Une majorité d’Etats, soit 106 sur 196, souhaite ramener l’objectif des 2°Celsius de la COP21 à 1,5°. Les pays les plus vulnérables appellent à un objectif de 100 % de renouvelables en 2050.
Le Forum des Etats les plus vulnérables, qui rassemble depuis 2009 les Etats les plus exposés au changement climatique, a fait salle comble lors d’une rencontre à la COP21. La mobilisation de cette coalition hétéroclite, mais directement concernée par l’accumulation de gaz à effet de serre, s’avère en effet cruciale pour le futur de la COP21. Elle rassemble des pays en voie de développement de taille importante, comme les Philippines ou le Bengladesh, qui se rangent d’ordinaire durant les négociations climatiques, dans le groupe des 77.
Une ambition climatique venue du Sud
Or les Etats les plus vulnérables sont clairement sortis du rang en appelant à revoir les ambitions de la COP21 à la hausse, avec un thermomètre dont la hausse serait limitée à + 5 °C, et un objectif commun de 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050. Il s’agit de la demande la plus ambitieuse de la conférence jusqu’alors, et qui s’avère soutenue par une majorité de pays. Elle rejoint en effet la position des petits états insulaires, regroupés dans l’appel de Manille.
La meilleure nouvelle depuis le début de #COP21 reste l’annonce des pays vulnérables pour 100% renouvelables en 2050 https://t.co/UAhir8LiG9
— J-F Julliard (@jfjulliard) 1 Décembre 2015
«Si nous plaçons le curseur à +2 °, environ 100 millions de personnes passerons à la trappe, et la plupart sont dans les pays en voie de développement. Il y a suffisamment de technologies et d’argent, mais pas assez de volonté politique » regrette Saleemul Huq, de l’International Center for Climate Change and Devlopment, au Bengladesh.
Changement climatique et droits de l’homme
Au sein de la coalition, le Costa Rica donne un exemple de succès. « Nous avons réduit nos émissions de CO2, tout en étant le pays avec la plus forte croissance économique de notre région » a assuré Manuel Gonzalez, ministre des affaires étrangères du Costa Rica.
Le petit pays côtier est aussi très exposé au changement climatique, estime que limiter la température à une hausse de 1,5 °C permettra plus de sécurité, mais aussi plus de justice.
« Il faut que les gens comprennent le lien entre les droits de l’homme et le changement climatique. Nous, en tant qu’états exposés, nous sommes à la merci de la réponse collective qui sera faite au changement climatique.
Dans le Pacifique, 70 % des habitants de Kiribati et Tuvalu sont déjà prêts à quitter leur pays si les conditions se détériorent, selon une enquête conjointe ONU-UE réalisée auprès de 6852 personnes. Mais seul un quart des locaux auraient les moyens d’émmigrer, ce qui laisse les autres pris au piège d’un environnement hostile.
Un point de vue dramatique partagé par le président des Philippines, Benigno S. Aquino III, qui a appelé le reste du monde à la « justice et la solidarité », en rappelant que les Philippins étaient déjà, en tant qu’individus, des survivants, après les terribles typhons endurés par l’archipel
Des négociations en ordre dispersé
Mais au niveau des négociations, les Etats avancent toutefois en ordre dispersé, ce que Christiana Figueres, secrétaire générale de l’UNFCCC, le bras armé de l’ONU sur le climat, leur a d’ailleurs reproché.
« Je vous félicite pour cette mobilisation, mais maintenant comment on transforme cette initiative en action concrète ? Je ne vois pas les pays (du forum) travailler dans une stratégie claire et articulée. C’est vous-même qui allez déterminer si au final nous avons un accord ambitieux ou pas » a assuré la grande prêtresse des négociations.
Car s’ils s’expriment en petit comité, les pays plus vulnérables se rangent derrière les mastodontes diplomatiques comme la Chine ou d’autres pays du G77 au niveau des négociations diplomatiques.
Or s’ils ne sont a priori pas près de changer de position, dans la mesure où leurs engagements ne permettent pas d’atteindre les 2°Celsius, un mouvement de soutien croissant en faveur des 1,5° semble apparaître. Ainsi, Laurent Fabius et Hollande ont appelé à « limiter la température à +2°, voire 1,5 ° dans leurs discours d’ouverture.