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Assainissement

22 mars 2024

Principaux faits

  • En 2022, 57 % de la population mondiale (soit 4,6 milliards de personnes) avait accès à des services d’assainissement gérés de manière sûre.
  • Plus de 1,5 milliard de personnes ne disposent toujours pas de services d’assainissement de base, tels que des toilettes privées ou des latrines.
  • Parmi elles, 419 millions défèquent encore à l’air libre, par exemple dans les caniveaux, derrière des buissons ou dans des plans d’eau.
  • En 2020, 44 % des eaux usées domestiques générées dans le monde ont été rejetées dans l’environnement sans avoir fait l’objet d’un traitement sûr (1).
  • On estime qu’au moins 10 % de la population mondiale consomme des aliments provenant de cultures irriguées par des eaux usées.
  • Un assainissement de mauvaise qualité porte atteinte au bien-être humain et au développement social et économique compte tenu de ses effets en termes d’anxiété, de risque d’agression sexuelle et de réduction des possibilités éducatives et professionnelles.
  • Le manque d’assainissement est lié à la transmission de maladies diarrhéiques telles que le choléra et la dysenterie, ainsi que la typhoïde, les infections par les vers intestinaux et la poliomyélite. Il exacerbe le retard de croissance et contribue à la propagation de la résistance aux antimicrobiens.

 

Contexte

D’après les dernières estimations (en anglais) de la charge de morbidité associée aux problèmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène, 1,4 million de personnes meurent chaque année en raison du manque d’eau potable et de la médiocrité des systèmes d’assainissement et d’hygiène. La grande majorité de ces décès se produisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’insuffisance des services d’assainissement est à l’origine de 564 000 de ces décès, en grande partie causés par des maladies diarrhéiques, et elle est un facteur déterminant de plusieurs maladies tropicales négligées, notamment les helminthiases intestinales, la schistosomiase et le trachome. Un mauvais assainissement contribue également à la malnutrition.

En 2022, 57 % de la population mondiale (soit 4,6 milliards de personnes) avait accès à des services d’assainissement gérés de manière sûre ; 33 % (2,7 milliards de personnes) utilisaient des installations sanitaires privées raccordées aux réseaux d’égouts dont les eaux usées étaient traitées ; 21 % (1,7 milliard de personnes) utilisaient des toilettes ou des latrines où les excréments étaient éliminés in situ en toute sécurité ; et 88 % de la population mondiale (soit 7,2 milliards de personnes) utilisait au moins un service d’assainissement de base (2).

La diarrhée reste une cause majeure de décès, mais elle est en grande partie évitable. De meilleures conditions d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène pourraient prévenir les décès d’enfants de moins de 5 ans, dont 395 000 en 2019.

La défécation à l’air libre entretient le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté. Les pays où cette pratique est la plus répandue sont ceux qui enregistrent les plus forts taux de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, les niveaux les plus élevés de malnutrition et de pauvreté, et d’importantes disparités dans la répartition des richesses.

Les avantages d’un meilleur assainissement

L’amélioration de l’assainissement a des avantages qui vont bien au-delà de la réduction du risque de diarrhée, notamment :

  • la diminution de la propagation des helminthiases intestinales, de la schistosomiase et du trachome, qui sont des maladies tropicales négligées dont souffrent des millions de personnes ;
  • la diminution de la gravité et des conséquences de la malnutrition ;
  • la promotion de la dignité humaine et le renforcement de la sécurité, en particulier pour les femmes et les jeunes filles ;
  • la promotion de la fréquentation scolaire : on observe en particulier une augmentation de la fréquentation scolaire des filles lorsqu’elles disposent d’installations sanitaires séparées ;
  • la réduction de la propagation de la résistance aux antimicrobiens ;
  • la récupération potentielle et sûre de l’eau, des nutriments et de l’énergie renouvelable à partir des eaux usées et des boues ; et
  • la possibilité d’accroître la résilience globale de la communauté face aux chocs climatiques, par exemple par l’utilisation sûre des eaux usées pour l’irrigation afin d’atténuer le manque d’eau.

Une étude de 2012 de l’OMS (en anglais) a montré que pour chaque dollar (USD) investi dans l’assainissement, on obtient en retour 5,50 USD du fait de la baisse des dépenses de santé, du gain de productivité et de la diminution du nombre des décès prématurés.

Difficultés rencontrées

En 2013, le Vice-Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel à l’action en faveur de l’assainissement, prévoyant notamment l’élimination de la défécation à l’air libre d’ici 2025. Le monde est en bonne voie pour éliminer la défécation à l’air libre d’ici 2030, si ce n’est d’ici 2025. Cependant, il faudrait que le rythme des progrès double pour que le monde parvienne à instaurer une couverture universelle des services d’assainissement de base d’ici 2030. Pour obtenir un accès universel à des services gérés de manière sûre, ce rythme devra être multiplié par cinq.

