Session de 2018,
44e & 45e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6940

L’ECOSOC entend des appels pour l’implication des femmes, des jeunes et des groupes vulnérables pour relancer un Programme 2030 qui perd son élan faute de moyens

Les femmes, les jeunes, les groupes vulnérables et les citoyens en général peuvent être décisifs pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, à condition d’avoir des ressources adéquates, ont noté plusieurs intervenants qui prenaient part, ce matin, à l’ouverture du débat de haut niveau de la session 2018 du Conseil économique et social (ECOSOC).  Un débat qui est aussi, pendant trois jours, celui de la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices de l’ECOSOC.

Cette deuxième semaine de la sixième édition du Forum politique, sur le thème « transformer nos sociétés pour les rendre viables et résilientes », est en effet marquée par un débat général qui se tient en parallèle avec les examens nationaux volontaires auxquels prendront part 46 pays.

À l’ouverture des travaux, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Amina J. Mohammed, a affirmé que « pour vraiment s’approprier et réaliser les objectifs de développement durable, il faut placer la promotion de l’égalité des sexes à l’avant-garde de tout ce que nous faisons », tout en révolutionnant la collecte de données fiables, ouvertes et désagrégées pour bien cibler nos actions et pour bien orienter nos investissements.  « Si nous voulons réaliser les objectifs de développement durable, alors nous avons besoin de beaucoup plus de leadership et de participation de la part des femmes », a renchéri le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák.

« Un avenir durable et prospère sera réalisable lorsque les jeunes feront partie de l’équation », a averti de son côté l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake.  Elle a appelé à encourager les 1,8 milliard de jeunes, « cette génération qui connaît, prend soin et prend en charge le programme de développement mondial ».  Les jeunes dirigeront ce programme dans les années à venir, a-t-elle aussi rappelé, précisant qu’en fait, ils le font déjà dans de nombreux endroits du monde.

L’état de la mise en œuvre du Programme 2030, trois ans après son adoption, a suscité de nombreuses inquiétudes.  Mme Mohammed a ainsi déploré un ralentissement, voire une perte d’élan.  Elle a pris pour preuve le nombre croissant des personnes souffrant de malnutrition, qui est passé de 777 millions à 815 millions entre 2015 et 2016.  Pendant ce temps, a-t-elle poursuivi, nous n’avons pas encore réussi à débloquer et à orienter les ressources indispensables au financement du Programme 2030. 

Le Président de l’Assemblée générale n’a pas dit le contraire en mettant l’accent sur les financements.  À un an de l’examen de cette mise en œuvre par l’Assemblée générale, en septembre 2019, il n’est pas passé par quatre chemins pour dire que « nous n’avons pas assez d’argent pour atteindre nos objectifs ».  « Mais l’argent existe », a-t-il assuré en expliquant qu’il fallait aller au-delà des modèles traditionnels de mobilisation des financements et explorer les partenariats et les atouts, comme l’intelligence artificielle et les technologies de la communication.

La Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardová, a précisé que, malgré une meilleure mobilisation des ressources intérieures, « nous sommes bien en deçà des montants dont nous avons besoin pour réaliser les objectifs de développement durable ».  De ce fait, « certaines populations courent encore un grand risque d’être laissées pour compte et nous avons besoin de plus de stratégies et de données désagrégées ».

« Pour avancer à la vitesse et au rythme requis, Mme Mohammed a prescrit une action plus poussée et plus vaste.  « Ainsi, le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, entériné il y a un mois par l’Assemblée générale, garantira une meilleure intégration et coordination des entités des Nations Unies et de nos partenaires. »  Il renforcera la réponse collective qui devra être transparente et responsable pour donner des résultats tangibles dans la vie des gens.  

Le Président de l’Assemblée générale a en outre invité à « rester réalistes », prévoyant d’énormes défis.  « Dans certaines parties du monde, en particulier en Afrique subsaharienne, des gens vivent encore dans des conditions que la plupart d’entre nous ne pourraient même pas imaginer », s’est-il ému.  « Il est incroyable de voir qu’une personne sur six n’a toujours pas accès à de l’eau potable » et « qu’aujourd’hui, à l’ère du numérique, il y a encore des gens vivant sans électricité ».  Mais, sans le Programme 2030, « le monde aurait été un endroit très effrayant ».   

L’Envoyée pour la jeunesse a longuement plaidé pour l’implication des jeunes, y compris dans les délégations officielles se rendant au Forum politique, afin « d’ajouter de la valeur aux travaux tout en renforçant l’équité intergénérationnelle ».  Elle a également demandé des données qui tiennent compte de la variable jeunesse, afin de bien juger des investissements dont ils sont la cible.

« Des actions », a réclamé à son tour Mme Michelle Yeoh, Ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a dit « croire au pouvoir des voix unifiées et à l’impact des actions individuelles et collectives ».  Selon elle, le rôle des citoyens peut être aussi décisif, car « en tant qu’individu, nous avons le pouvoir collectif, par exemple, d’exiger des solutions et des produits neutres sur le plan climatique ou de façonner une économie neutre en carbone par nos achats ».

Au cours du débat général entamé dans l’après-midi, une vingtaine d’orateurs ont rappelé, une fois encore, que l’objectif du Programme 2030 est de ne laisser personne sur la touche. 

Le débat général se poursuivra demain, mardi, 17 juillet, à partir de 15 heures, alors que les examens nationaux volontaires auront lieu pendant toute la journée.  La Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices de l’ECOSOC, s’achèvera le 19 juillet par l’adoption d’une déclaration ministérielle.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclarations liminaires

Mme MARIE CHATARDOVÁ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a résumé la première semaine des travaux du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, laquelle a permis de montrer que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a conservé son pouvoir d’inspirer et de guider les actions.  Elle a aussi noté un fort élan pour la mise en œuvre du Programme à tous les niveaux.  « Nous sommes tous d’accord qu’il est maintenant temps d’agir », a-t-elle déclaré.  La première semaine du Forum a également permis de noter que des progrès sont faits, mais généralement pas à un rythme suffisant pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030.

Par exemple, l’extrême pauvreté ne représente que le tiers de ce qu’elle était en 1990, mais 10,9% de la population mondiale vit toujours en dessous du seuil de pauvreté et il y a plus de personnes sous-alimentées aujourd’hui qu’en 2016.  En outre 71% de la population mondiale a accès à de l’eau potable, mais l’accès à un niveau minimum d’assainissement est en baisse.  Aujourd’hui en effet, 20% de la population mondiale n’a pas accès à un assainissement adéquat, contre 12% en 2000.  L’accès à l’électricité a augmenté de 10% et atteint aujourd’hui 87% du monde, mais un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité.  Et tandis que l’utilisation des énergies renouvelables est en hausse, elle n’a pas encore atteint 20% de l’utilisation globale d’énergie.  La Présidente de l’ECOSOC a également déploré le fait qu’il n’y ait même pas 100 pays à avoir mis en place des stratégies de réduction des risques de catastrophe, et que 91% de la population mondiale respire encore un air de qualité inférieure aux normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Malgré une meilleure mobilisation des ressources intérieures, a poursuivi Mme Chatardová, « nous sommes bien en deçà des montants dont nous avons besoin pour réaliser les objectifs de développement durable ».  Le service de la dette a augmenté pendant cinq années consécutives dans les pays les moins avancés (PMA), en proportion des exportations de biens et de services.  En outre, l’aide publique au développement (APD) continue de baisser, tout comme les envois de fonds.  La connectivité à large bande dans les pays en développement est encore bien inférieure que dans le monde développé. 

Autre constatation faite par le Forum la semaine dernière: les droits de douane appliqués dans les accords commerciaux préférentiels ont chuté de 2% pour les PMA.  Mme Chatardová a aussi relevé que les données et le suivi sont désormais au cœur des préoccupations de tous, et que 102 pays mettent en œuvre leurs plans statistiques nationaux, même si très peu de pays en développement ont entièrement financé ces plans.  Dans l’ensemble, il ressort clairement des débats de la semaine dernière qu’il existe d’importantes disparités dans les réalisations, tant à l’intérieur des pays qu’entre eux. 

« Certaines populations courent encore un grand risque d’être laissées pour compte et nous avons besoin de plus de stratégies et de données désagrégées pour atteindre en premier les plus défavorisées », a-t-elle suggéré.  Dans ce contexte, il semble que l’on adopte de nouvelles façons d’élaborer des politiques, car il y a de nombreux exemples d’approches plus inclusives et basées sur des faits.  La science et la technologie détenant les réponses à de nombreux problèmes, la communauté internationale doit continuellement exploiter les nouvelles technologies pour faire avancer les objectifs de développement durable, tout en atténuant leurs impacts négatifs et en généralisant l’accès aux « anciennes technologies ».

