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Suspension du Commerce Global de l’Ivoire Approuvée



  • L'ADOPTION DE LA SUSPENSION DU COMMERCE GLOBAL DE L’IVOIRE : L’AVENIR DES PACHYDERMES D’AFRIQUE ENCORE INCERTAIN

    Informations soumises par le Réseau pour la Survie des Espèces (Species Survival Network ou SSN)

    LA HAYE – 14 juin 2007 — Les délégués des gouvernements ont adopté aujourd’hui un document de compromis permettant de conclure le débat continental fortement controversé concernant l’avenir de la conservation des éléphants et le commerce international de l’ivoire d’éléphants. Après deux semaines de délibérations intenses, de réunions à huis clos, et d’interventions ministérielles, les Parties ont accepté un plan permettant la vente des stocks actuels du Botswana, de la Namibie, de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe, tout en instituant un moratoire sur le commerce de l’ivoire d’au moins neuf ans après cette vente.

    « Ceux qui ont pris la décision CITES sont lassés des débats concernant le commerce de l’ivoire d’éléphant, sources de discorde. Ce message doit être entendu par toute la planète aujourd’hui, par ceux qui braconnent tout comme par ceux qui en profitent » a déclaré Will Travers, Président exécutif de la Fondation Born Free et Président du Réseau pour la Survie des Espèces. « Nous sommes certes déçus par le fait que la vente des stocks aie été autorisée, mais nous sommes également heureux que les Parties aient écouté les douzaines d’Etats de l’aire de répartition de l’éléphant, unis sous la direction du Kenya et du Mali, et aient finalement accepté un moratoire sur le commerce de l’ivoire. »

    L’événement, annoncé au milieu de la nuit de mercredi, a ouvert un nouveau chapitre dans les débats sur l’ivoire, se déroulant depuis des dizaines d’années à la Convention sur le Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). L’embargo sur le commerce de l’ivoire, qui a permis d’améliorer de manière conséquente la sécurité des éléphants au début des années 1990, a été délibérément soumis à une érosion soutenue pendant la dernière décade. Travers, commentant les discussions, a déclaré : « les négociations ont été longues et implacables, et si les deux côtés peuvent actuellement se féliciter du succès obtenu, le vrai test sera l’impact qu’elles auront sur les populations les plus fragiles d’Afrique ».

    En dépit des efforts des diverses réunions de dialogue des Etats de l’aire de répartition de l’éléphant pour atteindre un consensus, le débat a divisé les Etats africains de l’aire de répartition de l’éléphant en quelques Etats demandant fermement un relâchement de l’embargo sur le commerce, et un grand nombre d’Etats ne disposant pas des ressources nécessaires, avec une population vulnérable d’éléphants, plaidant en faveur de programmes de conservation à l’échelle du continent.

    Depuis 1997, les Parties ont largement accepté la maintenance de l’embargo global sur le maintien d’un commerce licite de l’ivoire, mais ont cependant adouci leur décision en permettant un commerce limité de stocks d’ivoires contrôlés. Les membres du Réseau pour la Survie des Espèces, cependant, n’ont cessé d’exprimer leurs inquiétudes concernant ces ventes des stocks, puisqu’il est impossible d’évaluer de manière exacte les impacts cumulatifs d’un commerce licite sur les éléphants.

    Mary Rice, de l’Agence d’Investigation environnementale (EIA), a demandé : « les ventes des stocks approuvées au cours de cette CdP seront-elles un feu vert pour le braconnage et le crime organisé, ou est-ce que ce sera une période de repos offrant aux éléphants africains une ère de stabilité et de sécurité, et une amélioration de l’application des lois sur les espèces sauvages ? »

    On peut cependant se demander ce que cette “période de repos” signifiera réellement pendant ces neuf années. Le document de compromis signale que les propositions de commerce venant de pays ayant des populations d’éléphants déjà inscrites à l’Annexe II de la Convention ne seront pas considérées. Cela ne s’applique donc qu’au Botswana, à la Namibie, à l’Afrique du Sud et au Zimbabwe. Le SSN se demande si cela signifie que la trentaine d’autres pays africains ayant des éléphants pourra continuer à demander le transfert de leur population à l’Annexe II et soumettre des propositions de commerce d’ivoire.

    “Malheureusement », a conclu Travers, « j’éprouve l’angoissant sentiment que nous devrons encore débattre de propositions sur le commerce de l’ivoire durant cette période de repos – bien qu’il me semble que les Parties estiment que cela ne devrait pas être le cas. Cependant, nous espérons que les pays qui ont encore des éléphants inscrits à l’Annexe I respecteront l’esprit de la décision prise aujourd’hui par les Parties, et résisteront à la tentation de demander le commerce de l’ivoire »

    Le SSN et ses membres vont néanmoins poursuivre leur engagement à répondre aux besoins des Etats africains de l’aire de répartition de l’éléphant et aux défis auxquels ils font face pour la conservation des éléphants. On doit espérer que cette période de repos, pour laquelle tant de personnes ont travaillé, sera riche en actions de conservation des éléphants au bénéfice de la vraie conservation. »

    Pour obtenir plus d'informations, veuillez contacter :
    Alice Stroud,
    Coordinatrice, Bureau Régional de l’Afrique Francophone
    Species Survival Network – www.ssn.org
    421 Jefferson St; Klamath Falls, OR 97601; USA
    Phone/Fax: +1 541 850 9868 (GMT – 8 hours)
    alicestroud@ssn.org
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