Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
39e séance – matin & après-midi               
ECOSOC/6790

Le Forum de haut niveau adopte une Déclaration ministérielle engageant les États à « ne laisser personne sur le côté » dans la mise en œuvre du Programme 2030

À l’issue du tout premier Forum politique de haut niveau organisé depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en septembre dernier, les ministres et hauts représentants se sont engagés aujourd’hui à « ne laisser personne sur le côté » pendant la mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles agréés.

L’adoption sans vote de la Déclaration ministérielle a toutefois dû être précédée d’un vote, demandé par le Nicaragua, sur le paragraphe 19 qui « accueille avec satisfaction l’Accord de Paris sur le climat », conclu en décembre dernier, et rejeté par le Nicaragua au motif qu’il ne saurait contenir l’augmentation de la température terrestre.  Le paragraphe 19 a été maintenu par 141 voix, l’opposition du Nicaragua et les abstentions de l’Égypte, de la Fédération de Russie et du Myanmar.  L’Union européenne s’est dite déçue par ce « mauvais message » envoyé au monde. 

Nous nous engageons, déclarent les ministres et hauts représentants, dans le cadre des mesures prises pour ne pas faire de laissés-pour-compte, à faire porter notre action sur les domaines dans lesquels les obstacles sont les plus nombreux, notamment en veillant à associer les plus démunis aux activités que nous entreprenons.  Les ministres et hauts représentants rappellent que les personnes dont les besoins sont pris en compte dans le Programme 2030 sont les enfants, les adolescents, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les personnes âgées, les peuples autochtones, les réfugiés, les déplacés, les migrants et les personnes vivant dans des zones touchées par des situations d’urgence humanitaire ou dans des zones en proie à un conflit ou au terrorisme. 

Nous savons, disent-ils dans leur Déclaration de 23 paragraphes, que l’ampleur et la portée du Programme 2030 appellent un Partenariat mondial pour le développement durable revitalisé et renforcé, dans un esprit de solidarité mondiale.  La fourniture de moyens de mise en œuvre est indispensable dont les ressources financières, à la fois publiques et privées, les ressources nationales et internationales.  Nous savons, disent encore les ministres et hauts responsables, que les instances régionales et sous-régionales peuvent jouer un rôle important dans la mise en œuvre du Programme 2030, y compris pour ce qui est de son suivi et de son examen, notamment en promouvant l’apprentissage par les pairs et la coopération, y compris la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, et en aidant à établir des liens entre la mise en œuvre aux niveaux national et mondial.

La Déclaration ministérielle reprend le thème central de la réunion du Forum –« ne laisser personne sur le côté »- et les différentes questions examinées durant cette dernière semaine, marquée par une vingtaine de tables rondes, la présentation de 22 rapports nationaux de mise en œuvre et un Débat de haut niveau auquel ont participé plus de 100 représentants d’États, groupes régionaux et organisations internationales, dont de très nombreux ministres, de même que de nombreuses ONG.

Le premier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable a été présenté, au cours de cette semaine, ainsi que le premier Rapport mondial sur le développement durable.  À ce propos, dans l’annexe de leur Déclaration ministérielle, les ministres et hauts représentants soulignent que le Rapport mondial est « un élément important du dispositif de suivi et d’examen du Programme 2030 ».  Ils disent tenir à ce que ce Rapport présente des preuves scientifiques et parce qu’il a une visée universelle, qu’il tienne également compte de la dimension régionale, ainsi que des pays ayant une situation particulière.

Les ministres et hauts responsables décident d’une périodicité de quatre ans pour un Rapport qui devrait s’appuyer sur les principes d’objectivité, d’indépendance, de transparence, d’ouverture, de diversité, d’excellence et d’intégrité scientifique et d’intérêt pratique.  Pour le rédiger, ils demandent donc la création d’un groupe de 15 scientifiques indépendants issus de divers milieux, disciplines scientifiques et institutions.  Pour chaque édition du Rapport, un nouveau groupe de scientifiques indépendants sera constitué par le Secrétaire général.  Le premier groupe commencera ses travaux d’ici à la fin de 2016.

Le Forum politique de haut niveau devra s’inspirer du Rapport mondial, qui mettra en évidence les liens entre science et politique générale et fournira aux décideurs un solide instrument fondé sur des données d’observation qui leur servira à promouvoir l’élimination de la pauvreté et le développement durable.  Le rapport sera mis à la disposition d’un large éventail de parties prenantes, y compris des entreprises, la société civile ainsi que le grand public.

Au cours de cette journée, neuf pays ont présenté leur rapport de mise en œuvre et une table ronde sur les « Perspectives pour l’avenir » a été organisée, alors que se clôturait le Débat de haut niveau.

Demain, jeudi 21 juillet, s’ouvrira à 9 heures la cinquième Réunion biennale de haut niveau du Forum pour la coopération en matière de développement.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Présentation, à titre volontaire, des rapports sur la mise en œuvre, au niveau national, du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Togo, Estonie, Philippines

M. KOMI SÉLOM KLASSOU, Premier Ministre du Togo, a affirmé que son pays avait en 2006, grâce à un consensus politique retrouvé, mis en œuvre des réformes qui ont fini par porter leurs fruits.  Le Togo a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), permettant un important allégement de la dette extérieure, a-t-il dit, ajoutant que le PIB a augmenté de 5% par an en moyenne depuis cinq ans.

Grâce à la stratégie nationale de développement durable dont s’est doté le Togo pour la période 2013-2017, l’incidence de la pauvreté a été notablement réduite puisqu’elle est passée de 61,7% en 2006 à 55,1% en 2015.  Le Premier Ministre a précisé que le processus d’intégration des objectifs de développement durable dans les instruments de planification avait commencé dès 2012, le Togo ayant participé aux différentes phases de consultation sur la vision du développement post-2015.

Il a affirmé que le plan national de développement durable devrait être validé en décembre 2016, ajoutant que les orientations stratégiques de ce plan permettront de combler les insuffisances constatées au niveau des résultats des Objectifs du Millénaire pour le développement et de mieux ancrer la mise en œuvre des objectifs de développement durable en tenant compte des priorités nationales.

En attendant, le Gouvernement, avec l’appui technique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est engagé dans un vaste programme d’urgence de développement communautaire qui vise à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables vivant dans des zones mal desservies par les services de base et à réduire les inégalités. 

S’agissant du financement, le Premier Ministre a insisté sur les réformes en vue d’une meilleure mobilisation des ressources fiscales, mentionnant la création en 2012 d’un office togolais des recettes regroupant en une seule entité les services de douanes et des impôts, soumis à un contrat de performance.  Grâce à cet office, la collecte de recettes fiscales est passée de 16% du PIB en 2013 à 20,2% du PIB en 2015, a-t-il dit.

Sur le plan externe, le Togo entend réfléchir, avec les autres pays de la région, aux moyens d’asseoir les mécanismes de financement et le captage de ressources appropriées et nécessaires.  Il a invité tous les partenaires à promouvoir un partenariat régional et mondial renforcé pour mobiliser les énergies et les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Programme mondial.  Les États du monde doivent être davantage soutenus dans ladite mise en œuvre, a conclu le Premier Ministre.

M. HANNO PEVKUR, Ministre des affaires intérieures de l’Estonie, a indiqué que son pays était en pointe dans l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications, au point d’être qualifié parfois de « Cyber Estonie ».  « Mon pays a une expérience considérable dans le domaine du développement durable », a-t-il dit, ajoutant que l’Estonie a adopté un plan national il y a quelques années.

Le suivi est assuré par une Commission du développement durable qui a été créée en 1996.  Il a précisé que les indicateurs de développement étaient renouvelés périodiquement pour assurer la mise en œuvre du Programme.  Quatorze pour cent des indicateurs de développement durable sont disponibles à l’heure actuelle en Estonie, a-t-il affirmé.

Au titre des éléments positifs, il a dit que 95% des Estoniens déclaraient leurs impôts en ligne.  Une entreprise peut se créer en quelques clics, a-t-il affirmé.  Le Ministre a précisé que 10 000 résidents venant de plus de 100 pays disposaient d’une identité électronique.

S’agissant des actions prioritaires pour son pays, M. Pevkur a mentionné l’amélioration de la productivité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diminution des inégalités.  Les technologies de l’information et des communications sont un élément clef pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il affirmé, ajoutant que son pays était pionnier dans ce domaine.

Il a encouragé la promotion de l’innovation dans les secteurs clefs, tels que ceux des services.  Favorable à la solidarité internationale afin de réaliser le Programme, l’Estonie, qui a longtemps été bénéficiaire de l’aide étrangère, a augmenté son aide publique au développement, a affirmé le Ministre.  L’Estonie mène des projets dans 50 pays pour promouvoir la gouvernance électronique.

En conclusion, le Ministre a présenté une vidéo montrant l’incidence des technologies de l’information et des communications dans la vie quotidienne des Estoniens et dévoilant le slogan du pays : « positivement surprenant ».

Mme ROSEMARIE G. EDILLON, Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie nationale des Philippines, a tiré les enseignements de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, mentionnant en particulier la nécessité de disposer de données pour le suivi de la mise en œuvre et une meilleure répartition des responsabilités. 

« Mon pays a participé activement aux discussions sur la mise au point des indicateurs des objectifs de développement durable », a-t-elle dit, ajoutant que l’objectif était d’avoir des indicateurs adaptés à son pays.  Parmi les priorités des Philippines, elle a mentionné la réduction de la pauvreté, la promotion d’une gouvernance pour tous et une meilleure « durabilité environnementale ».  La croissance doit être vue comme pertinente pour tous afin que chacun ait intérêt à sa promotion, a poursuivi Mme Edillon.