Mme Chatardová a ensuite invité les chefs d’État et de gouvernement à réaffirmer leur engagement politique en faveur du Programme 2030 en 2019, lorsque le Forum politique de haut niveau se réunira, non seulement en juillet sous les auspices de l’ECOSOC, mais également en septembre sous les auspices de l’Assemblée générale.  Comme les grands groupes et autres parties prenantes ont contribué à l’élaboration du Programme 2030, il est important d’entendre leurs voix ici, au Siège, et dans les pays.  « Nous devrions tous leur permettre de porter le Programme dans nos propres communautés, dans nos propres pays », a-t-elle plaidé, avant d’appeler également à l’implication du secteur privé et des dirigeants du monde de la science, de la technologie et de l’innovation.  Elle a dit sa joie de voir que le Secrétaire général a créé, la semaine dernière, le groupe de travail de haut niveau sur la coopération numérique.

La Présidente de l’ECOSOC a noté qu’il sera important d’entendre les expériences nationales des 46 pays qui feront des présentations volontaires au cours de la semaine.  Au total, les deux tiers des pays auront entrepris un examen national volontaire, ou le feront l’année prochaine.  Elle a rappelé que ces examens nationaux ont déjà permis de constater un certain nombre de défis.  Le premier est la hiérarchisation des objectifs de développement durable dans le contexte local.  Un autre est le renforcement des capacités institutionnelles de toutes les parties prenantes impliquées dans le processus, sans oublier le rôle des statistiques ou encore l’amélioration de la coordination institutionnelle, tant verticale qu’horizontale.

M. MIROSLAV LAJČÁK (Slovaquie), Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, a commencé avec un message simple: « nous n’avons pas de temps à perdre ».  Il est donc allé « droit au but » en quatre points.  Le premier est qu’il y a des raisons de se réjouir, parce qu’à bien des égards, le monde est aujourd’hui meilleur qu’il ne l’était il y a quelques années.  L’extrême pauvreté a diminué; les innovations dans les soins de santé permettent aux gens de vivre plus longtemps et en meilleure santé; moins d’enfants sont forcés de travailler et ils sont plus nombreux à aller à l’école; l’accès à l’électricité a augmenté de 10% entre 2000 et 2016.  En plus, il faut se réjouir du fait que la communauté internationale n’avait jamais, avant 2015, pris des engagements aussi ambitieux de travailler ensemble pour l’humanité.

« Mais, restons réalistes », a-t-il prescrit en notant que la réalité est telle qu’il faut s’attendre encore à d’énormes défis.  Son second point est donc le constat que les gains réalisés dans la lutte contre l’extrême pauvreté n’ont pas profité à tout le monde.  Dans certaines parties du monde, en particulier en Afrique subsaharienne, des gens vivent encore dans des conditions que la plupart d’entre nous ne pourraient même pas imaginer, a relevé le Président de l’assemblée générale.  Alors que certains d’entre nous ont accès à des hôpitaux et à des médecins de renommée mondiale, d’autres personnes meurent encore de maladies qui peuvent être soignées ou prévenues, a-t-il poursuivi en soulignant que, même si davantage d’enfants sont scolarisés, ils ne reçoivent pas toujours une éducation de qualité pouvant les préparer à une vie meilleure.

« Il est aussi incroyable de voir qu’une personne sur six n’a toujours pas accès à de l’eau potable », a-t-il noté.  Cela signifie que, chaque minute, un enfant meurt d’une eau contaminée ou d’une mauvaise hygiène ou du manque de services d’assainissement.  Beaucoup de femmes et de filles, partout dans le monde, sont toujours exclues ou opprimées, a-t-il constaté ajoutant qu’« il est presque difficile de croire qu’aujourd’hui, à l’ère du numérique, il y a encore des gens sans électricité dans leurs maisons ».  Cela concerne près d’un milliard de personnes.

Relevant que nos demandes en eau, nourriture, énergie et logement sont déjà insoutenables, il a rappelé que le monde aura une population de 8,6 milliards d’ici à 2030, et de près de 10 milliards d’ici à 2050.  Et pendant que « la planète fond, littéralement », avec ces trois dernières années qui furent les plus chaudes enregistrées, on voit tout de même des blocages face aux efforts pour lutter contre les changements climatiques.  Ces constats ont fait dire à M. Lajčák qu’« il y a des causes de célébration, mais aussi encore plus de causes d’inquiétude ».

Comment aurait été la situation sans le Programme 2030?  Le Président de l’Assemblée s’est interrogé en évoquant son troisième point.  Selon lui, « le monde aurait été un endroit très effrayant ».  Les gouvernements nationaux se démèneraient pour élaborer des stratégies par eux-mêmes, sans un plan directeur mondial.  L’unilatéralisme, le protectionnisme et l’extrémisme auraient un plus grand retentissement et le monde se préparerait à une incertitude économique sérieuse et à une crise environnementale.  Heureusement, tout cela n’est pas réel, parce que nous avons décidé de créer une alternative, il y a trois ans, en rendant le Programme 2030 universel, « pour que nous soyons tous ensemble ». 

Son quatrième point a porté sur l’examen de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  À un an de l’examen de cette mise en œuvre par l’Assemblée générale, il a mis l’accent sur les financements.  Il n’est pas passé par quatre chemins pour dire que « nous n’avons pas assez d’argent pour atteindre nos objectifs ».  « Mais l’argent existe.  Nous avons juste besoin d’aller au-delà de nos modèles traditionnels de mobilisation afin d’en obtenir.  Ce qui signifie tirer profit des investissements et des flux de capitaux. »  Le Président de l’Assemblée générale a donc demandé de se départir des approches traditionnelles et de tirer parti des opportunités, telles qu’une prévention des conflits plus solide, l’accès à la justice et les droits de l’homme.  « C’est ainsi que nous pourrons créer des conditions pour que les objectifs de développement durable prospèrent. »  Il faut également explorer des options non traditionnelles pour le financement et les partenariats, a-t-il noté en citant par exemple l’intelligence artificielle et les technologies de la communication.

« Si nous voulons réaliser les objectifs de développement durable, alors nous avons besoin de beaucoup plus de leadership et de participation de la part des femmes », a-t-il affirmé en rappelant qu’à l’ONU et dans les pays, les systèmes ont été mis en place par les hommes et pour leurs propres intérêts.  Il a aussi invité à faire plus pour amener les entreprises, les représentants de la société civile et les acteurs régionaux à la table, sans oublier d’ouvrir plus largement les portes aux jeunes.  Il a terminé en disant que bien que la communauté internationale soit engagée, « l’engagement ne suffit pas, nous avons besoin de résultats sur le terrain ».  « Et il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il martelé.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a déclaré que les six objectifs de développement à l’examen au cours du Forum politique de haut niveau sont le moteur pour avancer vers le développement durable.  Le Forum est une occasion pour répondre à deux questions centrales: sommes-nous sur la bonne voie pour réaliser les objectifs avant 2030?  Que devons-nous faire différemment dans les années à venir pour obtenir de bons résultats?  Ces trois prochains jours seront l’occasion notamment de répondre à ces questions et de participer aux examens nationaux volontaires. 

La haut-fonctionnaire a insisté sur le fait que, depuis 2015, de bons résultats ont été enregistrés dans les domaines de la mortalité maternelle et infantile, l’accès à l’électricité, la lutte contre le chômage, la dégradation de l’environnement et la diminution de la couverture forestière.

Toutefois, a ajouté Mme Mohammed, la réalisation du Programme 2030 connaît un ralentissement et perd son élan.  Le nombre de personnes souffrant de malnutrition a augmenté, passant de 777 millions à 815 millions entre 2015 et 2016.  Comme autres tendances inquiétantes, elle a signalé que la pauvreté est devenue urbaine; les jeunes ont trois fois plus de chance d’être au chômage que les adultes; l’accès à l’assainissement reste hors de portée; le rythme des progrès dans l’accès à l’énergie renouvelable n’est pas assez rapide pour atteindre la cible.  Nous devons redoubler d’efforts dans le domaine de l’efficacité énergétique, a-t-elle notamment recommandé.

Plus de 250 millions de personnes supplémentaires n’ont pas d’accès à l’énergie propre en Afrique pour la cuisson par rapport à 2015, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale.  On a également vu un déclin alarmant de la biodiversité, une augmentation du niveau des mers et une érosion côtière qui se poursuit, dans un contexte de conditions météorologies extrêmes et d’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, a listé Mme Mohammed. 

