. A Lima, un atelier présentant le leadership des femmes sur l'action climatique aura lieu ainsi qu'une réunion de haut niveau sur le genre et le changement climatique, dans le cadre du «Jour du genre» qui aura lieu le mardi 9 Décembre.

    A quel point l'examen de l'égalité des sexes est-il intégré dans les négociations sur le climat? En ce qui concerne la CCNUCC elle-même, la proportion de femmes dans les différents organes et délégations de pays est maintenant surveillée. Un rapport annuel compilé par la CCNUCC montre qu'en 2014, la proportion de femmes dans ses organes principaux se situe entre 10% et 43%. Par rapport à 2013, les résultats sont mitigés, avec une augmentation de la représentation pour certains organismes (par exemple de 5% pour le Comité de l'adaptation et de 10% pour le Comité permanent des finances), et un changement nul pour d'autres - et même une diminution dans certains cas. Parmi les délégations des pays, 36% des délégués à la conférence de Varsovie étaient des femmes, soit une augmentation de 7% par rapport à la conférence de Doha en 2012. Sur les différentes thématiques abordées par la CCNUCC, les approches sensibles au genre gagnent progressivement l'attention - par exemple dans les programmes de travail sur l'adaptation - mais de telles discussions doivent être transformées en décisions et pratiques concrètes.

    Ces développements depuis Doha découlent de l'accord global entre les Parties stipulant que l'égalité des sexes et les droits des femmes sont nécessaires pour agir efficacement sur l'atténuation et l’adaptation au changement climatique. Alors que les négociations s’ouvraient à Lima, les représentants de la société civile s’exprimant au nom du Groupe femmes et égalité de genre ont appelé à une décision concernant le genre et le changement climatique qui encouragerait une politique climatique sensible au genre. Ils appellent également à l’intégration de l'égalité des sexes dans le texte du nouvel accord sur le climat comme principe directeur.

    ENERGIES 2050 - une ONG basée en France et travaillant à l'échelle internationale sur la transition vers un avenir durable et équitable - estime qu'il est important de reconnaître le genre comme une question transversale en considérant donc sa place dans tous les aspects des actions liées au changement climatique, y compris l’atténuation, l'adaptation, le financement et le renforcement des capacités. La même chose est bien sûr vraie pour le programme plus large du développement durable, qui ne peut réussir sans la consultation et la participation de tous les acteurs, et certainement pas sans la participation des femmes. En fait, remettre ce point en question serait même absurde.

    En Octobre 2013, le Réseau francophone pour l’égalité Femme-Homme a été fondé – sous couvert de l'Organisation Internationale de la Francophonie (une institution rassemblant 77 membres provenant des cinq continents). Ce réseau a été lancé par des représentants de plus de vingt pays, avec l'objectif commun de contribuer à la promotion de l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes. En tant que membre du réseau, ENERGIES 2050 partage pleinement cette vision et la considération de l'égalité des sexes est une partie intégrante de notre mission et de nos activités. Nous savons tous que les femmes jouent un rôle clé dans la transition vers le développement durable. Par exemple, il n'y a aucun sens à continuer de discuter de l'agriculture familiale dans les négociations si nous ignorons les problèmes de propriété foncière pour les femmes ainsi que les activités génératrices de revenus et l'éducation pour les femmes et les filles.

    Donc, que nous nous tournions vers les négociations de la CCNUCC et la politique climatique internationale, ou vers les activités d’atténuation et d'adaptation sur le terrain, l'égalité des sexes et les droits des femmes doivent être systématiquement pris en compte comme dénominateur commun et partie intégrante de ces différentes activités - et certainement pas comme un ajout, ou pire encore, une réflexion après coup.

    Le Réseau francophone pour l’égalité Femme-Homme

    Genre et changement climatique - CCNUCC

     

    [CdP20-climat] 

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