Quatre choses à savoir sur l’eau et la famine

Des millions d’enfants sont exposés aux effets meurtriers de la sécheresse, telles que la famine, la malnutrition et la soif.

Par Leah Selim
Un enfant utilise ses mains pour boire de l'eau à un robinet
UNICEF/UN0591240/Taxta
16 mai 2022

Les conflits, les changements climatiques, la pauvreté et, dernièrement, la pandémie de COVID-19 sont à l’origine de crises humanitaires à grande échelle, exposant des millions de personnes au risque de famine.

Durant les périodes de famine et d’insécurité alimentaire extrême, les enfants sont les plus vulnérables, car ils sont davantage exposés au risque de malnutrition sévère et de décès. Ces crises produisent également des effets durables et irréversibles sur leur santé et leur développement.

La famine est souvent associée à un manque de nourriture. Or, de plus en plus, elle n’est pas seulement provoquée par une insécurité alimentaire, mais aussi par un manque d’eau salubre et par des problèmes d’assainissement et de santé, notamment en ce qui concerne la prévention et le traitement des maladies. Pour les quatre raisons suivantes, l’eau et l’assainissement sont tout aussi importants que la nourriture pour les enfants et les familles confrontés à la famine et à l’insécurité alimentaire.

un agent de santé mesure le bras d'un enfant pour évaluer son état nutritionnel.
UNICEF/UN0631314/Sewunet
Éthiopie, dans un centre pour personnes déplacées, un agent de santé mesure le bras d'un enfant pour évaluer son état nutritionnel.
1. Les maladies et la malnutrition

Une eau insalubre et un mauvais assainissement peuvent entraîner la malnutrition ou l’aggraver. « Quelle que soit la quantité d’aliments qu’un enfant atteint de malnutrition absorbe, sa santé ne s’améliorera pas si l’eau qu’il boit est insalubre », explique Manuel Fontaine, Directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF. Une eau insalubre peut provoquer des diarrhées, ce qui empêche les enfants d’obtenir les nutriments dont ils ont besoin pour survivre et finit par les mener à la malnutrition. Les enfants souffrant de malnutrition sont également plus vulnérables aux maladies transmises par l’eau, comme le choléra. On estime que l’accès insuffisant à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement est responsable d’environ 50 % de la malnutrition dans le monde.

Un jeune homme accroche des poissons à une corde pour les faire sécher.
UNICEF/UNI361793/Sobecki VII Photo
Dans une petite communauté de pêcheurs, non loin de la ville de Kalokol, dans le nord du Kenya, des poissons sont accrochés à une corde pour sécher.
2. Le changement climatique

Parce qu’ils contribuent à réduire ou à polluer les ressources en eau, les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses et les inondations, menacent à la fois la qualité et la quantité de l’eau dont dépendent des communautés entières. Dans leur lutte pour accéder à des sources d’eau peu abondante ou insalubre, les familles vivant dans des régions soumises à un très fort stress hydrique sont contraintes de quitter leur foyer, ce qui les rend plus vulnérables aux maladies et met en péril leur sécurité.

À l’échelle mondiale, plus de 1,42 milliard de personnes – dont 450 millions d’enfants – vivent dans des zones où la vulnérabilité hydrique est élevée ou extrêmement élevée. La Corne de l’Afrique traverse le plus grave épisode de sécheresse observé dans la région depuis 40 ans. L’absence de précipitations pendant trois saisons des pluies consécutives a contraint des centaines de milliers de personnes à quitter leur foyer, réduit à néant les récoltes et les activités d’élevage sur une vaste superficie du territoire et favorisé la malnutrition.

