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ONU : sonnette d'alarme face à la situation des femmes et des filles autochtones, en proie à une véritable " épidémie de meurtres "



  • Les autochtones ont dépeint, aujourd’hui, devant leur Instance permanente, la situation très difficile des femmes, en proie à une véritable « épidémie de meurtres » selon l’Union of BC Indian Chiefs du Canada.  Le sort des jeunes, tout aussi dramatique, a aussi été mis en lumière.

    Ces préoccupations ont été soulevées dans un long débat sur les activités menées dans les six domaines d’action de l’Instance permanente sur les questions autochtones, à savoir la santé, l’éducation, les droits de l’homme, le développement économique et social, l’environnement et la culture. 

    L’Instance a également poursuivi son débat sur le thème de l’année: « Droits collectifs des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources », avant de faire le point sur ses travaux futurs.

    Membre de l’Instance, Mme Tarcila Rivera Zea, a estimé que la situation des femmes et des filles autochtones est tellement préoccupante qu’elle mérite de faire l’objet d’un dialogue de haut niveau.  Elle a réclamé le renforcement des cadres juridiques et institutionnels des États, précisant que les femmes et les filles autochtones n’ont toujours pas un accès égal à l’éducation et à la santé.  Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a en effet appelé à des mesures urgentes.  Il a parlé d’un nouveau document qui dresse un tableau « très sombre » du taux de mortalité chez les femmes autochtones.

    Les femmes et les filles sont en proie à une véritable « épidémie de meurtres », a alerté, à son tour, l’Union of BC Indian Chiefs, qui a imputé ce phénomène à la « violence » dans les territoires autochtones et à l’arrivée de travailleurs avec à la « mentalité hypermasculine ».  La situation aux États-Unis n’est pas meilleure qu’au Canada.  Mme Terri Henry, autre membre de l’Instance, a signalé que les femmes autochtones sont 10 fois plus victimes des homicides que la moyenne nationale.  Les cas de disparitions forcées sont fréquents, en raison de la traite de personnes, l’esclavage moderne et le trafic d’organes. 

    Face à une telle situation, Mme Henry a demandé à l’Instance permanente de presser les États-Unis d’adopter une loi proclamant la date du 5 mai comme « journée de sensibilisation aux disparitions forcées parmi les femmes et les jeunes autochtones ».  Le Congrès national des premiers peuples de l’Australie s’est quant à lui alarmé du fait que les femmes autochtones, qui constituent 33% de la population carcérale en Australie, ont 32 fois plus de chance d’être incarcérées après avoir été victimes de violence.  Les jeunes autochtones, eux, représentent 50% des prisonniers australiens.  Dans le monde entier, ces jeunes, a indiqué Mme Tarcila Rivera Zea, membre de l’Instance, sont vulnérables aux gangs, à la traite des personnes et aux trafics de toute sorte, sans compter le taux élevé de prévalence du VIH/sida et la malnutrition.

    La séance d’aujourd’hui a également été marquée par les trois interventions du Flying Eagle Woman Fund qui a dénoncé le projet de construction d’une mine de souffre en territoire Menominee, dans le Wisconsin, risquant de contaminer l’eau, les cultures et les plantes médicinales.  « Nous sommes le peuple du riz sauvage.  Que serons-nous sans cette herbe? » a lancé la jeune déléguée de 18 ans, la gorge nouée.  « Allons-nous les laisser nous détruire pour de l’argent dont ils n’ont même pas besoin? »  Dans une intervention interrompue par des sanglots, son homologue de la Native Youth Alliance, qui était à Standing Rock pendant quatre mois, s’est demandé: « Aurons-nous un jour l’assurance de pouvoir vivre en sécurité?  « On est en train de tuer la Terre nourricière et il est de notre devoir de la protéger. »

    La Bolivie a carrément souhaité que l’Instance soit rebaptisée « instance permanente sur les droits des peuples autochtones » et a appelé à la création d’une cour internationale de justice pour les peuples autochtones.  « Il est grand temps que nous ayons notre propre système de défense », a renchéri CIDOB, qui a regretté qu’aujourd’hui, les peuples autochtones ne puissent saisir aucune instance judiciaire pour assurer la défense de leurs droits. 

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