Pendant ce temps, a-t-elle poursuivi, nous n’avons pas encore réussi à débloquer et à orienter les ressources indispensables au financement du Programme 2030.  De plus, les engagements pris au titre de l’aide publique au développement de consacrer 0,7% du revenu national brut ne sont pas toujours tenus, et ce, par de nombreux pays. 

Il nous reste 12 ans, a-t-elle mis en garde, pour réaliser le Programme 2030.  Cela fait 4 551 jours ou 3 000 journées de travail si on ne compte pas les week-ends.  Le temps avance, a-t-elle insisté en soulignant que la transformation qui doit s’opérer pour bâtir des sociétés résilientes et durables n’est pas seulement possible, mais doit être impérative.

La Vice-Secrétaire générale a mis à l’actif des objectifs de développement durable le fait qu’ils ont déjà un grand impact sur le mode de pensée et d’action de nombreuses parties prenantes du monde.  Les gouvernements ont adapté leurs plans et politiques au Programme 2030.  Les parties prenantes ont pris de nouvelles initiatives.  De nouvelles institutions ont été créées.  Mme Mohammed a aussi constaté que les villes, les autorités locales et régionales ainsi que les acteurs du secteur privé qui ont une grande influence sur la vie de tous les jours des populations ont adhéré aux objectifs.

« Toutefois, pour avancer à la vitesse et au rythme requis, nous avons besoin d’une action plus poussée et plus vaste. »

Il y a tout juste un mois, les États Membres ont adopté la réforme du système des Nations Unies pour le développement afin d’assurer que l’ONU donne aux gouvernements la bonne réponse et les outils pour mettre en œuvre efficacement le Programme 2030, a-t-elle rappelé.  « Ce repositionnement du système des Nations Unies pour le développement à tous les niveaux garantira une meilleure intégration et coordination des entités des Nations Unies et de nos partenaires. »  Il renforcera la réponse collective qui devra être transparente et responsable pour donner des résultats dans la vie des gens.

Mme Mohammed a assuré que l’ONU travaillerait avec ses partenaires pour voir les objectifs de développement durable intégrés dans l’action de tout l’écosystème des acteurs du développement durable aux niveaux local, national, régional et mondial.  « Nous devons éviter une approche légère des objectifs de développement durable qui se contente d’appeler à la transformation. »  Elle a conseillé de réaligner les plans, budgets, lois, processus opérationnels et décisions personnelles en mettant un accent particulier sur l’inclusion et la durabilité.

« Cela signifie reconnaître que, même si 109 pays ont des politiques nationales de consommation et de production durables, il reste beaucoup à faire pour changer les comportements et les pratiques établies.  Cela signifie investir plus dans la prévention des crises et le soutien aux pays les plus vulnérables pour les aider à bâtir leur résilience et à avancer vers la prochaine étape de leur phase de développement.  Cela signifie aussi élargir les partenariats stratégiques avec la société civile, le secteur privé, les universités et les jeunes. »

Pour vraiment s’approprier et réaliser les objectifs de développement durable, Mme Mohammed a demandé de placer la promotion de l’égalité des sexes à l’avant-garde de tout ce que nous faisons et de révolutionner la collecte de données fiables, ouvertes, désagrégées et à jour pour bien cibler nos actions et pour bien orienter nos investissements pour avancer.  « Enfin, nous devons investir pour obtenir des résultats concrets en vue de réaliser les objectifs de développement durable. »

Avant de conclure, la Vice-Secrétaire générale a rappelé que, dans un peu plus d’un an, les chefs d’État et de gouvernement se rassembleraient pour le premier Forum politique de haut niveau sous les auspices de l’Assemblée générale.  « Dans l’intervalle, il nous faut aller plus loin et adapter les nouvelles approches et nouveaux outils pour les mettre à profit dans la mise en œuvre des objectifs. »

Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a rappelé que notre monde abrite actuellement la plus grande population de jeunes de l’histoire, avec 1,8 milliard de personnes dans la tranche d’âge de 10 à 24 ans.  Près de 90% d’entre eux vivent dans des pays en développement et leur nombre devrait augmenter.  « Avec ce nombre croissant de jeunes à travers le monde, il est tout à fait clair que pour réaliser des progrès nationaux et mondiaux en faveur du développement durable, nous devons encourager une génération qui connaît, prend soin et prend en charge le programme de développement mondial », a—t-elle suggéré.

L’Envoyée a déploré le fait que, depuis longtemps, les jeunes, en particulier ceux qui sont les plus marginalisés et vivent dans la pauvreté, dans le contexte des changements climatiques, des conflits ou des inégalités, ont été traités comme des bénéficiaires des politiques et des programmes de développement plutôt que comme des agents actifs.  Cela doit changer, a-t-elle martelé tout en soulignant que « les jeunes sont la génération du développement durable et la génération des objectifs de développement durable ».  Les jeunes dirigeront ce programme dans les années à venir, a rappelé Mme Wickramanayake précisant qu’en fait, ils le font déjà dans de nombreux endroits du monde.

Elle a relevé que les jeunes d’aujourd’hui sont aussi la génération la plus interconnectée que le monde ait jamais vue.  Des favelas du Brésil aux camps de réfugiés en Jordanie, les jeunes utilisent la technologie pour trouver de nouvelles solutions et mener des actions dans leurs communautés locales.  « Pour résoudre les problèmes les plus urgents de notre temps, il faut donc exploiter le dynamisme des jeunes innovateurs, activistes et entrepreneurs qui ont le potentiel de faire bouger les choses et d’être une force puissante pour un changement positif. »  

Les Nations Unies ont encore beaucoup de chemin à faire pour intégrer les jeunes dans tous les processus, a-t-elle remarqué en soulignant que le Forum des jeunes de l’ECOSOC est devenu un tournant pour rendre l’ONU plus accessible aux jeunes et apporter un angle « jeune » aux délibérations du Forum politique de haut niveau.  L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a dit qu’« un avenir durable et prospère est réalisable lorsque les jeunes font partie de l’équation ».  Compte tenu de notre engagement à « ne laisser personne de côté », l’inclusion des jeunes dans le processus d’examen est d’une importance cruciale, a-t-elle expliqué.  

Elle a estimé positif que de nombreux pays mentionnent les jeunes dans leur rapport, mais elle a demandé plus de détails sur les efforts déployés pour s’assurer que le processus qui permet leur implication est inclusif et que les engagements sont significatifs.  Elle a ainsi salué le fait que des jeunes aient pu contribuer directement à l’élaboration du rapport de leur pays, en siégeant dans des commissions nationales ou en apportant des contributions indépendantes écrites par eux-mêmes.  D’autres pays ont même invité un jeune délégué à prendre part à la présentation officielle de leurs progrès nationaux devant le Forum politique de haut niveau, s’est-elle félicitée.  Elle a estimé que ce sont quelques-unes des meilleures pratiques qu’elle aimerait voir mises en œuvre par un plus grand nombre d’États Membres.

L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a ensuite fait trois recommandations.  Premièrement, elle a salué le travail de ces jeunes et organisations de jeunes qui contribuent de manière significative à la mise en œuvre des objectifs de développement durable chaque jour sans avoir à prendre place à la table officielle.  Elle a plaidé pour la reconnaissance de ces contributions, soulignant en particulier la valeur de la collecte informelle de données qui a lieu dans de nombreux pays.  Elle a appelé à une plus grande implication des jeunes dans la collecte de données, à la fois comme cible et comme acteurs de la collecte, ainsi que dans l’analyse et la dissémination de celles-ci.

« Il est également primordial que les pays amènent des jeunes délégués au Forum politique », car les inclure dans la délégation officielle et leur offrir l’opportunité de contribuer au travail de la délégation ajoutent de la valeur et renforcent l’équité intergénérationnelle.  « J’appelle ce Forum à envisager un engagement plus large et systématique en faveur des jeunes dans ses délibérations actuelles, puisque le Programme 2030 a reconnu le rôle des jeunes en tant qu’acteurs essentiels du changement. »

Deuxièmement, Mme Wickramanayake a dit qu’il y a un besoin de structures de jeunesse solides pour faire en sorte que les jeunes, y compris les jeunes femmes et les filles, les jeunes autochtones et les jeunes handicapés, soient des parties prenantes reconnues dans les processus locaux et nationaux.  Elle a aussi expliqué que l’institutionnalisation de la participation des jeunes leur donne l’occasion de connaître le processus d’examen et de suivi des objectifs de développement durable et de renforcer leurs capacités à jouer un rôle actif, de collaborer avec d’autres groupes dans la société, et de responsabiliser leurs gouvernements.  Au niveau local, cela pourrait se faire en engageant les représentants des jeunes dans les processus de planification participative, de budgétisation ou de suivi au sein des municipalités, rendant ainsi le Programme 2030 directement lié à la vie des jeunes.