La situation dans les zones urbaines, en particulier dans les zones denses, informelles et à revenu faible, constitue un problème de plus en plus important, car les réseaux d’égouts sont précaires ou inexistants, l’espace pour les toilettes est limité, les fosses et les fosses septiques mal conçues et mal gérées contaminent les égouts à ciel ouvert et les eaux souterraines, et les services d’élimination des boues fécales sont indisponibles ou inabordables. Les inégalités sont aggravées lorsque les eaux usées rejetées dans les collecteurs d’eaux pluviales et les cours d’eau polluent les quartiers les plus pauvres des villes. Les effets du changement climatique – inondations, pénurie d’eau et sécheresses, élévation du niveau de la mer – font reculer les progrès pour les milliards de personnes qui n’ont pas accès aux services gérés en toute sécurité et menacent de saper les services existants s’ils ne sont pas rendus plus résilients.

Les eaux usées et les boues sont de plus en plus considérées comme une ressource précieuse dans l’économie circulaire permettant de fournir l’eau et les nutriments destinés à la production d’aliments et l’énergie récupérée sous diverses formes. En réalité, l’utilisation des eaux usées et des boues est déjà courante, mais une grande partie est utilisée de manière dangereuse sans traitement adéquat, contrôles de l’utilisation ou surveillance réglementaire. Une utilisation sûre qui empêche la transmission des maladies liées aux excréments est essentielle pour réduire les dommages et maximiser l’utilisation bénéfique des eaux usées et des boues.

En 2019, ONU-Eau a lancé le Cadre mondial d’accélération de la réalisation de l’ODD 6. À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes 2020, l’OMS et l’UNICEF ont présenté un rapport sur la situation de l’assainissement dans le monde, qui décrit l’ampleur des défis existants en termes d’impact sur la santé, de couverture sanitaire, de progrès, de politique et d’investissement, et qui établit un programme d’accélération de l’assainissement dans le contexte du Cadre mondial d’accélération de la réalisation de l’ODD 6.

Action de l’OMS

En 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu que le droit à l’eau potable et à l’assainissement était un droit fondamental et a appelé à faire davantage d’efforts au niveau international pour aider les pays à fournir à leur population de l’eau potable et des services d’assainissement accessibles et abordables. La cible 6.2 des objectifs de développement durable appelle à un assainissement adéquat et équitable pour tous et la cible 6.3 appelle à réduire de moitié la proportion d’eaux usées non traitées et à augmenter considérablement le recyclage et la réutilisation sans danger.

En tant qu’autorité internationale de la santé publique, l’OMS dirige les efforts mondiaux pour éviter la transmission des maladies et conseille les gouvernements en matière de réglementation sanitaire et de prestation de services. En ce qui concerne l’assainissement, l’OMS surveille la charge mondiale de morbidité (ODD 3.9) et le niveau d’accès à l’assainissement et au traitement des eaux usées (ODD 6.2, 6,3) et analyse ce qui contribue et entrave les progrès (ODD 6a, 6 b et GLAAS). Ce suivi donne aux États Membres et aux donateurs des données mondiales les aidant à décider comment investir pour fournir des toilettes et garantir une gestion sans risque des eaux usées et des excreta.

L’OMS collabore avec ses partenaires en vue de promouvoir des pratiques efficaces de gestion et d’évaluation des risques pour l’assainissement dans les communautés et les établissements de santé, en s’appuyant sur des bases factuelles et des outils ; notamment lignes directrices de l’OMS sur l’assainissement et la santé, l’utilisation sans risque des eaux usées, la qualité des eaux à usage récréatif et la promotion de la planification de la sécurité de l’assainissement et des inspections sanitaires, et par le biais de communautés de pratique comme le Réseau international des régulateurs de l’eau potable et de l’assainissement (RegNet) et l’initiative sur les travailleurs du secteur de l’assainissement. L’OMS soutient également la collaboration entre l’eau, l’assainissement et l’hygiène et les programmes de santé lorsque l’assainissement est essentiel pour la prévention des maladies et la réduction des risques, notamment les maladies tropicales négligées, le choléra, la poliomyélite et la résistance aux antimicrobiens, ainsi que la surveillance environnementale des agents pathogènes. Les aspects relatifs à la résilience face aux changements climatiques sont inclus dans tous les documents d’orientation de l’OMS sur l’assainissement.

 


(1) UN Habitat and WHO, 2021. Progress on wastewater treatment – Global status and acceleration needs for SDG indicator 6.3.1. United Nations Human Settlements Programme (UN-Habitat) and World Health Organization (WHO), Geneva.

(2) Progress on household drinking water, sanitation and hygiene 2000–2022: special focus on gender. New York: United Nations Children’s Fund (UNICEF) and World Health Organization (WHO), 2023. https://washdata.org/reports/jmp-2023-wash-households (en anglais)