Le crime contre les espèces sauvages évalué pour la première fois dans un nouveau rapport de l'ONUDC

L'ONUDC lance son inaugural World Wildlife Crime Report lors de la Commission du Crime 2016. Photo : ONUDC24 mai 2016 - Aujourd'hui, l'ONUDC a lancé son rapport inaugural sur le crime contre les espèces sauvages dans le monde ( World Wildlife Crime Report), mettant en lumière la manière dont le braconnage et le commerce illégal de milliers d'espèces différentes à travers le globe présentent non seulement de réels dangers environnementaux, mais menacent également à terme l'État de droit en encourageant potentiellement le conflit. Le rapport - qui fait partie du Programme Global continu de l'ONUDC à propos du crime contre les espèces sauvages et du délit forestier - appelle également à une responsabilité partagée pour lutter contre ce type de crime, étant donné que les produits faits à base de faune et de flore illicites tels que des accessoires de mode, du mobilier, de la nourriture ou des animaux domestiques, pourraient être cachés sous nos yeux.

Lancé lors de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale (CCPCJ) cette semaine, le rapport a été élaboré par l'ONUDC avec des données fournies par des organisations partenaires sous le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC), incluant le secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) et l'Organisation mondiale des douanes (OMD).

Un des messages principaux que ce rapport vise à transmettre est que le crime contre les espèces sauvages n'est pas limité à certains pays et régions, mais un phénomène véritablement global. Le rapport examine huit cas pratiques de produits d'espèces triés en fonction de sept secteurs industriels qui utilisent des matériaux d'origine sauvage à travers le monde.

Le trafic d'espèces sauvages est de plus en plus reconnu à la fois en tant que domaine spécialisé du crime organisé et comme menace significative contre de nombreuses plantes et espèces animales, et le World Wildlife Crime Report représente la première évaluation globale de ce type. Le rapport s'appuie sur des informations issues de World WISE : une plateforme récemment dévoilée, qui contient plus de 164.000 saisies liées au crime contre les espèces sauvages de 120 pays. L'une des observations clés illustrées par la base de données est l'extrême diversité de cette activité illégale : près de 7000 espèces sont incluses dans ces saisies, et pourtant aucune d'entre elles ne représente plus de six pour cent du total ; aucun pays non plus ne constitue la source de plus de 15 pour cent des livraisons saisies.

Publiant le rapport, le directeur exécutif de l'ONUDC Yury Fedotov a élaboré ce point : "La situation désespérée de certaines espèces iconiques dans les mains des braconniers a attiré une attention mondiale méritée, et ce n'est pas trop tôt. L'existence d'animaux comme le tigre, craints et sacrés au cours de l'histoire de l'homme, ne tiennent maintenant plus qu'à un fil, et leur nombre décroissant est réparti à travers des états qui ont du mal à les protéger. Les éléphants et rhinocéros africains sont sous pression constante. Cependant, la menace du crime contre les espèces sauvages ne se limite pas à ces animaux majestueux. L'un des messages critiques qui émerge de cette recherche est que le crime contre les espèces sauvages et le crime forestier ne se limite pas à certains pays et régions. Ce n'est pas un commerce de biens exotiques venant de pays étrangers qui sont livrés vers des marchés lointains". 

Le secrétaire général de CITES, John E. Scanlon, a pendant ce temps noté la manière dont le lancement du premier rapport mondial sur le crime contre les espèces sauvages met en lumière le fait que la réponse envers ce genre de crime a atteint une certaine maturité. "Ce rapport global compréhensif est basé sur les meilleurs données et cas pratiques disponisbles, s'appuie sur des analyses en profondeur, et démontre un sens exacerbé de la rigueur dans la manière dont nous rendons compte du crime contre les espèces sauvages. Les rapports futurs bénéficieront de données plus nombreuses et meilleures, avec les parties de CITES qui fourniront des rapports annuels sur le commerce illégal à partir de 2017. Des centaines d'espèces additionnelles d'animaux et de plantes, y compris 250 espèces d'arbres, sont prises en compte pour la protection globale sous CITES à sa 17ème réunion de la Conférence des parties, qui se tiendra à Johannesbourg cette année. Le World Wildlife Crime Report montre l'implication extensive des groupes de criminalité transnationale organisée dans ces crimes hautement destructifs et l'impact pervasif de la corruption, démontrant que combattre le crime contre les espèces sauvages justifient encore plus d'attention et de ressources à tous les niveaux. Nous remercions sincèrement le directeur exécutif et le staff de l'ONUDC pour avoir mené cet important effort, avec nos partenaires de l'ICCWC, INTERPOL, la Banque mondiale et l'Organisation Mondiale des Douanes.

Le rapport propose aussi une analyse des marchés légaux et illégaux de produits sauvages et forestiers, ce qui peut être utile pour s'attaquer aux vulnérabilités dans le commerce légal et promouvoir de meilleurs systèmes globaux de régulation.

Il met également en lumière la manière dont les lacunes juridiques, le renforcement de la loi et les systèmes de justice pénale présentent de sérieux problèmes. "Si nous voulons être sérieux à propos des crimes contre les espèces sauvages et les forêts, nous devons consolider nos réponses collectives et combler les lacunes", a averti M. Fedotov, notant que comme avec toutes les formes de criminalité organisée et de trafic, les criminels chercheront toujours à exploiter les systèmes là où ils le peuvent.

À travers une analyse en profondeur des secteurs commerciaux, des marchés et de cas pratiques représentatifs, le World Wildlife Crime Report met en lumière sept domaines spécifiques qui illustrent au mieux l'échelle du crime contre les espèces sauvages et la criminalité forestière : les fruits de mer ; les animaux domestiques ; les zoos et l'élevage ; la nourriture et les médicaments ; l'art, la décoration et les bijoux ; les cosmétiques et les parfums ; la mode ; le mobilier.

Contrairement aux autres recherches sur le sujet, le nouveau rapport de l'ONUDC de fournit pas d'estimation en dollars pour la valeur annuelle du commerce illicite d'espèces sauvages. Alors que les marchés pour certaines espèces spécifiques peuvent être estimés à des degrés de précision variables, un chiffre exact pour les 7000 espèces incluses dans World WISE serait presque impossible à fournir. Le rapport cherche plutôt à fournir un apercu du crime et des efforts des trafiquants pour exploiter les zones grises des contrôles internationaux. Ce faisant, plusieurs lacunes majeures dans ce domaine sont mises en lumière, y compris des facteurs informationnels, juridiques  et opérationnels qui, s'ils sont abordés, pourraient réduire de manière importante l'impact négatif du trafic sur les espèces sauvages.

Plus d'informations :

World Wildlife Crime Report (rapport complet)

Campagne actuelle de l'ONUDC sur le sujet : 'Serious about Wildlife Crime'.

L'action de l'ONUDC en matière de criminalité contre les espèces sauvages et criminalité forestière