Troisièmement, elle a dit d’agir en faveur des jeunes, surtout les jeunes vivant dans les communautés les plus marginalisées dans les parties les plus vulnérables du monde.  Cela implique des investissements dans une éducation universelle gratuite et de qualité, dans une couverture sanitaire universelle, dans l’autonomisation des jeunes femmes et jeunes filles afin qu’elles puissent réaliser leur plein potentiel.  Investir dans les jeunes peut faire avancer les objectifs de développement durable, mais pour s’en assurer, il faut des preuves et des données sur la façon dont ces objectifs de développement affectent la vie des jeunes.  Selon l’Envoyée, sans données ventilées par âge et d’autres critères, on risquerait de se faire une idée des jeunes en se basant sur des stéréotypes et des généralités.  Il faut donc combler les lacunes en matière de données concernant les jeunes et veiller à ce que la mesure du développement reflète adéquatement la réalité de leur vie.

Elle a en outre noté que le « désir de participer » est une caractéristique déterminante des jeunes qu’elle rencontre.  « Les jeunes sont ici, maintenant, et ils frappent aux portes du pouvoir pour offrir leur potentiel pour faire ce voyage avec vous », a-t-elle promis tout en disant aux décideurs que s’ils décidaient de répondre à ces coups frappés à leurs portes, ils trouveraient un partenaire sur lequel ils pourraient compter à chaque étape du processus.

Mme MICHELLE YEOH, Ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a dit croire au pouvoir des voix unifiées et à l’impact des actions individuelles et collectives.  Les gouvernements doivent écouter lorsque les citoyens s’expriment et demandent le changement, a lancé l’actrice.

S’agissant par exemple de l’objectif 6 sur la gestion durable de l’eau et l’assainissement pour tous, « nous ne pouvons plus continuer comme avant ».  Les signes de la pénurie d’eau sont partout.  Autour de 700 millions de personnes vivant dans 43 pays souffrent de la pénurie d’eau, tandis que le tiers des plus grands systèmes d’eau souterraine du monde sont déjà en détresse.

La disponibilité de l’eau est obstruée par la pollution, a souligné Mme Yeoh avant d’attirer également l’attention sur le fait que la plupart des problèmes liés à la qualité de l’eau sont provoqués par l’agriculture intensive, la pollution industrielle, l’exploitation minière, le ruissellement urbain non traité et les eaux usées.  Elle a donné l’exemple de la culture du coton qui couvre 3% seulement de la terre arable mais utilise 24% des insecticides et 11% des pesticides de la planète. 

« Nous ne sommes pas toujours conscients qu’en tant que consommateurs, nous faisons partie du problème », a observé Mme Yeoh.  « Toutefois, nous pouvons aussi être la solution. »  Pour ce faire, nous devons être conscients de l’empreinte de l’eau dans les produits que nous achetons, que ce soit l’eau nécessaire à la culture des aliments, à la production de matières premières pour la viande, ou à la fabrication de vêtements.  Plus de 10 000 litres d’eau en moyenne sont, par exemple, indispensables pour produire 1 kilogramme de coton qui est juste assez pour faire une paire de jeans.

De même, des actions fortes à tous les niveaux de la société sont nécessaires pour la transition vers une économie à faible émission de carbone.  Mme Yeoh a prévenu que si nous voulons assurer l’accès à une énergie fiable, abordable, durable et moderne pour tous, nous devons mettre en œuvre des programmes énergétiques efficaces et investir dans des ressources énergétiques renouvelables.  Les entreprises peuvent accélérer la transition vers un système énergétique abordable, fiable et durable tout en réduisant considérablement leur empreinte carbone et en économisant beaucoup d’argent.

Le rôle des citoyens peut être aussi décisif, a fait remarquer l’actrice.  « En tant qu’individu, nous avons le pouvoir collectif d’exiger des solutions et des produits neutres sur le plan climatique.  Nous pouvons façonner une économie neutre en carbone par nos achats. »

Comme six milliards de personnes vivront dans les villes avant 2050, il faut réfléchir à l’impact positif qu’elles pourraient avoir en changeant leurs habitudes et en faisant les bons choix.  D’où, a enchaîné Mme Yeoh, l’importance de l’autonomisation des citoyens pour aider à réaliser l’objectif 12 sur la consommation et la production durables.

Avant 2030, autour de 5,4 milliards de personnes appartiendront à la classe moyenne, ce qui fera augmenter la consommation et mettra plus de pression sur les ressources, a-t-elle averti.  L’augmentation de la consommation des produits découlant de la croissance de la classe moyenne aura aussi des effets négatifs sur l’environnement et des conséquences sociales.  Dans de nombreuses régions du monde, la surconsommation a déjà entraîné des conséquences négatives conduisant à des modes de vies insoutenables et gonflant nos empreintes écologiques et sociales, a constaté l’Ambassadrice de bonne volonté.

Concernant en particulier l’industrie de la mode, a continué Mme Yeoh, l’industrie vestimentaire est un secteur dans lequel les politiques gouvernementales sont importantes mais où les choix individuels et la demande ont également un impact majeur.  Une société durable doit avoir des citoyens habillés consciemment, a plaidé l’actrice.  Avant de terminer, elle a parlé du court métrage qu’elle a produit avec la Commission économique européenne et la télévision de l’ONU à Genève, un film qui montre comment créer une société durable avec des solutions simples et pratiques. 

Présentation des rapports sur les forums régionaux

Pour la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), M. GHASSAN HASBANI, Vice-Premier Ministre et Ministre de la santé du Liban, a présenté le rapport de la session 2018 du Forum arabe de développement tenu au Liban cette année.  Le Forum régional s’est focalisé sur le rôle des gouvernements et du secteur privé dans les préparatifs du Forum politique de haut niveau.  Le Forum régional souligne l’importance de modes de production durable, de l’économie numérique, de la préparation à une économie sans énergie fossile, de l’importance de tenir compte de l’égalité des sexes, de l’inclusion des femmes.  Le Forum arabe a également souligné la nécessité de suivre une approche novatrice pour aider les catégories sociales les plus marginales.

Au nom de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ, Ministre du commerce extérieur et des investissements étrangers de Cuba, a présenté le rapport annuel de la CEPALC de 2018 dont les débats ont porté notamment sur la participation citoyenne, l’analyse des avantages stratégiques de chaque pays et les modalités de mise en œuvre du Programme 2030.  Les objectifs de développement durable doivent faire l’objet d’une politique d’État et ne devraient pas être handicapés par les changements politiques, a-t-on entendu dans ces débats.  On a besoin de moyens de mise en œuvre, a indiqué le Ministre qui a demandé le respect de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il s’est aussi prononcé contre les politiques commerciales coercitives.

M. LEVAN DAVITASHVILI, Ministre de la protection de l’environnement et de l’agriculture de Géorgie, a dit que le Forum régional d’Asie-Pacifique a réitéré l’importance de la coopération régionale dans la mise en œuvre du Programme 2030 et réaffirmé le rôle clef de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) en tirant partie de cette plateforme de coordination des actions régionales.  Plus de 800 participants sont venus à ce Forum y compris pour les sept réunions préparatoires du Forum politique de haut niveau.  Le Forum régional a souligné les risques auxquels la région fait face et l’importance de la résilience pour réaliser le Programme 2030.  Le Forum a souligné les efforts nécessaires pour identifier et autonomiser les populations vulnérables ainsi que pour promouvoir la participation de toutes les parties prenantes aux processus politiques, notamment des populations vulnérables et à risque, à tous les niveaux du gouvernement.  Le Forum a mis l’accent sur le renforcement de capacités et de la coopération régionale comme opportunités d’élaborer des mécanismes d’appui mutuel pour réaliser le Programme 2030.  Les progrès de la région dans la mise en œuvre de l’objectif 17 de développement durable sur les partenariats pour la réalisation des objectifs de développement durable ont été examinés.  Le document final du Forum régional montre que les pays d’Asie et du Pacifique avancent et mènent des efforts pour mettre en œuvre le Programme 2030.