Elle a souligné la nécessité d’identifier dès le début les moyens de mise en œuvre des objectifs de développement durable et précisé, à cet égard, que la collecte des recettes fiscales avait été améliorée dans son pays.  « Notre agence de collecte statistique œuvre à un renforcement de ses capacités », a-t-elle poursuivi.

Elle a indiqué qu’un mécanisme centralisé permettra de dessiner la vision à long terme des Philippines s’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Soixante pour cent des indicateurs mondiaux sont disponibles dans mon pays, a-t-elle affirmé, ajoutant que les Philippines éprouvaient des difficultés s’agissant des objectifs 6, 10, 12 et 14.

Mme Edillon a appelé de ses vœux un partenariat mondial en vue d’une meilleure collecte des données statistiques.  Nous devons changer la manière dont les gouvernements opèrent afin que personne ne soit laissé pour compte, a-t-elle affirmé.

Lors de la courte discussion qui a suivi les présentations de ces trois pays, la modératrice, Mme KATHY CALVIN, Présidente et Directrice exécutive de la Fondation des Nations Unies (FNU), a souligné l’importance des données pour l’élaboration d’indicateurs pertinents. 

De son côté, M. ADIL NAJAM, doyen de la Pardee School d’études mondiales de la Boston University, a demandé si les pays avaient l’impression de disposer de l’appui de la communauté internationale dans la mise en œuvre du Programme de développement.  M. ARVIND PANAGARIYA, Vice-Président de Niti Aayog en Inde, a, lui, estimé que l’Estonie était un exemple à suivre pour l’Inde. 

L’Inde, qui a 1,3 milliard d’habitants alors que l’Estonie en a 1,3 million, a des capacités énormes dans le secteur informatique, a commenté le Ministre estonien, ajoutant qu’il y a avait une pénurie d’experts informatiques dans son pays.  Il a précisé que l’objectif de l’Estonie était désormais d’accéder au même niveau de vie que la Norvège et la Finlande.

Répondant à une question du représentant du Luxembourg sur l’association de la société civile aux stratégies de mise en œuvre du Programme, M. Pevkur a précisé qu’il existait plusieurs organismes réunissant le Gouvernement et les acteurs de la société civile.  La petite taille de l’Estonie rend plus facile la communication, a-t-il dit.

Interrogé par le représentant de la Belgique sur la manière dont les Philippines comptaient réaliser l’objectif 13, sachant qu’elles ont annoncé qu’elles ne respecteraient pas certains engagements pris lors de la Conférence de Paris sur le climat, la Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie nationale des Philippines a souligné que son pays misait sur la promotion des énergies renouvelables.  Dans ce domaine, les Philippines font mieux que le Japon et les États-Unis, a-t-elle fait observer.

Colombie, Égypte, France, Chine, Venezuela et République de Corée

« Nous avons appris sur le tas », a avoué M. SIMON GAVIRIA, Ministre de la planification nationale de la Colombie, en indiquant que son pays a créé en février 2015 une Commission nationale de haut niveau chargée d’avaliser la mise en œuvre des objectifs de développement durable et organisé 33 dialogues sectoriels pour avancer sur la question.  « Nous établissons des matrices qui permettent d’expliquer au secteur privé, aux universités et à la société civile la contribution que l’on attend d’eux », a-t-il dit.

Distinguant les différents types de cibles associés aux 17 ODD, il a précisé que les autorités nationales ont une responsabilité particulière sur 135 cibles.  Il a précisé que 34 cibles nécessitent une démarche multilatérale, 88, un dialogue avec le secteur privé et 110, l’appropriation sous-nationale et locale.  Le travail consistera aussi à ventiler les données pour comprendre comment les choses fonctionnent par catégorie.  Nous avons un Bureau national des statistiques mais il nous faut des bureaux locaux, a admis le Ministre.  M. Gaviria a par exemple expliqué que les démarches initiées dans le contexte de la mise en œuvre des ODD ont permis de quantifier la production des déchets et de découvrir que la Colombie gaspille 34% de ses ressources alimentaires.  Fort de ce constat, le Congrès a promulgué des lois contre le gaspillage.

Il est indispensable de comprendre les liens entre les différentes cibles des ODD et de les connecter à l’Accord de Paris sur le climat.  Le Ministre a conclu en estimant que le processus de paix en cours est une occasion « unique » de parvenir, pour la première fois depuis 30 ans, à un environnement de paix, « déterminant » pour gagner la bataille du développement durable. 

Réagissant à une intervention du représentant de l’ONG « Together 2030 » sur la nécessité de garantir la participation de tous les segments de la société à la mise en œuvre des ODD, le Ministre colombien a répondu que la priorité est de disposer d’un cadre réglementaire clair et d’une approche pragmatique pour susciter l’intérêt des entreprises et des citoyens.  Commentant les interventions des représentants de la Norvège et de l’Espagne sur les défis de la mise en œuvre des ODD dans le contexte du processus de paix en cours, il a souligné que les ODD doivent être l’occasion de garantir sur l’ensemble du territoire l’égalité devant le développement, « meilleur gage » d’une paix durable.  

Mme SAHAR NASR, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a indiqué que son pays a mis en place une stratégie appelée « Vision 2030 » reposant sur un programme exhaustif élaboré en collaboration avec la société civile, le secteur privé, les universités et les collectivités locales.  L’Égypte est dans une période de transition « historique », après les soulèvements populaires de 2011 et 2014.  Le pays veut favoriser une approche participative et inclusive pour que tous les segments de la société s’approprient le processus de développement durable. 

Pour la Ministre, les trois éléments essentiels pour le développement durable sont la création d’emplois pour les jeunes par un soutien aux PME, « principaux moteurs de la croissance »; le développement des infrastructures notamment dans le domaine de l’énergie et des transports, l’objectif étant de parvenir à 20% d’énergie renouvelable à l’horizon 2022.  Quelque 3 500 kilomètres de route viennent d’être construits.  La Ministre a aussi cité les logements, « essentiels » pour le bien-être social.  Le pays vient d’ailleurs de lancer un programme de logements sociaux en faveur de 3,6 millions de personnes. 

Au-delà des objectifs spécifiques, la Ministre a mis l’accent sur le caractère « transversal » de l’objectif de la parité entre les sexes, essentiel pour relever les principaux défis que sont la lutte contre la pauvreté et les inégalités.  L’autre défi, a souligné la Ministre, sont les capacités de mise en œuvre.  Si la responsabilité première du développement durable relève des gouvernements, l’aide internationale et les investissements privés sont incontournables.

 Vous pouvez être assurée de notre soutien pour le financement des capacités, en particulier les infrastructures d’énergie renouvelable, a promis le représentant de la Banque mondiale qui s’est proposé d’envoyer une équipe en Égypte.

Mme SÉGOLÈNE ROYAL, Ministre de l’environnement, de l’énergie et des affaires maritimes de la France, a déclaré que l’Accord de Paris sur le climat est « la locomotive » des objectifs de développement durable.  Le préambule de l’Accord comprend d’ailleurs plusieurs objectifs de développement durable dont les droits de l’homme, y compris ceux des peuples autochtones, le droit à la santé, le droit des migrants, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations.

En tant que Présidente de la vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-21), elle s’est particulièrement réjouie que les océans et la protection de la biodiversité aient enfin été intégrés aux négociations climatiques.  Les océans ont été longtemps écartés des négociations climatiques car ils n’étaient pas considérés comme des zones habitées.  Cette situation était d’autant plus anachronique que 70% de la population mondiale dépend des océans pour leur alimentation et que les océans sont les premières victimes des dérèglements climatiques.  

Mme Ségolène Royal a parlé de la création d’une Agence nationale de la biodiversité et des actions de transition énergétique.  Elle a mis l’accent sur l’articulation entre le local, le national et le global, en citant l’identification en France de 400 territoires à « énergie positive ».  Mais pour elle, l’objectif de développement durable le plus important est celui de l’éducation et de la formation des jeunes, car « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».  Mme Royal a estimé que nous ne résoudrons pas les questions du climat et du développement sans l’autonomisation des femmes et la parité entre les sexes. 

Elle n’a pas pour autant ignoré l’importance de la démocratie, de l’innovation et de la lutte contre les injustices pour réaliser le développement durable avant de conclure par une citation de Gandhi: « La terre fournit assez pour répondre aux besoins de tous les hommes mais pas assez pour satisfaire la cupidité de chacun ». 

Répondant à une question du représentant de la Chine sur les liens entre l’Accord de Paris et le Programme 2030, la Ministre de l’environnement de la France a estimé que ce lien était l’alimentation et donc la lutte contre la faim – objectif 2 du Programme.  La sécurité alimentaire, s’est-elle expliquée, est une des clefs du bien-être, pilier social du développement durable.  Or elle est particulièrement menacée par le réchauffement climatique qui assèche les rendements agricoles et l’eau potable.  Quant à la représentante du grand groupe des femmes qui a jugé insuffisante la participation de la société civile au Processus français d’examen de la mise en œuvre des ODD, Mme Royal a rappelé que ce Processus avait reçu 500 contributions de la société civile.  Elle a tout de même reconnu qu’il faut progresser et renforcer encore cette participation.  S’agissant de l’aide au développement, la Ministre a rappelé le lancement d’une « Coalition des 10 milliards » pour la promotion des énergies renouvelables en Afrique, dont 2 milliards viendront de la France. 

