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Les inégalités - qui atteignent leur plus haut niveau depuis des décennies dans de nombreux pays - fragilisent la croissance économique et le bien-être



  • Toutefois, les mesures adoptées pour réduire l’écart croissant entre riches et pauvres ne pourront être efficaces que si elles vont au-delà du revenu pour s’attaquer à d’autres dimensions, notamment l’amélioration de l’accès à un enseignement, des services de santé et des infrastructures publiques de qualité.

    Les bénéfices de la croissance ont été captés de façon disproportionnée par les plus hauts revenus. Dans les pays de l'OCDE en 2010, le revenu moyen des 10 % les plus riches de la population était 9.5 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, alors qu’il n’était que 7 fois supérieur il y a 25 ans.

    Aux États-Unis, les 1 % les plus aisés ont capté 47 % de la progression totale des revenus entre 1976 et 2007, contre 37 % au Canada et 20 % environ en Australie et en Grande-Bretagne. Depuis que la crise financière a éclaté, le fossé entre riches et pauvres se creuse encore plus rapidement.

    Le rapport met en lumière les liens entre revenu, éducation et santé. Les données recueillies dans 14 pays de l'OCDE montrent qu’à l’âge de 30 ans, les individus ayant le niveau d’études le plus élevé peuvent espérer vivre 6 ans de plus en moyenne que les personnes les moins instruites.

    Le rapport « All on Board: Making Inclusive Growth Happen »fournit des données concrètes sur les retombées des inégalités, définit un cadre d’action et offre aux pouvoirs publics la possibilité d’évaluer les effets variables des mesures qu’ils adoptent sur les différentes catégories sociales.

    Ce rapport s’inscrit dans le cadre d’une initiative menée à l’échelle de l’ensemble de l’Organisation pour mettre au point un programme inclusif en faveur de la croissance et du bien-être. Il découle en outre du projet de l'OCDE relatif à de Nouvelles approches face aux défis économiques (NAEC), qui vise à mener une réflexion sur les causes de la crise et les leçons à en tirer pour l’action publique. L’initiative relative à une croissance inclusive s’appuie sur un cadre pluridimensionnel novateur conçu pour identifier de nouveaux moyens pour mieux répartir les bienfaits apportés par une croissance robuste.

    « Les inégalités ébranlent les sociétés et sont néfastes pour les économies », explique Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE. « Il ne suffit pas de mettre en œuvre des politiques de croissance, il faut aussi veiller à ce que les effets positifs de la croissance soient partagés par tous. C’est aujourd’hui l’un des défis les plus urgents auxquels nous sommes confrontés ».

    Xavier de Souza Briggs, Vice-président du programme Economic Opportunity and Assets de la Fondation Ford, partenaire clé de l'OCDE dans ses travaux relatifs à la croissance inclusive, déclare : « Ce nouveau rapport capital vient s’ajouter au volume croissant de données qui montrent que l’inclusion économique est étroitement liée à des périodes de croissance plus longues et plus dynamiques. Autrement dit : la réduction des inégalités est un impératif non seulement moral mais aussi économique ».

    Selon les auteurs de ce rapport, les politiques économiques et sociales doivent être conçues de manière à favoriser à la fois l’équité et la croissance. Ainsi, les investissements dans les compétences et l’éducation peuvent permettre des avancées considérables vers la réalisation de ce double objectif.

    Les administrations locales ont un rôle déterminant à jouer, notamment en investissant dans des logements et des transports publics de qualité, et en offrant des programmes de formation aux catégories défavorisées de la population.

    Des politiques structurelles saines sont essentielles pour favoriser une croissance soutenue, l’emploi et la réduction de la pauvreté, mais des arbitrages s’imposent. Par exemple, la réduction des obstacles réglementaires à la concurrence intérieure et étrangère et le renforcement de l’aide à la recherche d’emploi et des mesures d’activation peuvent avoir un effet positif plus rapide qu’une hausse globale du PIB par habitant sur le revenu des classes moyennes inférieures, grâce au coup de fouet qu’ils donnent à l’emploi. En revanche, la baisse des indemnités de chômage pour les chômeurs de longue durée diminue le revenu disponible au bas de l’échelle de distribution des revenus, ce qui montre à quel point il importe d’accompagner les réformes de l’indemnisation du chômage par un renforcement des politiques actives du marché du travail.

    Pour les auteurs du rapport, les mesures prises en faveur de la croissance inclusive peuvent également contribuer à rétablir la confiance des citoyens dans leurs dirigeants. Aujourd’hui, dans les pays de l'OCDE, moins d’une personne sur deux déclare en effet avoir confiance dans les responsables politiques de son pays.

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