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Le CICR en partenariat avec les autorités guinéennes pour améliorer l'accès à une eau de qualité pour les populations civiles



  • Cet article a été co-rédigé avec Laurent-Thomas Poli du département Eau et Habitat du CICR

     

    La Guinée subit actuellement une crise socio-économique importante et reste, comme l'ensemble des pays de la sous-région, encore soumise, au vu des récents événements, aux aléas politiques. Les pays du secteur ne sont donc pas à l'abri de crises importantes. En Guinée, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) vise à accompagner la transition politique du pays, à assurer des conditions de détention dignes et humaines ainsi qu'à prévenir et, le cas échéant répondre, à d'éventuelles crises ou situations de violence affectant la population civile. Dans le domaine de l'eau, son action est primordiale.

     

    Bien que les ressources en eau soient abondantes dans le pays, la réalisation, l'entretien et la maintenance d'infrastructures adéquates souffrent du manque de ressources financières tandis que les besoins sont gigantesques. Ainsi, de manière globale, seul 20% de la population guinéenne a accès à une eau de qualité. La Société des Eaux de Guinée (SEG) et le Service National d'Aménagement des Points d'Eau (SNAPE) sont les organes publics responsables de l'approvisionnement en eau potable, respectivement en zone urbaine et en zone rurale. Ils dépendent du Ministère Guinéen de l'Énergie et de l'Environnement. Bien que conscientes des besoins et de bonne volonté, ces entités doivent faire face à de nombreux problèmes internes (communication, gestion,...) comme externes, généraux au pays (possibilités financières limitées, moyens de transports problématiques,...).

     

    A travers son département Eau et Habitat, le CICR travaille en étroite collaboration avec ces deux organismes afin d'améliorer l'accès de la population civile à une eau de qualité. Les zones de projets sont définies à la fois sur la base des priorités des autorités et des objectifs et critères d'évaluation du CICR.

     

    Au niveau urbain, le CICR dimensionne, finance et supervise la construction de projets visant à améliorer la quantité d'eau de qualité disponible. Ces projets touchent à l'augmentation de la capacité de production (réalisation et raccordement de nouveaux forages, amélioration de prises d'eau, réhabilitation de stations de pompage, raccordements électriques), l'amélioration de l'accès direct à la population (extensions de réseaux, mise en place de bornes fontaines, réservoirs), sans oublier l'aspect sur la maintenance et l'entretien des éléments des réseaux de production/distribution, notamment par le biais de formations nationales réalisées en collaboration avec l'Office International de l'Eau (OIEau) de Limoges.

     

    En matière d'approvisionnement en eau potable en milieu rural, le CICR réalise des forages et les équipe de pompes à motricité humaine ou réhabilite d'anciens points d'eau. Le SNAPE, quant à lui, forme les comités villageois de gestion des points d'eau et veille aussi à la bonne gestion des artisans réparateurs présents dans chaque sous-préfecture.

     

    Ainsi, en 2011, plus de 70 000 habitants de 5 zones urbaines hors Conakry ont bénéficié du partenariat mis en place entre la SEG et le CICR. Le CICR incite en outre la SEG à améliorer ses prestations, encourageant notamment la pose de compteurs et l'entretien des réseaux de distribution. Avec le développement de ce partenariat et, la situation socio-politique semblant se stabiliser, la SEG est de plus en plus mise à contribution dans le cadre des projets réalisés par le CICR. Le CICR se tourne plus vers la fourniture de matériel de qualité, ensuite installé par la SEG. Cela nécessite bien entendu une planification sur le moyen terme, une transparence dans le dialogue ainsi qu'une relation de confiance et de respect mutuel. En 2012, des fournitures de matériel ou des réalisations sont en cours ou prévues pour les villes de Dubréka, Kissidougou, Pita et Siguiri.

     

    Le programme d'hydraulique rurale 2011 en Guinée concernait la réalisation de 40 forages et la réhabilitation de 100 forages existants. Il a permis de réaliser une source d'eau potable pour 13 villages qui n'en possédaient aucune, de faire passer le taux de desserte moyen de 992 à 478 pers/forage dans les zones où des forages ont été réalisés et de faire passer la quantité moyenne d'eau potable disponible de 11.8 l/pers/jour à 25.8 l/pers/jour pour les 119 225 personnes bénéficiaires. Le programme 2012, en cours de finalisation, inclut la réalisation de 20 nouveaux forages et la réhabilitation de 30 points d'eau existants, concernant ainsi environ 50 000 personnes.

     

    Des études sur la durabilité des projets réalisés sont en cours, notamment à travers un suivi régulier des projets mis en oeuvre par le passé.

     

    En zone rurale, bien que les populations bénéficiaires de projets aient conscience de l'importance d'une source d'eau de qualité proche du village (diminution des problèmes gastriques, gain de temps pour les femmes et les enfants), la maintenance des pompes sur la durée dépend fortement de la disponibilité des pièces de rechange et de l'accessibilité au village.

     

    Les premiers résultats sur les projets réalisés avec la SEG, partenaire avec lequel la collaboration est bien plus ancienne, démontrent globalement que :

     

    -l'objectif principal du projet (augmentation de la quantité d'eau disponible ou de l'accès à l'eau) est atteint et sert souvent de point de départ à d'autres améliorations que la SEG décide de réaliser (i.e. remplacement de conduites abestos, réfection de réservoirs béton,...),

    -le centre SEG distribue plus d'eau et plus régulièrement. Il reçoit de nouvelles demandes de raccordement, améliorant ainsi sa capacité financière,

    -le chef de centre réalise en général l'importance des travaux réalisés et en prend soin,

    -la perception de la population sur la SEG est améliorée,

    -la Direction Générale s'implique dans la maintenance des infrastructures et tient compte des recommandations du CICR (i.e. pose de compteurs) dans la limite de ses capacités financières.

     

    Les programmes d'approvisionnement en eau potable du CICR en Guinée sont basés sur des partenariats étroits avec des autorités qui sont impliquées et responsables de certaines parties des projets mis en oeuvre. Bien géré et adapté aux capacités respectives, ce type de collaboration apporte sur le moyen et long terme des avantages certains (meilleure planification, évolution de la contre-partie des autorités dans le temps, mise en place d'une relation de confiance offrant des contacts à de très hauts niveaux). Il nécessite cependant une situation socio-politique relativement stable et un haut niveau d'acceptation du CICR.

     

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