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ONU : les États Membres soulignent que l'information peut être à double tranchant



  • Poursuivant leur débat sur la question de l’information, les délégations de la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) ont appelé les Nations Unies, par le biais de son Département de l’information, à jouer un rôle central pour contrer la diffusion de fausses nouvelles et les discours de haine répandus via les nouveaux médias.

    De nombreuses délégations, comme la France et les Émirats arabes unis, ont également rappelé l’importance d’un traitement équitable des six langues officielles des Nations Unies, le représentant de la Fédération de Russie ayant toutefois mis en garde parfois contre la tentation de se contenter de traductions à partir de l’anglais qui ne prennent pas en compte les spécificités culturelles, politiques ou ethniques de chaque langue.  Le rôle et le travail des centres d’information des Nations Unies ont également été salués à de nombreuses reprises.

    Plusieurs États ont aussi insisté sur l’importance de conserver une communication adaptée aux pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, en évitant de concentrer toutes les ressources sur les nouvelles technologies de l’information.  Le représentant du Nigéria a notamment jugé crucial de maintenir la dissémination des messages via les médias traditionnels, tout particulièrement la radio, qui, a souligné le Madagascar, représentent un vecteur de diffusion incontournable en cas de catastrophes naturelles ou de crises humanitaires majeures.  En la matière, le représentant du Bangladesh a exhorté le Département de l’information a continué de couvrir la crise des Rohingya, conscient du fait que l’attention de la presse internationale ne fera que décroître avec le temps.

    Si de nombreux États Membres, comme l’Inde et le Japon, ont reconnu que l’information est essentielle en cas de crise et qu’elle permet de favoriser le développement durable, plusieurs délégations ont aussi mis en garde contre « l’arme » que peut constituer une information qui ne serait pas « neutre et dépolitisée ». 

    Cuba a ainsi déploré que les États-Unis continuent d’utiliser la diffusion de programmes radiophoniques pour déstabiliser son pays, « en violation de sa souveraineté et du principe de non-ingérence », tandis que le Qatar a déploré le piratage du site Web de son agence d’information nationale, principale source d’information du pays.

    De son côté, Israël a dénoncé la prolifération sur les réseaux sociaux de fausses informations qui incitent à la haine et à l’antisémitisme, défendant la création d’une plateforme mondiale numérique de lutte contre le terrorisme et soutenant le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent.

    Plusieurs pays arabes, dont l’Égypte et l’Arabie saoudite, ont aussi insisté sur le rôle crucial de l’information pour lutter contre « l’état d’esprit » de l’extrémisme et du terrorisme, saluant également la création, en juin dernier, du Bureau de lutte contre le terrorisme et le lancement d’une stratégie antiterroriste mondiale par les Nations Unies.

    Le Bangladesh a en particulier appelé le Département de l’information à renforcer sa coopération avec cette structure, estimant qu’il pouvait contribuer efficacement à contrecarrer le discours de violence des groupes extrémistes sur Internet, en faisant la promotion des valeurs des Nations Unies auprès du jeune public. 

    Pour sa part, la Libye a souhaité une réflexion sur la création d’un code de déontologie du journalisme face aux risques de propagation d’informations erronées via les nouvelles plateformes multimédias.  Rappelant leur rôle central dans la collecte d’une information neutre et vérifiée, Sri Lanka a proposé la nomination d’un représentant spécial sur la sécurité des journalistes sur le terrain.

    Abondant dans ce sens, la Fédération de Russie a appelé à définir de manière claire le terme de « fausse nouvelle », regrettant que les États-Unis aient rejeté cette requête et ironisant sur le fait que leur Président l’utilise pourtant « dans ses communiqués ou sur Twitter ».

    Au cours de cette réunion, le représentant de l’Algérie a par ailleurs appelé le Département de l'information à refléter correctement « les faits tels qu’ils sont » dans les communiqués de presse, soulignant le risque qu’une mauvaise communication se transforme en problème politique. Il a souligné que le personnel concerné du Département de l’information devait s’abstenir d’introduire ses propres commentaires et se limiter à refléter fidèlement les débats, appelant par ailleurs à répondre à la question des écarts entre les communiqués de presse dans les différentes langues, « et très souvent dans les communiqués de presse dans une même langue ».

    Le Département de l’information, a-t-il souligné, doit être perpétuellement en phase avec les principes qui guident le travail des Nations Unies, à savoir l’objectivité, l’éthique, l’équité, la transparence, l’égalité, la non-sélectivité et la bonne foi.

    Compte rendu de l'ONU

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