Pour la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. MAME THIERNO DIENG, Ministre de l’environnement et du développement durable du Sénégal, a dit que les principales conclusions du rapport sur le développement durable en Afrique en 2018 montrent l’ampleur des défis et des enjeux de la réalisation des objectifs de développement durable.  Les messages clefs adoptés par le Forum régional africain sont notamment l’impératif pour les pays africains d’investir davantage dans la fourniture d’eau potable et les services d’assainissement décents, le renforcement des politiques énergétiques, l’accès à l’énergie propre pour la cuisson et la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique.  Le Forum recommande d’intégrer l’urbanisation dans la planification nationale du développement.  L’Afrique devrait en outre renforcer le processus de décentralisation en améliorant l’accès aux ressources nationales et le potentiel de création de richesses.  Elle doit renforcer l’utilisation rationnelle des ressources et une production propre en optimisant les rendements et en réduisant les pertes après récolte.  Les gouvernements doivent aligner les stratégies et plans d’action nationaux, régionaux et locaux aux traités et cadres mondiaux et régionaux sur la biodiversité.  Les pays africains devraient remédier aux lacunes et au manque de fiabilité des données pour mieux orienter les décisions politiques et les investissements, ainsi que pour garantir l’efficacité de la planification et de l’exécution des programmes.  Il est aussi important de s’attaquer aux flux financiers illicites estimés à 72 milliards de dollars.

Pour la Commission économique pour l’Europe (CEE), M. MICHAEL GERBER, Ambassadeur et Envoyé spécial pour les objectifs de développement durable du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a indiqué que le Forum régional de la CEE lors de sa dernière session s’est focalisé sur l’apprentissage par les pairs.  Il a aussi montré que la mise en œuvre du Programme 2030 dans les pays à revenu élevé et intermédiaire est prise au sérieux.  Depuis 2016, un tiers des examens volontaires nationaux de la région viennent des pays de la Commission.  Quinze des 47 examens volontaires nationaux sont des pays de la CEE.  Le Forum a servi de plateforme pour connecter les gouvernements et les autres parties prenantes.  Plus de 600 participants se sont inscrits au Forum.  Le Forum régional a consacré une séance entière à faire le lien entre les différents objectifs de développement durable et à débattre de la coopération entre les différents secteurs.  Le Forum a également couvert de nombreuses questions qui ont des impacts à toutes les frontières, notamment la coopération sur l’eau. 

Le Président de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement a dit que la priorité de son Assemblée était de réduire la pollution environnementale et prévenir les catastrophes naturelles.  La session 2017 de l’Assemblée a recommandé d’accroître l’investissement dans la recherche et le développement, d’utiliser des données ventilées et à jour, d’établir une coopération public-privé dans le domaine de l’environnement, d’investir dans la promotion des mesures budgétaires favorables à la protection de l’environnement, d’investir dans des solutions respectueuses de l’environnement, de soutenir des lois de protection de l’environnement, de diffuser les pratiques optimales, de promouvoir la coopération Sud-Sud et Nord-Sud.  La prochaine assemblée, qui aura au Kenya, portera sur les pratiques innovantes pour protéger l’environnement.

Présentation des rapports du Secrétaire général

M. ELLIOTT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et économiste en chef du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a présenté trois rapports du Secrétaire général, un sur le thème principal de l’ECOSOC, un autre sur le dialogue thématique de l’ECOSOC de 2018, le dernier étant la publication phare de l’ONU, l’étude sur « La situation économique et sociale dans le monde ».   

Le premier rapport contient un aperçu des engagements pris au niveau mondial et des approches suivies pour bâtir la résilience et réduire les risques.  Il identifie les risques en milieu urbain comme dans les communautés rurales.  Il propose des actions et des outils au niveau local et souligne le rôle de la coopération internationale et des partenariats qui permettent d’édifier des sociétés résilientes et durables.  Car le soutien à de telles sociétés doit faire partie intégrante des efforts visant à réaliser le Programme 2030.  Les éléments clefs de la résilience sont l’appropriation et les capacités locales, la planification et les prévisions des risques, l’intégration politique et l’inclusivité. 

En ce qui concerne l’étude sur « La situation économique et sociale dans le monde », elle rappelle le potentiel des technologies et l’impact que celles-ci peuvent avoir sur le développement durable.  Le rapport souligne que de nombreuses technologies de pointe font aussi bien des gagnants que des perdants, exacerbant ainsi les inégalités.  Ces problèmes nous obligent à adopter des politiques qui optimisent les bénéfices et atténuent les risques et les effets négatifs des technologies de pointe.  Cela exige aussi une approche équilibrée de la gestion de l’innovation ainsi qu’une coopération internationale solide.

Quant au rapport (E/2018/66) du Secrétaire général, intitulé « Mettre les nouvelles technologies au service des objectifs de développement durable », il souligne l’urgence à se préparer aux impacts énormes des technologies sur l’emploi et les sociétés.  Il faut davantage de mesures pour mobiliser les technologies en faveur du bien commun et de la réalisation du Programme 2030.  Le rapport aborde les questions du rôle et des responsabilités des gouvernements et mentionne les étapes à franchir pour intégrer les chances et les risques potentiels, dans un contexte de travail avec de multiples partenaires.

Il faut entendre les différentes perspectives, souligne le même rapport, ce qui oblige notamment l’ONU à s’adapter pour offrir une espace de discussion adéquat aux États Membres et aux autres acteurs.  Il existe déjà des mécanismes multipartites, comme le Mécanisme de facilitation des technologies, le Forum sur la gouvernance d’Internet ou encore la Banque de technologies pour les pays les moins avancés.  Le système des Nations Unies est engagé à soutenir le dialogue multipartite et la recherche du consensus, note encore le rapport.  Mais l’Organisation doit renforcer ses propres capacités pour pouvoir travailler avec les acteurs des nouvelles technologies, raison pour laquelle le Secrétaire général a mené des consultations, tant internes qu’externes, pour élaborer une stratégie des Nations Unies sur la nouvelle technologie.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité de la planification du développement (CPD), a présenté les conclusions de sa session plénière du 12 au 16 mars dernier, au cours de laquelle il a procédé à l’examen triennal des pays les moins avancés (PMA), et poursuivi la surveillance de ceux qui ont quitté cette catégorie ou sont en train de la quitter.  Le Comité a également répondu au besoin d’améliorer l’assistance pour les PMA qui vont sortir de cette catégorie et a analysé les examens nationaux volontaires pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Enfin, il s’est penché sur les aspects multiples de l’engagement pris à ne laisser personne en marge du Programme 2030, a précisé M. Ocampo.

Or, il a conclu qu’en dépit de plusieurs succès, les tendances actuelles n’indiquent pas un rythme compatible avec l’échéancier fixé pour la réalisation du Programme, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé, du logement, et de la lutte contre la pauvreté.  Des inégalités extrêmes persistent d’un pays à l’autre, et au sein des pays eux-mêmes.  « Non seulement des populations et des pays sont à la traîne, mais dans plusieurs contextes, ils accusent même un recul supplémentaire en raison de différents facteurs, y compris les développements technologiques et les changements climatiques », a analysé le Président.  Aussi est-il absolument nécessaire de se pencher sur les inégalités extrêmes et la concentration du revenu, de la richesse et du pouvoir politique.  Trop souvent, en effet, les systèmes économiques et politiques, les structures de gouvernance et les « business models » se basent sur une distribution inéquitable des richesses et des prises de décisions, faisant obstacle à l’avènement de sociétés durables et résilientes, a décrypté le haut fonctionnaire.

      « Ne laisser personne pour compte » implique de briser le lien entre exclusion économique et sociale et pouvoir décisionnaire, a estimé M. Ocampo.  Ceci suppose de veiller au respect, à la protection et la réalisation des droits de l’homme et de réorienter les politiques en partant « du bas vers le haut ».  Aussi les gouvernements doivent-ils éliminer toutes les barrières à la participation politique et civique, tout en trouvant les moyens d’inscrire le principe « Ne laisser personne pour compte » dans les politiques macroéconomiques.  Enfin, il est tout aussi important que les États prennent en compte les conséquences négatives de leurs politiques, législations et investissements sur d’autres secteurs d’activité, populations et pays, et générations futures.  Le Président a lancé en conclusion un appel à la coopération au développement en faveur des pays en développement.

Débat général

Prenant la parole au nom du Groupe des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. THOMAS REMENGESAU Jr, Président de la République des Palaos, a rappelé que le renforcement de la résilience des pays comme le sien fait partie intégrante d’une stratégie de développement durable.  Des infrastructures aux habitats, des services de bases à l’industrie, le Pacifique s’est engagé « sur la voie d’un développement durable informé des risques et capable d’encaisser les chocs », a-t-il assuré.  Mais, en raison des changements climatiques, des catastrophes naturelles s’abattent sur nos îles, nos infrastructures et nos lieux de vie, a-t-il déploré en soulignant aussi la menace que fait peser la montée des eaux.  Aussi les États du Groupe se sont-ils dotés d’un cadre régional qui tient compte de chacun des objectifs de développement durable, a observé M. Remengesau Jr.