Une femme marche avec du bétail dans une région désertique.
UNICEF/UN0627369
Dans le nord de l'Éthiopie, à Afar, une femme marche avec du bétail.
3. Les conflits

Les conflits sont souvent le principal facteur à l’origine de la menace de famine, car ils perturbent l’approvisionnement en nourriture et en eau, et bouleversent les systèmes de santé. Bien trop souvent, la dépendance des populations à l’eau est volontairement exploitée durant les conflits armés, les ressources hydriques et les réseaux d’eau potable devenant alors une cible. Dans la quasi-totalité des situations d’urgence dans lesquelles l’UNICEF est intervenu ces dernières années, l’accès à l’eau avait été perturbé, que ce soit de manière accidentelle ou du fait d’une attaque dirigée contre les infrastructures. Pour les jeunes enfants en particulier, les conséquences de ces perturbations peuvent être fatales. Dans les conflits de longue durée, les enfants de moins de 5 ans sont plus de 20 fois plus susceptibles de mourir d’une maladie diarrhéique liée à un manque d’eau salubre et d’assainissement que des effets de la violence associée au conflit.

Un enfant marche près des tentes dans un camp
UNICEF/UN0612969/Rich/Photographer
Dans un site pour personnes déplacées en Somalie, près de la frontière avec l'Éthiopie, un enfant marche près des tentes.
4. Les déplacements

Lorsque les combats ou la sécheresse forcent des populations à quitter leur foyer, les enfants et les familles sont plus exposés aux mauvais traitements et aux menaces sanitaires. Les enfants en déplacement n’ont pas d’autre choix que de boire de l’eau insalubre. Les camps de fortune ne sont pas toujours équipés de toilettes et deviennent de véritables foyers d’épidémies. Les enfants, déjà vulnérables, sont davantage susceptibles d’attraper des maladies et, dans leur fuite, n’ont souvent pas la possibilité de se rendre à l’hôpital ou dans un centre de santé.

L’aide apportée par l’UNICEF

L’UNICEF intervient pour apporter aux enfants et aux familles une aide immédiate d’importance vitale et pour renforcer leur résilience à long terme. Cette démarche consiste, entre autres, à :

  • Œuvrer avec les partenaires pour renforcer la résilience des communautés confrontées à une vulnérabilité hydrique élevée ou extrêmement élevée, en procédant notamment à l’extraction des eaux souterraines. La réalisation de forages visant à établir des sources fiables d’eau souterraine dans la Corne de l’Afrique pourrait en effet transformer la vie d’au moins 70 millions d’enfants vivant dans des zones où l’accès à l’eau est extrêmement précaire ;
  • Étudier des solutions à plus long terme dans le cadre d’initiatives régionales, afin que les communautés puissent bénéficier d’un accès pérenne à l’eau salubre. En plus de prévenir les maladies et de favoriser la résistance aux effets des changements climatiques, cette approche permettrait aux familles de rester dans leur communauté, où leurs enfants peuvent aller à l’école et recevoir des soins de santé primaires ;
  • Mettre sur pied des systèmes de suivi et d’alerte précoce afin d’avertir au plus vite les gouvernements et les communautés en cas d’augmentation des risques climatiques et environnementaux, de façon à prendre immédiatement les mesures qui s’imposent pour éviter de futures crises ;
  • En Somalie, l’UNICEF collabore avec le Gouvernement et les partenaires pour mener des interventions vitales en réponse à la sécheresse qui sévit dans le pays. Ces mesures incluent notamment la fourniture d’aliments thérapeutiques pour traiter la malnutrition aiguë et de micronutriments pour pallier les carences, ainsi que l’accompagnement des familles pour favoriser l’adoption de bonnes pratiques en matière de nutrition et de santé. Au premier trimestre 2022, l’UNICEF a également permis à quelque 480 000 personnes d’obtenir un accès temporaire d’urgence à des ressources en eau ; 
  • En 2021, au Kenya, nous avons fait bénéficier à plus de trois millions de personnes d’un accès à l’eau potable, d’articles EAH et de produits de traitement de l’eau à domicile, de messages de promotion de l’hygiène en lien avec la COVID-19, ainsi que de services d’assainissement améliorés.