M. LI BAODONG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a indiqué que le treizième Plan quinquennal de son pays est axé sur la mise en œuvre « active » du Programme 2030, autour des concepts d’innovation, de coordination, de respect de l’environnement, d’ouverture et de bénéfices partagés.  Un mécanisme de coordination composé d’une douzaine d’agences gouvernementales est chargé de la mise en œuvre du Programme.  M. Li a mentionné les objectifs principaux de son pays pour les cinq prochaines années: faire sortir de la pauvreté plus de 55 millions de personnes vivant en milieu rural, doubler le revenu par habitant en milieux urbain et rural, créer 50 millions de nouveaux emplois en milieu urbain, rénover 20 millions d’unités de logement dans les zones urbaines défavorisées et réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre de 15 et 18%.  Ces objectifs, que M. Li a rassemblés sous le terme de « moisson précoce », guideront nos efforts pour parvenir au développement durable.

La bonne mise en œuvre du Programme dépendra des partenariats « pragmatiques et efficaces », au sein desquels les partenaires travaillent sur un pied d’égalité dans un contrat « gagnant-gagnant », a-t-il dit.  Le Vice-Ministre a indiqué que le Fonds ONU-Chine pour la paix et le développement vient d’être créé et rappelé que son pays, qui préside actuellement le G20, a placé le développement au cœur des efforts de cette organisation.  Pour la première fois et grâce à l’impulsion de la Chine, le G20 va intégrer le développement durable dans son cadre de politique macroéconomique, formuler un plan d’action sur la mise en œuvre du Programme et s’emparer du nouveau sujet qu’est le soutien à l’industrialisation des pays africains et des PMA, a affirmé M. Li. 

Il a précisé que le projet de plan d’action du G20 pour la mise en œuvre du Programme 2030 a reçu un large soutien des membres du G20, témoignant de la volonté du Groupe de servir de modèle.  Le Vice-Ministre a espéré que les principales puissances économiques, par leurs actions collectives et individuelles, apporteront leur concours.  Il n’a pas oublié d’insister sur « le rôle central » de l’ONU pour la mise en œuvre du Programme 2030.

Après avoir souligné les attentes du monde par rapport aux initiatives de la Chine contre le réchauffement climatique, la représentante de la France s’est demandé comment la Chine, championne de la coopération Sud-Sud, va intégrer le climat dans cette forme de coopération.  Répondant à une intervention du représentant du Pakistan, le Ministre chinois a indiqué que 70 pays et organisations internationales ont exprimé la volonté de participer à l’initiative « Route de la Soie » lancée par la Chine en 2013.

M. RICARDO JOSÉ MENÉNDEZ, Vice-Président chargé de la planification et des connaissances du Venezuela, a dit que pour son pays, la priorité est de faire en sorte que « l’oligarchie » n’exploite plus les ressources nationales aux dépens des intérêts du peuple.  Il a appelé au respect de la souveraineté du Venezuela qui s’emploie à diversifier son économie pour diminuer la dépendance au pétrole.  La chute des prix pétroliers est ainsi perçue comme une « chance » de se focaliser sur un développement économique et social durable, un véritable « écosocialisme ».  Notre programme de développement comprend 649 objectifs généraux pour lesquels une commission de statistiques a été créée ainsi qu’un observatoire chargé du suivi.  Le Président a créé cinq vice-présidences structurelles dont la vice-présidence chargée de la planification et des connaissances.  Des conseils populaires ont aussi été créés pour favoriser la participation de tous les segments de la société.  Après avoir mentionné la création du « comité d’approvisionnement » et dénoncé la spéculation sur les produits alimentaires, le Vice-Président a dénoncé les perturbations dont est victime l’économie vénézuélienne, dont la vente de dollars au marché noir et la contrebande de marchandises.  « Si vous voulez le développement durable, il faut la paix durable et pour avoir la paix durable, il faut mettre fin à la tentative de certains pays de s’approprier les terres et les ressources des autres », a prévenu M. Ricardo José Menéndez qui a aussi souligné qu’un des principaux objectif du programme économique triennal est de parvenir à « Zéro pauvreté et zéro faim ».  Il a également insisté sur le droit de tous à l’éducation et à la santé gratuites. 

Répondant à une question de la représentante du grand groupe des jeunes qui s’est interrogé sur la faculté du Venezuela d’atteindre l’objectif « Zéro faim en 2019 », compte tenu de la crise alimentaire, le Ministre a invité tous ceux qui doutent à venir sur place voir ce qui se passe.   Le Venezuela est victime d’une guerre économique liée à l’appétit d’autres pays pour ses réserves pétrolières. 

M. JONG-MOON CHOI (République de Corée) a rappelé que son pays est souvent cité comme « le bon exemple » du développement économique, compte tenu des transformations « fondamentales » opérées ces 50 dernières années.  Mais aujourd’hui, le pays fait face au ralentissement de sa croissance économique qui devrait stagner à 2,5% par an, sans compter que la polarisation de la société s’est aggravée et que l’écart salarial et l’instabilité de la classe moyenne ne cessent de tirer sur le tissu social.  La polarisation régionale est aussi un danger: la moitié de la population coréenne vit à Séoul et les fossés économiques, culturels et sociaux doivent encore être comblés.  

Les changements démographiques sont un autre problème, avec un taux de fertilité de 1,2 -soit le plus bas des 28 membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)-, alors que le pays vieillit rapidement.  Près de 13% de la population est âgée de plus de 65 ans, faisant craindre une crise de la main-d’œuvre et des pressions sur les systèmes de protection sociale et fiscal. 

Aujourd’hui tous les 22 ministères coréens ont des mandats directement ou indirectement liés à la mise en œuvre du Programme 2030, d’où la nécessité d’une franche coopération.  Trois commissions et comités gouvernementaux coordonnent les politiques et plans des différents ministères et autres parties prenantes.  Le Comité sur la coopération au développement international coordonne les politiques liées à l’aide publique au développement (APD).  La Commission présidentielle sur la croissance verte promeut un développement à faible émission de carbone et les technologies et l’industrie vertes.  La Commission du développement durable est en charge de l’élaboration d’un plan fondamental quinquennal et d’un document d’évaluation bisannuel.  Toutes ces institutions et cadres juridiques ont été mis en place avant l’adoption du Programme 2030. 

Avec ce Programme, le Gouvernement a jugé bon d’élaborer un autre plan de développement durable, en janvier dernier, lequel a quatre objectifs: la protection de l’environnement, la sécurité humaine, une économie créative et inclusive et la responsabilité internationale.  Quelque 50 tâches ont été assignées en relation avec les 169 cibles du Programme 2030.  Entretemps, le Bureau national des statistiques et les ministères concernés mettent en place les indicateurs nécessaires à la ventilation et à la fiabilité des données.  Au-delà du plan, des dizaines de politiques, de lois et de plans ont été créés pour la mise en œuvre du Programme 2030. 

S’agissant des partenariats multipartites, le représentant a parlé du Réseau coréen de la société civile pour les ODD.  Il a aussi parlé du secteur privé, engin de la croissance économique.  Maintenant que de plus de plus d’entreprises incorporent la viabilité et la responsabilité citoyenne à leurs pratiques, le potentiel du partenariat public-privé est encore plus grand.  Le rôle des médias ne doit pas non plus être oublié car il est important pour la sensibilisation de l’opinion publique. 

Quant au partenariat international, 1997, a souligné le représentant, a été un grand tournant pour l’histoire de l’APD en République de Corée qui est devenue à cette date un contributeur net.  Ces 50 dernières années, ce sont 12 milliards de dollars qui ont été versés, le peuple coréen étant heureux du devoir de donner plus que ce qu’il a reçu de la communauté internationale.  Aujourd’hui, le pays est le quatorzième grand contributeur d’APD à l’OCDE.  L’APD est passée à 0,14% du PNB et l’objectif est d’arriver à 0,2% en 2020 et à 0,3% en 2030. 

« Choisir et cibler », c’est la philosophie nationale.  Le pays a donc sélectionné 24 pays partenaires principalement en Asie et en Afrique, se concentrant sur les domaines de l’éducation, de la santé, de la science, de la technologie et du développement durable, des domaines dans lesquels la République de Corée a des avantages comparatifs.  La Présidente vient d’ailleurs d’annoncer des initiatives pour la coopération au développement qui couvrent tous ces domaines: « Better Life for Girls », « Safe Life for All », « Science, Technology and Innovation for Better Life » et « New Rural Development Paradigm » lequel est un descendant du mouvement unique de développement rural des années 70, « Saemaul Undong ».  En toutes choses, le test final sera la mise en œuvre, a conclu le représentant.

L’implication des 22 ministères coréens a-t-il été difficile à mettre en place? s’est interrogé le représentant du Réseau coréen de la société civile.  Chaque ministère, a concédé le représentant, a sa propre perspective.  La tâche prioritaire est donc d’assurer la coordination.

Table ronde:« Perspectives pour l’avenir (projections, scénarios et problématiques nouvelles et émergentes) »

L’animatrice de cette table ronde, Mme IRINA BOKOVA, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a d’emblée déclaré que la science, la technologie et les innovations sont des moyens cruciaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a ajouté qu’il fallait, dans ce contexte, établir des liens étroits entre décideurs et scientifiques, sachant que ces deux groupes ne parlent pas souvent le même langage, et c’est là qu’intervient l’UNESCO pour vulgariser la science.