Le Chef d’État a fait observer qu’en termes d’énergie renouvelable, les contributions déterminées au niveau national du Groupe sont porteuses d’un engagement vigoureux, que ce soit pour les mesures d’adaptation ou pour les mesures d’atténuation.  Il a en conclusion souligné l’importance d’une consommation et d’une production durables.  Il faut, a-t-il prôné, honorer tous les engagements pris dans le cadre décennal de chaque programme, en citant par exemple le fait de mettre fin à la prolifération de sacs plastiques, véritable « menace à nos écosystèmes ».

Mme ALICIA BEATRIZ PUCHETA DE CORREA, Vice-Présidente du Paraguay, intervenant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral dont son pays assure la présidence pour 2018-2019, a plaidé en faveur de l’application du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.  La mise en œuvre de ce programme ne fera que renforcer les capacités et les mécanismes nationaux pour faire avancer les objectifs de développement durable, a-t-elle argué.  En vue de l’examen à mi-parcours, qui aura lieu en 2019, elle a appelé à un dialogue constructif pour définir les stratégies d’accélération du Programme d’action de Vienne. 

Parlant ensuite en sa capacité nationale, la Vice-Présidente du Paraguay a réaffirmé que l’accès à l’eau propre est un droit de l’homme essentiel consacré par le système des Nations Unies.  Or il y a 2 milliards de personnes qui n’ont pas accès à de l’eau potable et 1,1 milliard sans accès à l’électricité.  Le Paraguay contient une des plus grandes réserves d’eau douce par habitant au monde et produit une électricité à 99,9% renouvelable, s’est vantée la Vice-Présidente en précisant les efforts menés par son gouvernement pour y arriver.  Elle a mentionné l’initiative « Solutions durables d’eau et d’énergie » lancée à l’initiative de son pays et du Brésil, qui a pour objectif de créer une plateforme mondiale d’acteurs multiples intéressés à augmenter leurs capacités, le dialogue et la coopération à tous les niveaux, pour faire avancer la réalisation des objectifs de développement durable 6 et 7.

Au Paraguay, l’accès à l’eau dans les zones rurales s’est fait grâce à la création d’une agence de l’eau et de l’assainissement, qui dépend du Ministère de la santé publique.  Le pays a ainsi atteint un taux de 94% de la population rurale ayant accès à une source d’eau sûre.  Pour ce qui est de l’énergie, elle a lancé un appel à transformer la manière de consommer pour inciter à utiliser l’énergie renouvelable.  Avoir une énergie durable devrait toujours être une des priorités des pays, a-t-elle affirmé en développant le concept de la sécurité énergétique.

Mme SAHAR NASR, Ministre de la coopération internationale et de l’investissement de l’Égypte, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a relevé que la pauvreté, sous toutes ses formes et dimensions, est le plus grand défi du monde et que la résolution de ce problème est un prérequis pour le développement durable.  Le G77 est préoccupé de voir que 783 millions de personnes vivent toujours sous le seuil de pauvreté et que le nombre de personne mal nourries est en augmentation depuis 2014, avec une estimation de 815 millions de personnes en 2016.  Le Groupe se dit également préoccupé de constater que la mise en œuvre des objectifs de développement durable est lente, y compris ceux dont l’examen a lieu au cours de cette session du Forum politique de haut niveau.  C’est pourquoi le G77 plaide pour des options de financement durable, des partenariats mondiaux et des investissements de long terme.  Pour le Groupe, une « coopération gagnant-gagnant » peut apporter des avancées significatives à tous les pays.

La Ministre a ensuite insisté sur les besoins spécifiques des pays connaissant des situations particulières, notamment les pays africains, les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID), tout comme les pays en conflit ou ceux qui en sortent, sans oublier les pays sous occupation et les pays à revenu intermédiaire.  Le Groupe a insisté sur un accès universel et a des coûts abordables à l’eau et aux sources d’énergie sûres.  Il est tout aussi préoccupé par le fait que le nombre de gens vivant dans des bidonvilles est passé de 689 millions à 881 millions.  Le Groupe souligne en outre l’importance d’avoir des modes de production et de consommation durables et sur le caractère crucial de l’assistance financière et technique en faveur des pays en développement.  Le Groupe rappelle enfin l’importance du respect du principe des responsabilités communes mais différenciées et invite les États à se garder de mettre en œuvre des mesures économiques unilatérales qui ne vont pas dans le sens de la Charte des Nations Unies.

M. KARMENU VELLA, de l’Union européenne, a déclaré que depuis plus de 60 ans, l’Union européenne a instauré la paix et la prospérité tout en donnant la priorité à la protection de l’environnement et à la promotion de sociétés plus inclusives enracinées dans la démocratie et l’état de droit.  Nous sommes engagés à rester à la ligne de front du développement durable et à réaliser le Programme 2030, a-t-il ajouté en assurant que l’Union continue de faire des progrès dans la mise en œuvre dudit programme.  Vers la fin de cette année, la Commission européenne publiera un document de réflexion sur le futur durable de l’Union européenne et, avant ce mercredi, 24 États membres de l’Union auront présenté leurs examens nationaux volontaires. 

Saluant le choix des six objectifs de développement durable à l’examen cette année, le représentant a dit que l’action extérieure de l’UE continue de progresser grâce à la stratégie globale et au consensus européen sur le développement.  Le plan d’investissement extérieur accroît l’investissement privé en Afrique et dans les pays voisins de l’Europe.  En outre, l’Europe est le plus grand fournisseur d’APD.  Le représentant a réitéré l’engagement européen en matière d’aide au développement y compris pour les pays les moins développés.  L’UE soutient un processus mondial robuste de suivi et d’examen des objectifs de développement durable.  Davantage de progrès mondial sur les données et les statistiques est essentiel, a ajouté M. Vella, parce qu’il implique toutes les parties prenantes.  

M. AHM MUSTAFA KAMAL (Bangladesh), qui parlait au nom des pays les moins avancés (PMA), a fait un point rapide sur la réalisation de certains objectifs de développement durable dans ces pays à commencer par l’accès à l’eau potable qui ne concernait que 33,4% de leur population en 2015 par rapport à une moyenne mondiale de 71,2% (objectif 6).  S’agissant de l’accès à l’électricité, ce pourcentage était de 44,8% en 2016 par rapport à une moyenne mondiale de 87,4% (objectif 7), alors que la proportion de la population urbaine qui vit dans des bidonvilles était de 62,67% en 2014 par rapport à la moyenne mondiale de 23%.

Le représentant a relayé les inquiétudes des PMA face à la lenteur des progrès dans la mise en œuvre de l’objectif 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs) et la baisse de l’APD qui est passée de 41,2 milliards de dollars en 2010 à 39,1 milliards de dollars en 2016.  Ces pays sont également frustrés par l’absence de progrès significatifs dans la mise en place d’un régime de promotion des investissements dans les PMA.  À l’image du reste du monde, la dette de ces pays a augmenté au cours des deux dernières années, mais deux fois plus vite qu’ailleurs et, en plus, la tendance « antimondialisation » risque de les affecter sur le plan commercial.  Qui plus est, les PMA sont vulnérables et exposés à un ensemble de chocs et de crises qui sont souvent liés à l’environnement et aux changements climatiques, comme le prouve les 249 millions de personnes vivant dans des PMA qui en ont été victimes entre 2010 et 2017.

Tous ces facteurs portent à croire que les ressources nécessaires au financement du Programme 2030 dans les délais fixés risquent de ne pas être disponibles, a mis en garde le représentant.  Pour y arriver, il va falloir des efforts importants de la communauté internationale à la fois en termes de mobilisation de ressources et en termes d’assistance technique, pour permettre aux PMA d’acquérir et de renforcer les capacités et de consolider la résilience aux chocs.  Ces efforts devraient venir complémenter ceux des PMA en termes de mobilisation des ressources domestiques, de renforcement des filets de sécurité sociaux, de boucliers fiscaux contre les chocs et de programmes d’assurance basés sur le marché.  Le représentant des PMA a réitéré leur appel pour un soutien technique et financier à la Banque de technologies pour les PMA qui a été récemment mise en place en Turquie dans le but de réduire les écarts technologiques entre pays. 

