Un rapport de Greenpeace lève le voile sur l’industrie peu connue de la pêche au krill en Antarctique

Océans

Bateaux de pêche au krill en Antarctique © Daniel Beltrá / Greenpeace

Greenpeace International publie aujourd’hui un rapport sur l’industrie de la pêche au krill en Antarctique qui souligne les risques environnementaux liés à cette activité en pleine expansion. Le krill, un tout petit crustacé ressemblant à une crevette, est à la base de la chaîne alimentaire de tout l’écosystème marin de l’Antarctique et sert notamment de nourriture à des animaux telles que les baleines bleues et les manchots adélie. Une fois pêché, le krill est vendu sous forme d’huile, de compléments alimentaires, d’aliments pour les fermes à poissons ou encore de nourriture pour les animaux domestiques.Le rapport révèle notamment que :

  • la pêche intensive au krill en Antarctique se déroule à proximité immédiate de zones d’alimentation d’animaux tels que les baleines et les manchots, induisant une concurrence directe pour la nourriture ;
  • les données de géolocalisation analysées par Greenpeace montrent que des bateaux de pêche ont jeté l’ancre à proximité de zones protégées en dépit de l’impact potentiel sur la faune et sur le fond marin ;
  • l’analyse des activités de pêche suggère des pratiques dangereuses telles que le transbordement (transfert en mer des produits de la pêche entre deux bateaux) sur des cargos congélateurs connus pour avoir commis de nombreuses infractions aux règles de sécurité et aux normes de prévention des pollutions. A l’échelle globale, le transbordement en mer a souvent entraîné des violations des droits sociaux et environnementaux. Il permet, en effet, à certains acteurs de la pêche industrielle d’agir en toute opacité.

Lire le rapport en anglais: Licence to krill: the little-known world of Antarctic fishing

« L’industrie de la pêche au krill en Antarctique se prétend exemplaire. Mais regardons les choses en face : elle se rend dans l’un des derniers espaces quasi vierges de notre planète et y livre une compétition féroce aux manchots et aux baleines dans le but de capturer une espèce absolument clé pour tout l’écosystème de l’Antarctique », déclare Hélène Bourges, responsable de la campagne Océans à Greenpeace France.

« Cette zone est déjà fragilisée par le dérèglement climatique : celui-ci a notamment un impact sur la quantité disponible de krill, poursuit Hélène Bourges. Les animaux de l’Antarctique ne doivent pas être en concurrence directe avec une flotte de pêche dont le principal but est de vendre des compléments alimentaires à l’autre bout du monde. Si l’industrie de la pêche au krill veut se montrer réellement responsable, elle doit non seulement se retirer des zones dont la protection est envisagée mais aussi soutenir les propositions de création de sanctuaires marins en Antarctique ».

Greenpeace demande à l’industrie de la pêche au krill de cesser immédiatement de pêcher dans les zones dont la protection est envisagée par la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR). L’organisation environnementale recommande également aux entreprises qui achètent des produits dérivés du krill de cesser de s’approvisionner auprès de flottes de pêche qui continuent d’exploiter ces zones fragiles.

La publication de ce rapport s’inscrit dans le cadre d’une expédition de trois mois de Greenpeace en Antarctique au cours de laquelle des plongées d’exploration du plancher océanique ont permis de conduire des recherches scientifiques pionnières. Greenpeace plaide en faveur de la création du plus grand sanctuaire marin au monde, d’1,8 million de kilomètres carrés, en mer de Weddell et a lancé une pétition qui a déjà récolté plus d’un million de signatures dont environ 100 000 en France.

Greenpeace soutient aussi les autres propositions de création de réserves marines en Antarctique, comme celle autour de la péninsule Antarctique par exemple, dans l’optique de créer un réseau d’aires marines protégées dans la région. Cette campagne s’inscrit dans un objectif global de créer un réseau de sanctuaires marins couvrant 30 % des océans du monde d’ici à 2030.