M. SIMON GAVIRIA, Ministre de la planification nationale de la Colombie, a axé son propos sur l’urbanisation.  Prenant exemple sur le cas de la Colombie, il a indiqué que les infrastructures de communication et la connectivité sont au cœur d’une urbanisation souple et contrôlée.  Il a en effet expliqué que la connexion entre les zones rurales et zones urbaines permettrait une meilleure circulation des produits agricoles.  De ce fait, il faut résoudre les problèmes des villes, tels que l’assainissement ou l’approvisionnement en eau, d’autant que les perspectives d’avenir prédisent que ce sont les villes qui seront plus à même de créer des emplois et de susciter la création des richesses.

M. EDGAR GUTIÉRREZ ESPELETA, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, et Président de la deuxième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA), a parlé de son côté de la nécessité de réduire le gaspillage de nourriture en adoptant des modes de production et de consommation plus durables.  Il a également appelé au renforcement de la résilience en cas de catastrophe, notamment au vu de l’ampleur que prendront les phénomènes extrêmes causés par les changements climatiques.  Il a déploré, dans ce contexte, que le droit à un environnement sain ne soit pas consacré, du moins à l’échelle internationale, par une convention ou tout autre instrument juridiquement contraignant.

Il a également plaidé pour le renforcement du partenariat entre la science et le politique, se targuant d’en parler avec une légitimité que lui confère son appartenance aux deux mondes, vu qu’il est également professeur d’université.  Il a en outre plaidé pour des relations plus étroites entre les diverses agences des Nations Unies dans le domaine de la promotion de la science et de l’innovation.

Mme FUMIKO KASUGA, Directrice de « Future Earth Global Hub » (Japon), chercheuse à l’Institut national pour les études environnementales et Professeur invitée de l’Université de Tokyo, est aussi revenue sur l’importance du partenariat entre la science et la classe politique.  Elle a pris en exemple la ville de Yokkaichi au Japon où la pollution atmosphérique chronique, d’il y a 50 ans, a été vaincue grâce à la collaboration entre les scientifiques et les politiques et l’implication de la société civile.  Ce modèle de partenariat à succès pourrait fort opportunément être exporté vers des pays en développement.

La science doit être à la base de toute initiative de développement, et les scientifiques doivent être disposés à y contribuer dans la neutralité, a-t-elle proposé.  Elle a expliqué que « Future Earth Global Hub » entend créer des partenariats entre les milieux de la recherche et de la politique.  C’est pourquoi un réseau de plus de 50 000 chercheurs dans le monde entier est engagé dans des travaux liés aux objectifs de développement durable.  Le « Hub » a établi un rapport qui recense les domaines majeurs de la recherche susceptibles d’appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.   

M. STEWART LOCKIE, Directeur du « Cairns Institute » à l’Université James Cook en Australie, s’est inquiété des perspectives et des projections qui montrent que d’ici à 2050, plus de la moitié de la population mondiale et les deux tiers des enfants du monde vivront sous les tropiques, alors que la lutte contre la pauvreté est précisément moins efficace dans cette partie du globe.  La réalisation des objectifs de développement durable nécessite une compréhension particulière des relations entre les changements dans les domaines environnemental, social et économique.  Les investissements dans la science et la technologie doivent refléter les caractéristiques uniques et les besoins de tous les écosystèmes climatiques.  Le Directeur a justifié cette assertion, en faisant observer que les régions tropicales ne représentent que 5% du total des sommes investies dans la recherche et le développement.

M. Lockie s’est demandé comment aider les écosystèmes à s’adapter aux changements, arguant que le concept d’« adaptation assistée » semble être la solution.  Il a de ce fait plaidé pour l’intégration de la technologie dans des systèmes de production favorables à l’écologie et à l’intégration sociale.

M. NEBOJSA NAKICENOVIC, Directeur adjoint de l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués de l’Autriche, a relevé que les émissions de gaz carbonique ont déjà causé l’augmentation de la température terrestre de 1ºC.  Pour préserver les chances de développement, il faudra, a-t-il préconisé, prendre des solutions radicales mais réalisables.  Il a prédit qu’en 50 ans, l’humanité peut changer beaucoup de choses.  Il a montré une image juxtaposant deux clichés d’une rue de la ville de New York en 1900 et en 1913.  Sur la deuxième photo, les chevaux ont été remplacés par des véhicules à moteur, témoignant ainsi de la capacité d’innovation de l’homme.  Dans cette volonté d’innovation scientifique, il ne faut pas privilégier certains objectifs de développement durable au détriment des autres.

Il ne faut pas non plus croire, a renchéri le représentant de Sri Lanka, que le développement durable peut se faire en vase clos, car « dans ce monde globalisé, aucun pays ne peut s’engager seul vers l’innovation car nous partageons les mêmes richesses ».

Les représentants du grand groupe des jeunes, du secteur privé et des ONG ont ensuite plaidé pour leur implication dans tous les processus intergouvernementaux.  La représentante du grand groupe des ONG a même précisé que le grand défi pour la société civile est tout simplement d’être là où son avenir est discuté, en particulier les personnes handicapées.  Sans le respect du droit à la participation, on ne pourra pas « ne laisser personne sur le côté ».

Par ailleurs, la représentante de « Together 2030 » a souligné le besoin d’agir pour réduire les conséquences d’El Niño sur les populations des trois continents touchés.  Les plus vulnérables vont continuer à être les plus affectés, notamment les enfants qui sont exposés au décrochage scolaire en cas de catastrophe climatique.  Celle de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a regretté que l’on parle des perspectives d’avenir alors que quatre milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’Internet, d’où l’importance de la connectivité pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.    

Débat général

Libye (à paraitre demain)

M. AMIR MUHAREMI (Croatie) a dit qu’un leadership intelligent était nécessaire pour relever les défis émergents de la mise en œuvre du Programme 2030 laquelle nécessitera un environnement propice.  Au plan national, la Croatie accorde une place particulière à l’autonomisation des femmes et des filles et à l’emploi des jeunes.  L’histoire l’a dotée d’une « expérience mixte » de conflits et de redressement.  La Croatie est donc habituée au changement.  Nous avons, a affirmé le représentant, un niveau élevé d’intégration et en matière de coopération internationale, compte tenu de la modestie de son économie, la Croatie se concentre sur les petites contributions qui peuvent faire la différence notamment dans la prévention de conflit. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé que l’une des leçons apprises des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est qu’il faut dépasser les clivages, travailler de manière intégrée et créer des synergies.  Le Luxembourg a ainsi créé une commission interdépartementale qui travaille activement à la mise en place d’un cadre national pour mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable.  Le pays salue, dans ce contexte, l’adoption par la Commission de statistiques du nouveau cadre mondial d’indicateurs.  L’égalité des sexes et la promotion de la condition de la femme et des jeunes filles, le respect des droits de l’enfant et la reconnaissance du rôle spécifique des enfants et des jeunes en tant qu’acteurs du changement doivent être au centre de notre réflexion et de notre action si nous voulons faire en sorte que nul ne soit laissé pour compte, a poursuivi la représentante. 

Assurer un travail décent pour tous, réduire les inégalités sociales et améliorer la situation des plus vulnérables, tout comme garantir un accès universel à la santé, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, sont d’autres secteurs essentiels de la coopération au développement du Luxembourg.  La représentante a insisté sur la transversalité des efforts pour sauvegarder l’environnement et la biodiversité, et sur la lutte contre le réchauffement climatique.  Le Luxembourg, a-t-elle dit, est fier de compter parmi les sept pays qui consacrent au moins 0,7% de leur RNB à l’aide publique au développement (APD) un catalyseur et levier pour des financements supplémentaires en faveur de la lutte contre la pauvreté et la faim, objectif premier du Programme 2030, a souligné la représentante. 

M. THOMAS SILBERHOM, Secrétaire d’État parlementaire du Ministère fédéral de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a insisté sur les vulnérabilités des pays postconflit et rappelé que les inégalités entre les pays ne faisaient que s’accroître.  Il a détaillé les efforts de son pays pour remédier à cet état de fait, rappelant que l’Allemagne copréside le Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement.  Le représentant a aussi fait part des efforts de son pays s’agissant de la crise des réfugiés, avant d’en venir au défi des changements climatiques.  Protéger l’environnement, c’est protéger les pauvres », a-t-il dit, ajoutant que son pays allait doubler sa contribution laquelle va passer de 2 à 4 milliards par an.  Notre coopération en matière de développement sera importante, a-t-il assuré.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a jugé important de poursuivre l’œuvre inachevée des OMD et de remédier aux défis mondiaux les plus pressants, tels que les changements climatiques et la persistance des conflits.  La paix est l’arme la plus importante pour le développement, a-t-il dit, citant Nelson Mandela.  Les efforts de mise en œuvre du Programme 2030 doivent aller de pair avec les efforts de reconstruction des pays postconflit. Le représentant a détaillé le Plan sud-africain de mise en œuvre du Programme 2030, « un plan de notre peuple, pour notre peuple et par notre peuple », visant à créer une société sans discrimination où personne n’est laissé sur le côté.  Il a souligné le défi essentiel de l’innovation pour promouvoir la croissance et lutter contre les conséquences des changements climatiques.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a déclaré que le Gouvernement se prépare à élaborer les indicateurs nationaux pour commencer la mise en œuvre du Programme 2030 avant la fin de cette année 2016, grâce à un plan de développement « holistique et ambitieux ».  Dans cette optique, il a mis l’accent sur le partenariat public-privé et sur le respect des principes démocratiques.  Il a souligné dans ce contexte que l’agression russe ne vise qu’une chose: démanteler la démocratie ukrainienne ».  Cette agression va à l’encontre de l’évidence selon laquelle « il n’y a pas de développement durable sans paix durable ».