Mme CAMILLE ROBINSON-REGIS, Ministre de la planification et du développement de Trinité-et-Tobago, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que pour les pays de la région, le développement durable passe avant tout par l’éradication de la pauvreté, la promotion des modes de production et de consommation durables et la protection de l’environnement.  De même, un financement durable est crucial pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a expliqué que les moyens engagés par la région pour le développement durable sont menacés par la dette.  Même si la plupart de ces pays sont à revenu intermédiaire, ils ont des économies vulnérables de petite taille, des produits limités, un marché peu diversifié et une grande dépendance au commerce international, tout comme une grande vulnérabilité aux catastrophes naturelles, notamment celles relatives aux changements climatiques.  C’est au vu de cette situation qu’ils plaident de nouveau pour le réexamen des critères de leur classement.  De même, la fin du système de correspondants bancaires tend à fragiliser davantage leurs économies.  Les pays de la CARICOM, qui sont aussi des PEID, attendent avec impatience l’examen de la mise en œuvre, à mi-parcours, des Orientations de Samoa, a conclu Mme Robinson-Regis.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JULIUS MUIA (Kenya) a souligné que la transformation structurelle de l’Afrique, qui s’inspire du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, nécessite des approches et des stratégiques intégrées.  Compte tenu du rythme des progrès, a prévenu le représentant, il est peu probable que l’Afrique parvienne à des coûts énergétiques abordables d’ici à 2030.  Il est donc crucial de combler les lacunes s’agissant des données, en particulier sur la biomasse, pour mieux suivre les progrès et les investissements.  Les pays africains, a-t-il poursuivi, voudraient tirer parti de la transition urbaine en cours.  Avoir des villes productives exigera du continent des actions à court et à long termes, qui soient intégrées aux cadres nationaux du développement.  Les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire doivent en outre être renforcées pour faciliter le transfert des technologies et le partage de expériences. 

Le représentant a aussi appelé à des solutions novatrices pour accélérer la transition vers des modes de production et de consommation responsables.  Il a plaidé pour l’innovation technologique et scientifique, pour des investissements dans la recherche-développement et pour une meilleure collecte des données liées au climat, à la résilience des infrastructures et aux capacités d’industrialisation verte.  La technologie, a-t-il insisté, doit servir à améliorer la collecte et l’analyse des données.  Concluant sur l’APD, le représentant a appelé à la revitalisation du Partenariat mondial pour le développement durable et, pour ce faire, à la pleine mise en œuvre de mesures énoncées dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il n’a pas oublié de soulever la question des flux financiers illicites et de leurs conséquences négatives sur le développement de l’Afrique.  Il a donc prôné une coopération renforcée entre pays développés et pays en développement pour assurer la restitution des avoirs. 

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador), parlant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a reconnu que chaque pays fait face à des défis spécifiques sur la voie du développement durable.  Il a souligné que les critères pour bénéficier de la coopération internationale au développement devraient être basés sur une méthodologie qui tienne compte de la nature multidimensionnelle du développement et qui permette d’édifier une architecture mondiale de coopération.  Cette architecture devrait permettre à tous les pays en développement de recevoir un appui en rapport avec leurs difficultés, vulnérabilités, déficits structurels, notamment en termes de technologie.  Il a réaffirmé l’engagement des pays de la CELAC à promouvoir l’égalité entre les sexes, ainsi que la promotion des femmes et des filles.

La CELAC réitère la nécessité de respecter le leadership et le rôle normatif de chaque pays pour mettre en pratique les politiques d’éradication de la pauvreté et de promotion du développement durable.  Les efforts nationaux devraient être soutenus par un environnement économique international propice, ce qui veut dire des systèmes commerciaux, monétaires et financiers mondiaux cohérents, qui s’appuient mutuellement, et une gouvernance économique mondiale renforcée et améliorée.  Le représentant a aussi réitéré son appui au droit souverain des États à disposer de leurs ressources nationales et à les gérer au mieux comme source de développement économique, de justice sociale et de bien-être.  De même, il a redit son soutien au système commercial multilatéral basé sur des normes, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a rejeté l’utilisation de mesures économiques, financières ou commerciales contraires au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Plaidant aussi pour la coopération Sud-Sud, il a misé sur la conférence à ce sujet qui se tiendra à Buenos Aires en mars 2019.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, M. ALI NASEER (Maldives) a rappelé les vulnérabilités uniques des petits États insulaires en développement (PEID) qui découlent de leur isolement, des limites de leurs ressources de base, des limitations structurelles et de leurs vulnérabilités aux chocs externes.  Pour voir les progrès, y compris dans le domaine de la résilience, il faut améliorer l’accès au renforcement des capacités, au financement et à l’appui.  Cela est nécessaire pour assurer que nous pourrons réaliser le Programme 2030 et aussi les promesses des Orientations de Samoa, a plaidé le représentant.  Cela implique des moyens de mise en œuvre, en particulier en ce qui concerne le soutien aux bureaux nationaux de statistique.  En effet, certains PEID ont des difficultés à collecter et à analyser les bases de données, alors que ce sont des éléments centraux pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.   

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, M. MIGUEL ÁNGEL MOIR SANDOVAL (Guatemala) a exhorté le système des Nations Unies pour le développement à continuer de soutenir tous les pays en développement dans leurs efforts pour réaliser le Programme 2030.  Puis il a demandé audit système d’aider à relever, dans la limite des ressources et des mandats existants, les défis spécifiques que rencontrent les pays à revenu intermédiaire.  Une approche à l’échelle de tous les pays à revenu intermédiaire est cruciale étant donné que ces pays représentant plus des deux-tiers de tous les programmes-pays et comptent pour 60% des dépenses pour tous les pays et 48,5% des dépenses pour les pays à faible revenu.

Pour y parvenir, le système des Nations Unies pour le développement doit travailler main dans la main avec les institutions financières internationales afin de concevoir des méthodologies qui prennent mieux en compte les réalités complexes des pays à revenu intermédiaire et reflètent la nature multidimensionnelle du développement et de la pauvreté.  Il faut des critères qui dépassent celui de revenu par habitant pour comprendre les défis spécifiques et le potentiel de chaque pays dans le monde en développement.  C’est également le moyen de s’assurer qu’aucun pays et que personne ne soit laissé pour compte.  Le Groupe attend aussi avec impatience la première réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les pays à revenu intermédiaire, a dit le représentant. 

M. MIGUEL RUIZ-CABAÑAS (Mexique) a rappelé que ce Forum visait notamment à renforcer la collaboration entre tous les partenaires pour réaliser le Programme 2030 dont l’engagement central est de ne laisser personne pour compte.  Toutefois, un nombre inacceptable de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexuées vivent dans la pauvreté dans le monde et partagent avec le reste des pauvres le souhait de réaliser le développement durable, a-t-il fait remarquer.  Il a souligné que les stéréotypes entraînent souvent des violences et des traitements inhumains.  De plus, la discrimination et la stigmatisation imposent des restrictions au logement, à l’emploi, à l’éducation, à la santé et à d’autres services de base pour toutes ces personnes.  Les gouvernements et le secteur privé devraient offrir aux personnes LGBTI appui et opportunités, sans discrimination et sans violence de toute sorte, ainsi que le total respect de leur dignité humaine et de leurs droits.  Afin de réaliser le Programme 2030 et ses 17 objectifs, nous devons relever ces défis, a lancé le représentant. 

Au nom du Groupe de l’innovation de MIKTA -Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie-, M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné l’importance d’un Partenariat mondial véritablement revitalisé et doté de moyens ambitieux.  Cela veut dire, s’est expliqué le représentant, renforcer les partenariats entre le secteur privé, la société civile et le monde universitaire, élargir l’accès aux ressources financières, promouvoir les investissement publics et privés et faciliter le renforcement des capacités, y compris dans le domaine des données pour pouvoir prendre des décisions informées.  Le thème de cette année étant « les sociétés durables et résilientes », le représentant a dit tenir à des progrès dans l’utilisation viable de l’eau, la promotion des énergies renouvelables, la gestion des forêts et terres, l’intégration de la biodiversité dans les secteurs productifs, la mise en place d’établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables, la défense des modes de production et de consommation responsables.  Le représentant a insisté sur le caractère inclusif des objectifs de développement durable qu’il s’agisse des femmes, des jeunes, des personnes âgées, des personnes handicapées ou des migrants.  Il a conclu en soulignant que le Groupe pour l’innovation de MIKTA est une collaboration entre « penseurs » qui militent pour la commercialisation des technologies et idées nouvelles. 

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg), s’exprimant au nom du Groupe des amis des enfants et des objectifs du développement durable, a parlé de l’importance d’autonomiser les gens à travers le monde pour la réalisation des objectifs de développement durable, en commençant par les plus jeunes citoyens.  Il faut donc leur permettre de réaliser leur plein potentiel, ce qui est leur droit.  Il a rappelé qu’investir dans les enfants et les jeunes c’est également investir dans une croissance inclusive.  Il a relevé que 17 membres du Groupe entendent présenter des rapports nationaux qui mettront l’accent sur les enfants, alors que six autres ont promis de le faire l’an prochain.  M. Braun a indiqué que les données du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) laissent voir qu’un demi-milliard d’enfants du monde n’ont pas d’acte d’état civil pour leur identification.  Cela laisse penser qu’il n’y aura donc pas de données sur leur évolution et leur bien-être.  Pourtant, sans données, on ne pourra pas respecter le vœu de ne laisser personne de côté, a-t-il argué.

