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La position des Comores concernant le réchauffement climatique



  • Pour mediaterre, Youssouf Hamadi, expert du changement climatique et négociateur des Comores, un petit État insulaire en développement situé dans l'Océan Indien, a présenté la position de son pays pour la CdP-15. M. Hamadi est impliqué dans les négociations climatiques depuis 1995 et se trouve actuellement à Copenhague avec une équipe de trois personnes, qui va s'élargir à sept personnes la prochaine semaine.

    Les Comores attendent des engagements ambitieux et juridiquement contraignant des pays développés pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). La survie des pays plus pauvres, notamment des petits États insulaires en développement (PEID) peut seulement être assurée si les émissions globales sont réduites de 50% d'ici 2020. Il n'est pas équitable que les pays développés, représentant moins de 25% de la population mondiale, émettent plus de 50% des GES. Les Comores attendent également que les pays développés mettent des moyens financiers à disposition des pays pauvres pour contribuer à l'effort global d'une décarbonisation de la planète. L'accent des Comores est mise sur la réduction de la pauvreté et l'assurance de la sécurité alimentaire.

    Les Comores vivent déjà avec les effets négatifs du réchauffement climatique : la température y augmente en moyenne de 0,5°C par an. La montée des océans menace régulièrement les familles qui vivent en région côtière et causent une dégradation, voire une destruction, des ressources agricoles de surfaces et souterraines. Déjà, 57,5% de 110.000 hectares de terres cultivables aux Comores sont dégradés.

    En tant que PEID, les Comores ne peuvent pas accepter une réchauffement de 2°C parce qu'elles seraient même menacées avec une augmentation de 1,5°C. Selon des études, la plupart des infrastructures sur les côtes seraient détruites en 2025, avec des dommages économiques de 400 millions de dollars, ce qui est trois fois plus élevé que le PIB des Comores. La montée du niveau des océans causera une déplacement de 10% de la population, c'est-à-dire 60.000 personnes, qui seront probablement forcés d'immigrer.

    Pour atteindre ses objectifs, les Comores voient deux façons de débloquer les négociations : les pays développés doivent annoncer des cibles ambitieuses et mettre des ressources financières adéquates à disposition pour assurer des moyens de subsistance. Jusqu'à maintenant, l'atteinte de ces cibles n'est pas encore visible, mais M. Hamadi compte sur la sagesse et les pouvoirs des grands leaders mondiaux pour résoudre ces problèmes. Il soutient les positions des PED mises sur la table, comme celle du Kazakhstan, mais regrette que les pays développés ne soient pas encore également engagés.

    Les Comores voient une bonne position pour le groupe du G77 et la Chine dans les négociations. Il faut avouer que le G77 unit beaucoup de pays ayant différents intérêts et est alors d'une grande hétérogénéité, mais cela est plutôt un atout qu'un défaut, pense M. Hamadi. Il est convaincu que les meilleurs arguments finiront par prendre le dessus sur le poids des politiques.

    Les Comores sont très heureux de l'appui que l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF) donnent aux négociateurs francophones. Les ateliers préparatoires et la traduction de la documentation technique sont une aide indispensable.

    M. Hamadi a un message spécial aux lecteurs de mediaterre, notamment dans les pays développés : " Exercez de la pression forte auprès de vos gouvernements pour aider les petits États insulaires en développement, les pays moins avancés, l'Afrique, l'humanité en général pour éviter une grande souffrance de toute la planète! "

    Nina Treu, IDDRI, pour l'IEPF

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