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dit que son pays a déjà commencé la mise en œuvre du Programme 2030, le Gouvernement ayant créé une plateforme d’action fondé sur un partenariat public-privé, et une stratégie nationale de développement.  Un groupe de travail interministériel aidé par la société civile a été lancé, ainsi qu’un programme 2016-2019 et un système national pour harmoniser les données publiques et privées.  À ce propos, des indicateurs sont en train d’être élaborés avec la participation de la société civile.  Les municipalités ont d’ailleurs été encouragées à publier une liste d’engagements dont le suivi sera assuré par un institut créé spécialement à cette fin.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a dit que son pays avait établi un mécanisme interministériel pour garantir la participation de toutes les parties prenantes, aux plans local et national, à la mise en œuvre du Programme 2030.  Des ressources conséquentes vont être débloquées pour que les stratégies adéquates soient appliquées et pour améliorer la collecte des données statistiques.  Ces cinq prochaines années, la Jamaïque va réviser ses politiques s’agissant de la pauvreté, des changements climatiques, des jeunes et des personnes âgées.  Sur le plan régional, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont décidé de créer un forum régional sur le développement durable, sous les auspices de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), pour assurer le suivi des efforts.  L’un des défis les plus pressants pour les petits États insulaires en développement est l’amélioration de la collecte des données statistiques.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a insisté sur les défis que doit relever la Syrie, en particulier le terrorisme méthodique perpétré par Daech et le Front el-Nosra, « groupes qui sont soutenus par beaucoup de pays de la région ».  Il a indiqué que la tâche de ne laisser personne sur le côté n’est pas facilitée par les mesures coercitives prises contre la Syrie.  Pour le représentant, l’occupation étrangère est l’un des principaux obstacles au développement durable, de même que l’ingérence dans les affaires intérieures des pays ou encore la discrimination contre les réfugiés.  Il a appelé au renforcement de la coopération internationale, sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée, les pays développés devant aider les pays en développement.  Le représentant a insisté sur la nécessité d’éviter de politiser l’aide au développement.

M. ION JINGA (Roumanie) a détaillé les priorités de son gouvernement: la nécessité d’une appropriation nationale forte et d’un leadership fort, la bonne gouvernance et la réduction des inégalités et la création d’un comité interministériel chargé de la mise en œuvre globale des ODD.  Le représentant a reconnu l’importance de la société civile, du secteur privé et des médias ainsi que du Parlement, lequel a d’ailleurs adopté une loi sur les ODD et sur la promotion de la paix et d’une société démocratique.  Il a souligné le défi de la mobilisation des ressources financières lesquelles existent mais qu’il faut orienter vers les programmes en faveur des plus pauvres et de la protection de l’environnement.

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a reconnu que les avancées ont été faibles s’agissant des OMD car ils ne correspondaient pas aux priorités nationales.  L’État a donc repris l’initiative en élaborant un plan national de développement qui associe les différents éléments des ODD.  Ce plan est l’émanation d’une alliance avec le secteur privé et la société civile qui ne cessent d’apporter leur contribution et de veiller à ce que les institutions publiques fassent leur travail de mise en œuvre du Programme 2030.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a rappelé que 1% des personnes dans le monde sont plus riches que tous les 99% restants, 50% de la population mondiale étant paupérisée.  Le délégué a insisté sur l’engagement de son pays à créer une société juste, démocratique et viable, conformément au Programme 2030.  S’agissant du suivi, il a souligné l’importance d’une vision claire et d’un système de collecte et d’analyse des données efficace.  « L’injustice dans le monde ne découle pas d’une insuffisance de ressources mais du problème politique de leur répartition », a conclu le délégué.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a dit que la stratégie à l’horizon 2050 de son pays a pour objectif de rejoindre le G20.  Malgré la crise, le pays va élaborer une stratégie de mise en œuvre du Programme 2030 pour améliorer le fonctionnement des institutions publiques, promouvoir l’état de droit et la bonne gouvernance et renforcer le système de santé.  Les dépenses sociales ont déjà triplé, a affirmé le représentant, indiquant que l’un des autres axes est le renforcement des infrastructures routières.  Il a invité tous les États à participer à « Expo 2017 » sur « l’énergie du futur ».

Il a suggéré au Forum de haut niveau de jouer un rôle plus affirmé dans la mise en œuvre des ODD et proposé que l’ECOSOC soit transformé en un « Conseil du développement durable », réunissant États Membres et chefs des agences spécialisées de l’ONU.  Ce conseil serait un « régulateur mondial » lançant des projets pour promouvoir la croissance économique dans le monde.  Le Président du Kazakhstan a également proposé que chaque pays consacre 1% de son budget de la défense au Fonds onusien pour le développement durable, a-t-il conclu.

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a déclaré que les indicateurs élaborés par son gouvernement s’alignent avec les ODD dont la réalisation nécessite une approche holistique et intégrée.  Le Gouvernement s’engage à mieux coordonner son action et à faciliter les activités des plaidoyers de la société civile.  Le représentant a tenu à souligner l’importance des jeunes pour la réalisation du Programme 2030 et au niveau international, il a indiqué que la priorité de l’Irlande est l’éradication de la pauvreté en Afrique subsaharienne.  L’Irlande fait en sorte que 50% de son APD aille aux pays les pauvres.

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a dit qu’il faut veiller à la cohérence aux niveaux national, international et local dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Les défis du Népal sont notamment l’isolement géographique, le manque d’énergie et les faiblesses technologiques.  Le pays a d’importants besoins d’infrastructures pour son désenclavement et son commerce.  Son approche du développement est basée sur les droits de l’homme, les autres défis les plus urgents étant la reconstruction après le séisme de l’année dernière, l’accès aux technologies et l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Le tremblement de terre a fait reculer le pays d’un an. 

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a mentionné plusieurs citations attribuées par un livre au Chevalier du Jedi du film « la guerre des étoiles », dont celle-ci: « il faut prêter plus d’attention à ceux qui ne sont pas d’accord avec vous qu’a ceux qui le sont ».  Il a salué les pays qui se sont portés volontaires pour présenter leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030.  Il n’y a pas de paix sans développement et pas de développement sans paix, a insisté le représentant.  La Slovaquie est prête à jouer son rôle dans la mise en œuvre du Programme 2030 et espère présenter son propre rapport dans quelques mois.  La Slovaquie, qui préside l’Union européenne, va faire des questions multilatérales la priorité de son mandat.  Tous les pays doivent pouvoir recevoir l’aide dont ils ont besoin pour mettre en œuvre le Programme 2030. « Que la force soit avec nous », a conclu le représentant.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) s’est vanté de la décision « ambitieuse » de son pays de changer de paradigme dans la « Stratégie nationale pour un développement durable responsable » lequel est centré sur la population et la stabilisation.  Pour la première fois de son histoire, le pays a adopté une loi sur « le suivi de la responsabilité » qui établit un cadre national de planification incluant les ODD qui sont d’ailleurs dans un processus de « localisation ».  La loi lie aussi les budgets annuels aux priorités du développement, renforce le cadre des services publics et offre un cadre de suivi et d’évaluation.  Il s’agit maintenant de rationaliser l’agenda du développement, d’améliorer les capacités, les infrastructures et les mécanismes de collecte des données, de renforcer les mécanismes de coordination et d’examen et de consolider les partenariats multipartites.  Le renforcement des capacités humaines et institutionnelles étant la clef, le pays vient d’introduire dans les universités un cursus sur le développement durable.

M. JOSEPH TEO (Singapour) a affirmé que le développement durable est un élément « intrinsèque » de l’histoire du développement de son pays.  Ville-État de 719 km2 dotée de très peu de ressources, Singapour a reconnu très tôt qu’une économie compétitive, un niveau de vie élevé et un environnement viable sont des parties complémentaires du cycle vertueux du développement.  En célébrant l’année dernière ses 50 ans d’indépendance, le pays a renouvelé son engagement en faveur du développement durable dans son « Sustainable Singapore Blueprint 2015 » qui « parle directement » au Programme 2030 et à son principe de « ne laisser personne sur le côté ». 

À ce propos, le représentant s’est félicité de ce que ce Programme reconnaisse les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires qui d’ailleurs représentent plus de la moitié des États Membres de l’ONU.  Leurs points de vue et leurs préoccupations doivent donc dûment être reflétés dans la mise en œuvre, le suivi et l’examen des objectifs de développement durable.  Le représentant a rappelé que l’année dernière, son pays a annoncé un nouveau Programme en appui au Programme 2030, lequel cherche à intensifier la coopération dans les domaines de la bonne gouvernance et de l’excellence du secteur public, des villes viables et de la planification urbaine; et de l’eau et de l’assainissement.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a dit que 2015 n’a pas été une année « historique » puisque des milliards de personnes vivaient toujours et vivent encore dans la pauvreté.  Il nous faudra 50 ans de dur labeur pour parvenir à cette étape « historique ».  Comment faire?  Le Royaume-Uni réitère son engagement de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD et à mettre en œuvre toutes les dispositions du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Le plus important est de cibler les plus exclus, les plus pauvres et les plus vulnérables et cela implique à terme de combattre la violence faite aux femmes et aux filles comme les mutilations génitales féminines et le mariage précoce.  Il faut aussi renforcer les données statistiques qui peuvent contribuer à cerner précisément la situation.  En toutes choses, il faudra s’appuyer sur les partenariats.

Après avoir cité la loi sur l’amélioration de la participation des femmes dans les institutions nationales, M. DIANGUINA DIT YAYA DOUCOURE (Mali) a aussi cité l’adoption du Plan national pour l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité, celle de la Politique nationale genre, et la lutte « sans merci » contre la violence à l’égard des femmes et l’autonomisation des femmes rurales.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD) qui porte sur la période 2016-2018. Un atelier sur les ODD, a-t-il affirmé, sera aussi organisé pour renforcer la capacité de leadership du Gouvernement. 

