L'agro-écologie commence à séduire la nouvelle génération d'agriculteurs

Les agriculteurs nouvellement installés seraient deux fois plus nombreux à vouloir s'engager dans l'agro-écologie que leurs parents.

L'agro-écologie commence à séduire la nouvelle génération d'agriculteurs

    Et si c'était juste une question de génération ? 25% des agriculteurs nouvellement installés se disent prêts à se lancer dans des pratiques qui protègent la nature, parmi lesquelles réduire les pesticides et les engrais, éviter les pollutions de l'eau ou encore favoriser la biodiversité.

    C'est ce que révélait en début d'année un sondage BVA pour le ministère de l'Agriculture. 45 % des exploitants interrogés déclaraient se sentir engagés dans une démarche agro-écologique et 13 % envisageaient de s'engager. Les moins de 35 ans sont deux fois plus nombreux à avoir cette intention.

    La fin du tout-chimique

    «On a bien plus conscience des problèmes environnementaux que nos prédécesseurs. Nous sommes beaucoup plus sensibles à l'écologie que nos aînés», observe Boris Verne, 33 ans, agriculteur en grande cultures à Champagney, depuis 9 ans, dans le nord du Jura (39).

    «Les scandales alimentaires, les problèmes de santé, on les subit aussi. Nous sommes nés avec ces problèmes làâ?¦ Le tout-chimique, on en revient ! Même au lycée, ils commençaient à nous en parler».

    Brûler des bâches derrière un hangar ou allumer un feu avec des pneus : voilà des pratiques auxquelles jamais Boris Verne n'aurait recours. Le jeune agriculteur est plutôt du genre à récupérer ses bidons de produits dangereux. Mieux : en 9 ans, il est parvenu à réduire d'un tiers l'emploi de pesticides et l'épandage d'engrais chimique.

    «On est plus connectés que nos parents»

    «Nous, on est agriculteur pour les quarante ans qui viennent, et ça change tout» fait remarquer Rodolphe Lormelet, nouvel installé en Normandie, près de Falaise (14). «On est obligé de réfléchir sur le long terme. Et on est plus connectés que nos parents, on va facilement chercher l'information sur Internet. Ã?a aide pour se sensibiliser !»

    Rodolphe vient de mettre en place des bandes apicoles au milieu de ses parcelles. Il s'agit de plantes spécialement semées pour nourrir les abeilles : phacélie, bourrache, trêfle d'Alexandrieâ?¦ «Chaque année, on teste de nouveaux mélanges de fleurs. Et ça marche déjà bien puisqu'il n'y a jamais eu autant de miel dans les ruches !».

    Rodolphe est tellement fier de sa démarche qu'il a même installé des panneaux explicatifs sur le bord des routes autour de ses champs.

    Même son de cloche chez Emilie Alauze, viticultrice près de Montpellier (34)  : «On ne veut pas avoir de soucis de santé plus tard. On se préoccupe plus de nous même. Nos grands parents, ils ont fini usé, parfois malades. Nous ne voulons pas de ça !»

    Résultat : Emilie utilise de moins en moins de désherbant, protège la biodiversité en évitant de labourer les bords de parcelle et plante même des arbres à coté de ses vignes. Une idée qui ne serait jamais venue à l'esprit de la majorité de ses ainés. Les temps changentâ?¦