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Climat : grâce à l'Australie, l'Europe ne sera pas seule dans un "Kyoto 2"

La plupart des pays industrialisés refusent de prolonger l'accord de Kyoto, qui expire le 31 décembre.

Par Grégoire Allix

Publié le 09 novembre 2012 à 14h30, modifié le 09 novembre 2012 à 15h22

Temps de Lecture 3 min.

Le perfluorotributylamine est un gaz artificiel, utilisé notamment dans la fabrication d'équipements électriques et électroniques.

Petit espoir sur le front du climat : l'Europe n'est plus seule à vouloir prolonger le protocole de Kyoto. L'Australie, pays grand émetteur de gaz à effet de serre, a annoncé, vendredi 9 novembre, qu'elle était prête à signer pour une deuxième période d'engagement. Seul outil juridique international imposant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à près d'une quarantaine de pays industrialisés, le protocole de Kyoto arrive à expiration le 31 décembre.

"Aujourd'hui, je peux annoncer que l'Australie est prête à rejoindre une seconde période d'engagement du protocole de Kyoto", a déclaré le ministre australien du climat Greg Combet, dans un discours. De quoi mettre du baume au coeur de l'Union européenne, jusqu'ici seul acteur soumis aux obligations de Kyoto disposé à maintenir en vie le dispositif. L'avenir de Kyoto sera l'un des enjeux majeurs de la conférence des Nations unies sur le climat prévue à Doha, au Quatar, du 26 novembre au 7 décembre.

Pour l'Australie, le défi de la réduction des rejets de CO2 est de taille :  le pays compte parmi les plus grands pollueurs du monde par habitant, avec une lourde dépendance vis-à-vis des mines et des exportations de charbon. La plus grande part de son électricité provient de centrales fonctionnant au charbon. Selon le ministre australien du climat, le fait d'accepter une seconde période d'engagement du protocole devrait permettre aux milieux d'affaires australiens d'avoir accès aux financements internationaux liés à Kyoto.

Une zone industrielle au sud de Tokyo. Le Japon refuse de se voir imposer de nouveaux objectifs de réduction de ses émissions de CO2 dans le cadre du protocole de Kyoto.

La plupart des pays industrialisés rejettent aujourd'hui le dispositif, au motif que les équilibres économiques ont radicalement changé depuis sa signature en 1997 et son entrée en vigueur en 2005 : les pays industrialisés concernés par le protocole ne représentent plus qu'un tiers des émissions mondiales de CO2 ; les pays émergents, de leur côté, rejettent près de 40% des gaz à effet de serre.

C'est pourquoi de nombreux gouvernements jugent Kyoto inutile et appellent à l'adoption de mécanismes associant les deux plus gros pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis. La première n'était pas considérée comme un pays industrialisé par le protocole ; les seconds n'ont jamais ratifié le texte. 

LA NOUVELLE-ZÉLANDE DIT NON

Le Japon répète depuis des années qu'il ne se laissera pas imposer de nouvelles réductions d'émissions via un "Kyoto 2". La Russie a évoqué, au mois d'octobre, son éventuelle sortie du dispositif, le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, estimant que le pays n'a "pas tiré de bénéfice particulier" du protocole. Le Canada a décidé, en décembre 2011, de quitter purement et simplement le protocole, tirant un trait sur des engagements que le pays n'avait de toute façon jamais respectés. Enfin la Nouvelle-Zélande, prenant le contre-pied de son voisin, a annoncé vendredi qu'elle ne s'ngagerait pas dans une deuxième saison, provoquant la colère de l'opposition travailliste et des associations écologistes.

Problème : les pays en développement font de la prolongation du protocole de Kyoto la condition sine qua non de leur participation à un futur accord global sur le climat censé entrer en vigueur en 2020, arguant que c'est le seul instrument qui contraint à agir les pays du Nord, responsables historiques du réchauffement.

Manifestation contre une centrale à Charbon en Pologne, en 2008. L'Europe est un des rares acteurs de la négociation sur le climat à soutenir une deuxième période d'engagement dans le protocole de Kyoto.

Dans ce contexte, l'Union européenne est longtemps apparue, au Nord, comme la seule force politique soucieuse de donner un avenir au protocole de Kyoto, à ses principes et à ses mécanismes. Au point qu'à quelques semaines de l'échéance, on pouvait penser que le protocole ne concernerait plus, à partir de 2013, que les Vingt-Sept.

L'appui de l'Australie apporte un peu de consistance et de poids politique à la prochaine période d'engagement de Kyoto. Il permet aussi, bien que l'ensemble ne représente plus que 15% des émissions mondiales de gaz carbonique, de maintenir actifs les mécanismes techniques et les leviers financiers du protocole.

LIER LES MARCHÉS CARBONE

Cela fait plusieurs mois que l'Union européenne et l'Australie, situés aux antipodes l'une de l'autre, rapprochent leurs positions sur le climat. Le 28 août, Bruxelles et Canberra avaient annoncé leur intention de lier leurs systèmes d'échange de quotas de CO2. Le marché carbone européen, malgré ses dysfonctionnements, reste le moteur de la finance carbone mondiale. L'Australie a prévu de transformer en un système similaire d'échange de quotas, en 2015, la taxe carbone instaurée cette année.

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"Nous avons commencé par lier nos politiques sur le carbone, maintenant l'Australie nous rejoint dans la seconde période du protocole de Kyoto. Grande nouvelle ! Bienvenue à bord !", s'est réjouie dans un tweet la commissaire européenne au climat, Connie Hedegaard, vendredi. 

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