Pour le Mali, le succès des ODD réside dans les partenariats techniques et financiers (PTF), à l’échelle nationale et entre les PTF et le niveau national.  Sur ce dernier palier, le représentant a rappelé la création du Comité de pilotage du Plan-cadre des Nations Unies pour le développement au Mali.  Il a aussi réitéré la profonde gratitude de son pays aux entités sous-régionales et régionales.  Il a prévenu que la mise en œuvre de la résolution « historique » du Conseil de sécurité, la résolution 2295 du 29 juin dernier, dépendra de l’application efficiente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Il a appelé à l’appui de tous les organismes compétents des Nations Unies, et des partenaires régionaux, bilatéraux et multilatéraux.

M. OMER DAHAD FADL MOHAMED (Soudan) a estimé que « ne laisser personne sur le côté » exige de travailler de concert dans la réalisation des ODD, s’agissant en particulier du transfert de technologies et du financement.  Il faut un partenariat mondial respectueux des priorités nationales.  Le Gouvernement du Soudan a d’ailleurs élaboré ses plans et programmes de mise en œuvre des ODD.  Les défis sont notamment les infrastructures, les problèmes environnementaux, l’énergie, la paix et la reconstruction laquelle requiert le renforcement de capacités spécifiques.  Le représentant a reconnu l’importance des données statistiques, avant d’appeler les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD et de dénoncer les sanctions unilatérales et les mesures économiques coercitives.

M. NAWAF SALAM (Liban) a indiqué que le plan élaboré par son pays pour la mise en œuvre du Programme 2030 couvrira des secteurs économiques clefs pour le Liban, tels que l’agriculture, la finance ou bien encore le tourisme.  Les 17 ODD seront tous couverts par ce plan pour lequel des ressources financières accrues sont prévues.  Le représentant a demandé l’appui de la communauté internationale pour le renforcement des capacités en matière de collecte des données et d’accès aux technologies.  Il s’est dit satisfait par l’allusion faite aux réfugiés dans le projet de déclaration ministérielle car on ne peut ignorer les défis que doivent relever les pays hôtes.  Le Liban, a-t-il rappelé, vit une crise aigüe depuis l’afflux de plus d’un million de réfugiés de Syrie, les perspectives de croissance ayant nettement été revues à la baisse.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la nécessité de vivre en harmonie avec la Terre nourricière.  Il a en effet dit craindre que la mise en œuvre du Programme 2030 ne soit mise à profit par les grandes multinationales pour s’enrichir davantage et privatiser certains droits fondamentaux, tels que le droit à l’eau.  Le capitalisme patriarcal, ignorant les différences et « assassinant la Terre nourricière », est en train de l’emporter, a-t-il prévenu, avant d’insister sur l’importance de reconnaître les droits de notre Terre.  « Nous voulons que le Programme soit universel », a-t-il affirmé, en appelant à ne pas oublier le sort des pays sous occupation étrangère et en insistant, une nouvelle fois, sur le droit à l’eau et à une éducation de qualité.

M. DIAN TRIANSYAH DHANI (Indonésie) a dit que la mise en œuvre du Programme 2030 exigera le partage des responsabilités dans le cadre d’un partenariat mondial équitable.  Au plan national, le Gouvernement a mis en place son Plan d’action national de suivi et de réalisation et une équipe de mise en œuvre des ODD.  Le Gouvernement entend poursuivre les mesures déjà prises dans la réalisation des OMD notamment les « Prix des OMD » qui seront transformés en « Prix des ODD » pour les meilleurs.  Le représentant a prôné l’échange des meilleures pratiques aux niveaux national et international.  

M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a indiqué que son pays a  adopté « Vision 2030 », une stratégie de développement fondé sur le principe de « ne laisser personne sur le côté ».  Dans ce contexte, le Gouvernement a élaboré des objectifs alignés avec les ODD et ancrés dans le principe d’appropriation nationale et du dialogue avec le secteur privé et les ONG.  Tous les ministères, départements et agences sont impliqués, a affirmé le représentant qui a insisté sur l’importance qu’il y a à reconnaître les défis particuliers des petits États insulaires en développement.  Il a réclamé la revitalisation de partenaires multipartites articulés autour du système des Nations Unies.  Il a aussi insisté sur l’appui au renforcement des capacités et au transfert des technologies, comme le disent le Programme 2030 et les « Orientations de Samoa ».

Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a souhaité que le Forum demeure objectif et crédible et continue à examiner chaque année l’état de la mise en œuvre des ODD.  Elle a suggéré quatre domaines d’action: le renforcement des capacités avec l’appui du secteur privé, sans que ce renforcement ne soit imposé de l’extérieure; une utilisation plus intelligente de l’APD, qui seule pourra financer certains secteurs; des investissements accrus dans l’éducation et la santé, le système des Nations Unies devant se concentrer sur ces questions liées tant à l’humanitaire qu’au développement; et enfin l’intensification des efforts en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles.  Les Émirats arabes unis sont un exemple en ce sens: l’accélération de la croissance y correspond à d’importants programmes en faveur de cette autonomisation.

Pour M. NAUMAN BASHIR BHATI (Pakistan), la mise en œuvre du Programme 2030 exige une bonne méthode et une approche systématique à tous les niveaux, sachant que l’appropriation nationale est essentielle.  Le Pakistan a commencé à travailler dès l’adoption du Programme 2030 et son programme à long terme intègre les ODD.  Le Parlement a d’ailleurs adopté le Programme 2030 comme programme de développement national qui a été assorti d’un plan stratégique fixant les priorités.  Une campagne de sensibilisation a été lancée pour faciliter l’appropriation et des moyens de financement sont étudiés.  Le Pakistan a souligné la nécessité les mécanismes internationaux de financement et prévient que le financement de l’action sur le climat ne saurait être considéré comme une partie de l’APD car c’est une obligation « distincte».

Mme EI EI KHIN AYE (Myanmar) a souligné l’existence, au niveau national, de circonstances et de contraintes uniques, notamment la transformation politique, économique et sociale en cours dans son pays qui s’attaque aux racines profondes de la pauvreté.  Après des décennies de conflit, la priorité du Gouvernement est de parvenir à une paix durable et pour atteindre cet objectif, le Gouvernement organisera une conférence de paix inclusive en août 2016 tout en relevant les défis économiques.  Le Gouvernement se focalise aussi sur le renforcement des capacités humaines, la création d’un environnement économique propice, l’élargissement de l’accès aux technologies de l’information et des communications et le renforcement de la résilience aux catastrophes naturelles.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a, à son tour, souligné l’importance du transfert de technologies, de la mobilisation des ressources financières, d’un leadership fort et du partage des meilleures pratiques pour réaliser le développement durable.  Mais le vrai défi est et sera toujours « la compassion du cœur » qui conduit à la solidarité nécessaire.  Rappelant les propos du pape François, l’observateur a déclaré qu’« au-delà des programmes et des plans, on a affaire à des hommes et des femmes qui vivent, luttent, souffrent et sont souvent forcés de croupir dans la grande pauvreté, privés de tous les droits ».

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a rappelé qu’il faudrait faire preuve de volonté politique pour assurer la mise en œuvre du Programme 2030.  Les pays doivent pouvoir identifier leurs priorités au titre des ODD sur la base de leurs priorités nationales car l’appropriation nationale est essentielle.  Pour le représentant, il faut mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté, accorder la priorité aux plus vulnérables et veiller à fournir des emplois aux jeunes, afin de réduire les risques de radicalisation.  Il a mis l’accent sur les résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté et la corruption dans son pays.  Le Gouvernement de l’Azerbaïdjan fait également beaucoup pour diversifier l’économie et développer les énergies renouvelables.  Mais il ne peut y avoir de développement sans paix ni sécurité.  Le monde doit donc faire plus pour prévenir les conflits armés.

M. ARBEN IDRIZI (Albanie) a indiqué que la Stratégie nationale du développement et d’intégration 2015-2020 est le document de référence pour le développement durable.  La marche accélérée de l’Albanie en la matière est propulsée par son engagement à se hisser aux normes européennes en matière de gouvernance et d’état de droit mais aussi dans les domaines économique et social.  Avec l’aide de l’ONU et des autres partenaires, l’Albanie s’attache à peaufiner ses cibles et ses efforts de collecte et d’analyse des données ventilées.  Les résultats sont déjà visibles, s’est enorgueilli le représentant, en parlant d’une croissance économique soutenue, ces deux dernières années, qui a permis de faire chuter le taux de pauvreté de plus de 2%. 

Après avoir donné un aperçu des politiques en matière d’éducation, de formation, d’intégration sociale des Roms et des « Égyptiens », d’égalité des sexes et de protection de l’enfant, le représentant a relevé que l’un des défis du Programme 2030 est la lutte contre les changements climatiques.  Il s’est dit fier d’annoncer que son Parlement vient de ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  L’Albanie, a-t-il aussi rappelé, s’est portée volontaire pour servir de pays pilote aux indicateurs de l’objectif 16 du Programme 2030 relatif à la bonne gouvernance et à l’état de droit.  

M. EMILIO GONZÁLEZ SOCA (Cuba) a regretté l’écart entre les objectifs très ambitieux du Programme 2030 et les moyens pour le mettre en œuvre.  Au rythme actuel, on ne pourra pas mettre fin à la faim d’ici à 2030, a prévenu le représentant.  Les ressources existent mais on préfère investir des centaines de milliards de dollars par an dans l’armement plutôt que dans le développement.  Il est donc urgent de changer les choses et de mettre en place une architecture financière internationale favorable aux pays en développement, ainsi que des règles commerciales qui favorisent leur intégration au commerce international.  Cuba espère que l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais rappelle que les mesures doivent être fondées sur le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Le représentant a en outre dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui affectent certains pays en développement, dont Cuba, et qui ont un effet négatif sur les progrès économiques.  Cuba en est victime depuis des décennies, ce qui ne l’a toutefois pas empêché de contribuer au développement d’autres pays, a-t-il fait observer.  Il a également affirmé que certains des aspects du programme de développement de Cuba, mis en route depuis 2013, sont plus ambitieux que le Programme 2030.

M. RAMZI LOUATI (Tunisie) a dit que les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine ont été inclus dans le Plan national de développement de la Tunisie pour la période 2019-2020.  Les priorités du pays sont notamment le respect des droits de l’homme, le développement régional et durable et l’économie verte.  Dans ce Plan de développement, la Tunisie vise à faire baisser à 2,5% le taux de pauvreté.  Il prévoit aussi des réformes politiques et de gouvernance qui ont commencé avec les élections législatives et présidentielle, il y a deux ans.  C’étaient des élections libres et crédibles jamais organisées dans le pays.  Des mesures ont également été prises en faveur de la démocratie, de la lutte contre la corruption et pour la justice.  Le représentant a demandé la coopération de la communauté internationale dans la lutte contre les flux financiers illicites et le recouvrement des avoirs nationaux pillés et volés.

M. MARTIN CHUNGONG, Secrétaire général de l’Union interparlementaire, a consacré son intervention à l’objectif 16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces qui seul peut permettre la contribution des individus au Programme 2030.  Cet objectif contribue à faire entendre la voix des exclus et à défendre l’intérêt général.  Il faut donc impliquer les parlements nationaux à la réalisation de cet objectif et du Programme 2030 dans son ensemble.  M. Chungong a énuméré l’aide de son institution aux parlements nationaux pour qu’ils puissent apporter leur contribution à la réalisation des ODD.

M. JEAN-PIERRE NDOUTOM, Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé que l’OIF a adopté son Cadre stratégique opérationnel en 2014, lequel souligne la nécessité pour les États membres d’intégrer les ODD au niveau national mais aussi local.  Le prochain Sommet de l’OIF, qui se tiendra à Antanarivo à Madagascar cet automne, aura pour thème les conditions de la stabilité mondiale et de l’espace francophone, ce qui permettra de contribuer à l’objectif de « ne laisser personne sur le côté ».  L’OIF est en outre fière que 10 des 22 pays qui ont présenté leur rapport de mise en œuvre figurent parmi ses membres.  M. Ndoutom a par ailleurs rappelé que la mise en œuvre des ODD requiert de nouveaux outils d’analyse.  À cet égard, l’OIF et ses États membres ont développé avec les universités, notamment au Québec, le concept d’analyse systémique de la durabilité, qui permet une analyse rapide des ODD, une identification des mesures et des réponses aux enjeux locaux.

Mme BADRE EDDINE ALLALY, Ligue des États arabes, a déclaré que l’effondrement des économies de certains pays arabes, résultat de l’instabilité, représente d’immenses défis, de même que la baisse des cours de certains produits d’exportation comme le pétrole.  Les pays arabes ne peuvent continuer de mettre en œuvre le Programme 2030 dans de telles conditions, a averti la représentante.  Elle s’est pourtant félicitée des efforts consentis par ces pays arabes en faveur des ODD.  Elle a rappelé l’importance des données nationale et régionales.  La représentante a rendu hommage au Maroc et à l’Égypte pour avoir présenté leur rapport de mise en œuvre.

Mme CARLA MUCAVI, Directrice de la liaison newyorkaise de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que la communauté internationale ne doit pas oublier les zones rurales où vivent 70% des pauvres dans le monde.  Elle a dénoncé la course aux ressources naturelles couplées aux changements climatiques qui réduisent la productivité agricole et privent les agriculteurs des moyens de production.  Elle a regretté que les pauvres ruraux ne bénéficient pas de mécanismes de protection lorsqu’ils sont face à ces difficultés alors que le secteur agricole peut aider les pays en développement à lutter contre la faim et la pauvreté, et à contribuer au développement durable.

M. AMJAD AL-MOUMANI (Jordanie) a dit que la Jordanie a mis en place un programme pour les ODD alors que la population a augmenté de 20% ces dernières années à cause notamment de l’arrivée massive de migrants venus de pays en conflit dans la région.  Cet accroissement démographique soudain met la pression sur les infrastructures de base.  La Jordanie ne peut pas seule faire face à cette situation.  Le Gouvernement a tout de même créé un Comité de haut niveau sur le développement durable, une feuille de développement jusqu’en 2025, servie par des indicateurs pour le suivi. 

M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a attiré l’attention sur une résolution de l’OIT sur le travail décent, qui demande aux États d’intégrer des éléments du travail décent dans leurs stratégies de développement durable.

Mme LAKSHMI PURI, Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femme, a rappelé la « mère des discriminations » qu’est la discrimination à l’égard des femmes, alors que les ODD ne pourront être réalisés sans égalité hommes-femmes et autonomisation des femmes et des filles.  Elle a notamment demandé la mise en place de cadres juridiques en faveur des femmes les plus vulnérables.

Mme BRENDA KILLEN, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), est venu donner un message clair: l’OCDE et ses États membres sont déterminés à utiliser le Programme 2030 pour sortir du monde où nous vivons et aller vers l’avenir que nous voulons.  L’Organisation de coopération et de développement économiques aide donc ses membres « à se regarder dans la glace » et à aider les plus vulnérables.  Le Plan d’action de l’OCDE, présenté le mois dernier, décrit la manière dont ses données, ses instruments de politique et ses plateformes de dialogue seront utilisés pour aider les gouvernements à renforcer leur faculté de mettre en œuvre les ODD.  La cohérence des politiques est importante mais tout aussi importante est « la cohérence politique », à savoir passer des mots aux actes, ce qui nécessite une expertise en développement et de la volonté politique et, en la matière, l’OCDE mènera par l’exemple. 

L’Organisation, a indiqué le représentant, est en train de développer des outils pour évaluer le point de départ de ses membres par rapport aux ODD et calculer la distance qu’ils doivent parcourir pour arriver aux cibles spécifiques.  Il s’agira d’examiner l’effet d’entrainement, positif ou négatif, et de déterminer son impact sur la capacité des autres pays à réaliser les ODD.  Le processus vise deux objectifs: démontrer l’engagement en faveur des ODD et mobiliser la force de l’OCDE s’agissant de l’analyse, du renforcement des capacités et des politiques de développement pour appuyer non seulement ses membres mais aussi tous les autres pays.  L’OCDE est en train de moderniser la manière dont elle mesure et utilise le financement du développement.  Elle sait que l’APD a plus d’impact quand elle vient en conjonction avec de nouvelles ressources domestiques, l’investissement, les envois de fonds des migrants ou les contributions des fondations.  Le représentant a invité les participants à la prochaine Réunion de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération au développement efficace qui aura lieu à Nairobi à la fin du mois de novembre.

M. NEIL MCFARLANE, Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, a insisté sur l’impact des catastrophes sur le développement durable.  Au cours de ces deux dernières décennies, les conséquences de des catastrophes se sont chiffrées à 1 500 milliards de dollars et s’élèvent aujourd’hui à 250 voire 300 milliards par an, sans compter les coûts sociaux et environnementaux ou l’impact intergénérationnel.  Les pays à bas revenu chiffrent leurs pertes annuelles à 22% de leurs dépenses publiques et dans certains pays, ce taux monte à 50%.  Réduire les risques de catastrophe est donc « essentiel » pour ne « laisser personne sur le côté », a dit le représentant, en attirant l’attention sur le Cadre d’action de Sendai 2015-2030 qui prévient que les coûts vont augmenter de manière spectaculaire si les risques de catastrophe ne sont pas incorporés dans les choix de développement. 

Selon l’OCDE, 50 000 milliards de dollars seront investis dans de nouvelles infrastructures dans les décennies à venir.  Mais si ces investissements se font dans des zones sujettes aux inondations, ils augmentent les risques de catastrophe mais s’ils sont bien pensés, ils les réduisent.  Naturellement, diminuer les émissions de gaz à effet de serre aussi vite que possible est sans conteste le moyen le plus efficace d’atténuer ces risques.  Aux Nations Unies, a indiqué le représentant, la cohérence a été consacrée dans le Plan d’action adopté en mai 2016.  Les progrès seront évalués en fonction du Cadre d’action de Sendai et du Programme 2030 qui partageront les mêmes indicateurs de réduction des risques de catastrophe.  En outre, les plateformes internationales et régionales ont été reconnues par l’Assemblée générale comme des instruments clefs pour évaluer les progrès et contribuer au suivi des conférences et sommets de l’ONU.  En conséquence, le résultat de la prochaine Plateforme internationale qui aura lieu à Cancún du 24 au 26 mai 2017 sera un important apport.

Mme RUTH BLACKSHAW, ONUSIDA, a rappelé l’une des résolutions prises pendant la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida en 2016 qui vise à mettre fin à la propagation de l’épidémie, notamment chez les personnes à haut risque comme les femmes et les filles en Afrique, et à élargir l’accès aux antirétroviraux.  En 2015, les États Membres s’étaient déjà engagés à inverser la tendance du VIH/sida, a indiqué la représentante, en énumérant quelques mesures comme l’élargissement de l’accès aux médicaments, les investissements dans la sensibilisation de l’opinion publique, la prise en compte de l’avis des personnes touchées par le VIH/sida dans le processus de décision et la collecte de données fiables.

Le représentant du grand groupe des peuples autochtones a noté l’émergence de certaines bonnes pratiques s’agissant de la consultation des peuples autochtones dans le cadre de l’élaboration et du suivi des politiques nationales, comme en Norvège ou en Suède.  Il a également jugé positive la désagrégation des données en ce qui concerne les populations autochtones et a encouragé les États à traiter des différents problèmes en fonction des bonnes pratiques existantes.

Le représentant du grand groupe du commerce et de l’industrie a plaidé pour l’ouverture des marchés et demandé que l’on commence à penser hors des schémas habituels pour travailler de manière productive.  Le monde du commerce et de l’industrie entend travailler avec tous les autres acteurs à la réalisation des ODD.

Le représentant du groupe des personnes handicapées, a rappelé que 80% des personnes handicapées vivent dans des pays en développement.  S’il s’est félicité que ces personnes soient incluses dans les ODD, à la différence des OMD qui les avait laissées de côté.  Il a affirmé que cela devait encore se traduire dans les faits au niveau national.  Il a déclaré que son groupe avait été actif dans la mise en œuvre des OMD, avant de détailler quelques-uns de ses accomplissements.  Le Groupe a organisé plusieurs ateliers de sensibilisation au Kenya, en Thaïlande, au Mexique ou encore au Samoa, a-t-il dit, ajoutant qu’il avait également élaboré un guide sur le Programme 2030 à l’adresse des personnes handicapées.  Quelque 23 représentants d’associations de personnes handicapées du monde entier sont présents à ce Forum pour rappeler aux dirigeants du monde, aux gouvernements et à l’ONU que « nous ne voulons pas être laissés sur le côté ».  Enfin, il a souhaité que les gouvernements travaillent étroitement avec les associations de personnes handicapées pour mettre en œuvre ces ODD.

Le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a déclaré que les inégalités croissantes risquent de faire beaucoup de laissés-pour-compte.  Pour l’éviter, il faut que chacun ait accès à un travail décent et reconnaître l’importance du dialogue social et de la négociation collective.  L’OIT et les partenaires sociaux ont un rôle fondamental à jouer dans la mise en œuvre et le suivi du Programme 2030, a ajouté le représentant. 

La représentante des personnes âgées a estimé qu’il faut planifier la croissance de ce groupe.  Elle a donc demandé la participation des personnes âgées à l’élaboration de programmes de développement et des budgets, sans oublier le suivi du Programme 2030.

La représentante du Partenariat stratégique pour le développement du Mexique a insisté sur la participation des autorités locales et de la société civile à la mise en œuvre du Programme 2030 et au Plan national du Gouvernement du Mexique.

Celle de la Fédération des femmes universitaires a voulu que l’on mette en avant ceux qui sont les derniers, notamment les enfants dont les naissances n’ont pas été enregistrées et les enfants non accompagnés, lesquels sont vulnérables à la traite et à l’exploitation.  Elle a souligné la nécessité de développer des stratégies pour la participation locale.   

Le représentant du Fonds de recherche en matière de fertilité de New York a plaidé pour une lutte renforcée contre la pauvreté et l’imposition d’un plancher pour la sécurité sociale, soulignant en l’occurrence la validité du Cadre mondial d’indicateurs.

Le représentant du Comité pour l’énergie de la Chine a rappelé qu’un tiers des denrées alimentaires produites chaque année sont gaspillés alors que des centaines de millions de personnes souffrent de la faim.  Elle a relevé la situation s’agissant de l’accès à l’électricité, voulant que l’on éduque les gens à la lutte contre les gaspillages.  La durabilité doit devenir un mode de vie.

Adoption de la Déclaration ministérielle (E/2016/L.26)

Avant l’adoption de la Déclaration ministérielle, le représentant du Nicaragua a demandé que le projet de déclaration soit mis aux voix au motif que son pays continue de s’opposer à l’Accord de Paris sur le climat, cité dans le paragraphe 19 de la déclaration.  Cet Accord n’aidera en rien à limiter l’augmentation de la température dans 15 ans, ce qui compromettra le développement durable des pays en développement en général, et de l’Afrique en particulier.  Le représentant de l’Équateur a appuyé la position de la délégation du Nicaragua, au nom de son « droit souverain » de s’opposer à une partie du texte proposé.

Son homologue de l’Algérie a voulu savoir du Président de l’ECOSOC le nom des délégations qui se sont opposées à l’inclusion des principes d’intégrité et d’indépendance des États dans le texte.  Je n’ai pas les informations, a répondu le Président de l’ECOSOC, en précisant que c’est le représentant du Maroc qui a fait savoir que des délégations se sont opposées à cette proposition.

Le représentant de l’Égypte a rappelé que son pays est signataire de l’Accord de Paris sur le climat mais a jugé « déséquilibré » le paragraphe 19 du projet de déclaration ministérielle qui ne reconnait ni l’urgence de remédier aux changements climatiques ni le principe de responsabilité commune mais différenciée, contrairement à l’Accord de Paris.  L’Égypte ne peut adhérer à ce paragraphe 19 qui ne saurait lui être opposable pendant les futures négociations. 

Le paragraphe 19, qui a été adopté par 141 voix pour, l’opposition du Nicaragua et les abstentions de l’Égypte, de la Fédération de Russie et du Myanmar, se lit comme suit: « Nous soulignons que la réduction de la vulnérabilité aux changements climatiques est un défi mondial qui nous concerne tous, et en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté.  Nous prenons acte des effets de synergie entre la mise en œuvre de l’Accord de Paris et celle du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nous accueillons avec satisfaction l’Accord de Paris, en vertu duquel toutes les parties prendront d’urgence des mesures visant à faire face aux changements climatiques, et nous comptons que cet Accord fera promptement l’objet d’une ratification, d’une acceptation, d’une approbation ou d’une adhésion et qu’il entrera en vigueur et sera mis en œuvre rapidement.  Nous comptons également que des ressources seront mobilisées pour aider à la mise en œuvre de l’Accord.  Nous sommes conscients que les pays en développement ont des besoins qui leur sont propres et de leur situation particulière, surtout ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques ».

Rappelant le caractère « transparent » des négociations au cours desquelles tous les points de vue ont été dûment pris en compte, la représentante de la Slovaquie au nom de l’Union européenne s’est déclarée déçue de ce vote, d’autant plus qu’il intervient au tout premier Forum politique de haut niveau que l’ECOSOC tient après l’adoption du Programme 2030.  Ce vote « préoccupant » ne reflète pas « la bonne volonté et l’enthousiasme » constatées ces 10 derniers jours.  C’est un mauvais message que l’on envoie au monde.

Le représentant de Cuba a, à son tour, déploré ce vote, conseillant pour l’avenir, de tenir compte des positions de tous les États, quel que soit leur taille ou leur poids.  On aurait pu accepter la proposition du Nicaragua et éviter ainsi que plusieurs millions de Nicaraguayens soit « laissés sur le côté ».

Son homologue de la Bolivie, qui aussi voté en faveur du texte, a tenu à souligner le droit d’un État souverain à faire valoir sa position.

La représentante du Venezuela s’est félicitée que la Déclaration ministérielle ait mentionné l’Accord de Paris sur le climat auquel son pays a adhéré.  Mais, a-t-elle avoué, le Venezuela fait siennes les préoccupations du Nicaragua s’agissant des procédures de ce Forum qui a refusé de tenir compte de la position d’un État.

Son homologue de la Fédération de Russie a jugé regrettable qu’à l’issue des travaux du tout premier Forum post-Programme 2030, on ait créé un précédent « particulièrement négatif ».  Il faut éviter de discréditer ainsi le Forum.  Que cette expérience serve de leçon, a dit le représentant, en posant la question juridique de savoir comment, ce Forum, qui n’est pas un organe mais un processus, a pu mettre un texte aux voix.  Ce vote est-il légal? s’est-interrogé, en comptabilisant les dommages causés à une instance qui s’occupe de questions aussi fondamentales que le développement durable.  Il faut écouter attentivement ce qu’a dit le Nicaragua sur la nécessité d’entendre tout le monde dans les négociations.  Revenons à un modèle traditionnel de négociations, a-t-il préconisé.

Le représentant de l’Algérie a dit que ce vote n’augurait pas bien du chemin à parcourir ces 15 prochaines années.  Il a lancé un appel pour qu’à l’avenir, le consensus soit la règle.

Son homologue de l’Iran a dit qu’il faudra apprendre de cette erreur, regrettant que l’on n’ait « laissé le Nicaragua sur le côté ». 

Le Président de l’ECOSOC a confié qu’il a cherché en vain, avec les deux cofacilitateurs, le consensus sur le paragraphe 19.

La représentante des États-Unis a admis que tout le monde a fait des sacrifices dans ce Forum.  L’état d’esprit de la semaine écoulée a monté la volonté de tous de réaliser le Programme 2030 même s’il est vrai que le droit au développement n’est pas compris de la même façon partout.  Pour les États-Unis, la priorité ce sont les droits de la femme et s’agissant du transfert de technologies, le consentement des détenteurs de droits de propriétés est un préalable.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a salué la contribution des 22 pays qui se sont portés volontaires pour présenter leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030, un an seulement après son adoption.  Ces expériences sont ce dont a besoin le Forum pour avancer et s’acquitter de son mandat.  

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