S’exprimant au nom du Groupe des amis pour la réduction des risques de catastrophe, M. GUSTAVO MEZA CUADRA (Pérou) a tenu à souligner que si la communauté internationale s’est dotée d’une « architecture politique globale » qui prenne en compte la réduction des risques de catastrophe, le développement et la lutte contre les changements climatiques, il faut également en surveiller l’opérationnalisation.  À cette fin, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030 peut constituer un outil inestimable pour déterminer si les programmes et stratégies économiques sont mis en œuvre de manière avisée.  Pour le Groupe, les stratégies de réduction des risques de catastrophe sont une condition préalable aux programmes de développement viables à tous les niveaux.  C’est pour cette raison qu’il a exhorté tous les pays à donner la priorité à la réalisation des objectifs du Cadre de Sendai, qui doivent être atteints d’ici à 2020.  Et pour donner effet à ces stratégies, il les a appelés à prévoir le financement du développement durable et des plans d’infrastructures avec les stratégies de réduction des risques nécessaires.

Mme SENIDA MESI (Albanie) a dit que l’examen national volontaire de l’Albanie montrait les progrès de ces dernières années ainsi que les défis.  Des progrès qui reflètent les priorités de l’Union européenne.  « Nous avons consolidé nos institutions publiques, en particulier celles qui assurent les services aux citoyens.  Nous avons également créé un service public professionnel et dépolitisé.  Nous avons intensifié la lutte contre la corruption, le crime organisé et les normes de protection des droits de l’homme.  Nous avons fait des progrès dans la réforme du droit à la propriété. »

La réforme du système judiciaire est en cours et commence à porter des résultats positifs, a poursuivi la représentante.  Ces progrès substantiels dans tous les domaines de priorité de l’Union européenne ont conduit à la recommandation inconditionnelle d’avril 2018 de la Commission européenne pour commencer les négociations d’accession avec l’Albanie en 2019.  La représentante a ajouté que la participation des femmes, le programme d’innovation et de compétitivité, la gestion de l’eau et des terres, la transformation urbaine sont des priorités du Gouvernement.

Mme GRATIELA LEOCADIA GAVRILESCU (Roumanie) a fermement appuyé la transition vers l’économie circulaire, la priorité étant la lutte contre le plastique.  L’examen volontaire national a d’ailleurs montré comment la Roumanie a réussi à créer un environnement favorable au développement durable, grâce à une bonne coordination interministérielle et à la consultation régulière du public. Les villes roumaines ont dûment intégré la vision du recyclage et de la circularité de l’Union européenne, promouvant une approche holistique du développement urbain et sensibilisant l’opinion publique à l’importance de sa participation aux processus communautaires de prise de décisions.  La Roumanie, qui prendra la présidence du Conseil de l’Europe au premier semestre 2019, a placé le développement durable en tête de son agenda.  Le pays attache la plus grande importance à la dimension environnementale du développement durable et aux liens avec les différents organes de l’ONU dont l’Assemblée des Nations Unies sur l’environnement dont les résolutions et conclusions sont cruciales pour faire avancer le Programme 2030 et son dix-septième objectif.  Pour réussir ce Programme, a conclu la représentante, chaque État doit instaurer le bon climat pour rendre ses politiques publiques viables. 

Le Vice-Premier Ministre de la Mongolie, M. ENKHTUVSHIN ULZIISAIKHAN, a expliqué que le sous-comité pour le développement durable du Parlement mongolien est en train de définir des politiques intégrées et des directives pour les ministères, agences et institutions pertinentes en vue de la réalisation du Programme 2030, rappelant que son pays avait adopté des objectifs de développement durable nationaux dès février 2016.  Avec l’adoption, en février 2018, de la « politique de développement à trois piliers », le Gouvernement a axé son action sur la diversification économique et les réformes fiscales; le renforcement de l’état de droit; la transparence et l’obligation de rendre des comptes dans les services publics; la création d’emplois pour lutter contre la pauvreté, la santé ainsi que les questions d’ordre social.

Il a annoncé l’entrée en vigueur de l’Accord multilatéral pour la création d’un groupe de réflexion sur les pays enclavés en octobre dernier, dont la Mongolie a organisé la première réunion du Conseil des gouverneurs ainsi que la conférence inaugurale en 2018.  Le Vice-Premier Ministre a également rappelé que lors de la Conférence ministérielle asiatique sur la réduction des risques de catastrophes, qui a eu lieu au début du mois de juillet à Ulaanbaatar, et qui était coorganisée par le Gouvernement de la Mongolie et l’ONU, une déclaration et un plan d’action régional pour l’Asie avaient été adoptés.  Il a ensuite annoncé que la Mongolie avait adopté une stratégie nationale pour le développement des statistiques pour la période 2017-2020, qui devrait permettre en outre de tester les indices nationaux des objectifs de développement durable et de les comparer aux indices internationaux.  La Mongolie présentera son premier examen national volontaire lors de la prochaine session du Forum politique de haut niveau en 2019.

M. JOSÉ AGUSTO BRIONES (Équateur) a dit que la priorité du Gouvernement est de garantir une vie digne pour tous.  Tous les citoyens doivent jouir de leurs droits, a ajouté le représentant.  Le programme national de l’Équateur pour le développement durable est décliné en un seul mot: « Éradiquer ».  Éradiquer la corruption.  Éradiquer la malnutrition infantile.  Éradiquer toutes les formes de discrimination qui sapent la dignité humaine.  « Notre gouvernement est un gouvernement d’alliance pour le développement.  Nous voulons approfondir des relations durables avec le monde extérieur et assurer la paix, la sécurité avec la Colombie.  Nous invitons tous les autres acteurs à contribuer à ces efforts binationaux. »  Le Gouvernement équatorien donne des ressources importantes pour le développement des peuples autochtones de l’Amazonie, a ajouté le représentant en soulignant qu’il est un gouvernement d’alliance et d’unité, qui écoute la voix de tous.  « Notre défi est d’étendre la fourniture de services sociaux de base à tous les citoyens. »

M. JEAN-YVES DUCLOS (Canada) a déclaré que le gouvernement du Premier Ministre Justin Trudeau met en œuvre des politiques et des programmes qui améliorent la vie de tous les Canadiens, en particulier ceux qui sont depuis trop longtemps sous-représentés comme les populations autochtones, les femmes, les immigrants et les réfugiés, les personnes handicapées et les LGBTQ2.  Depuis trop longtemps, les populations autochtones n’ont pas bénéficié de la prospérité et de la sécurité dont ont joui les autres Canadiens, a-t-il reconnu en disant que cela doit changer.  Il a expliqué la nécessité de trouver ensemble un nouveau chemin pour avancer, fondé sur la reconnaissance et l’application des droits, dans le respect mutuel, la coopération et le partenariat. 

Le progrès dans l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles est une priorité pour le Canada, a poursuivi M. Duclos en souhaitant que celles-ci participent pleinement aux décisions qui affectent leurs vies.  « Nous nous efforçons aussi de rendre nos villes et communautés plus résilientes, inclusives, prospères et durables en faisant des investissements significatifs pour s’attaquer aux changements climatiques, pour améliorer la durabilité de l’eau et protéger les zones marines et côtières. »  Le Canada accueillera par exemple la conférence sur l’économie bleue avec le Kenya en novembre prochain à Nairobi.  En outre, le Canada est profondément engagé à réaliser un ordre mondial fondé sur le droit. 

Mme DORIS LEUTHARD, Ministre des affaires étrangères de la Suisse, a demandé la réorientation des efforts mondiaux qui doivent passer de la théorie à la mise en application.  Le rythme de progression dans de nombreux domaines est trop lent et certaines tendances prennent même la mauvaise direction, en particulier le changement climatique et la migration.  La Ministre a plaidé pour que l’Accord de Paris sur les changements climatiques soit opérationnel, souhaitant une réglementation solide d’ici à 2018, avec des directives sur la formulation des contributions futures déterminées à l’échelle nationale, ainsi que des directives sur l’établissement de rapports et la vérification approfondie.  Toutes les parties à l’Accord de Paris doivent maintenir des contributions déterminées au niveau national contenant l’augmentation maximale de température en dessous de 2°C ou 1,5°C.  Pour l’instant, nous sommes en deçà de ces objectifs convenus et c’est un sujet de préoccupation pour la Suisse.  

La Ministre a également appelé à régler de manière globale les facteurs négatifs de la migration forcée tout en considérant les bénéfices potentiels de la migration pour le développement durable.  C’est pourquoi elle a recommandé des stratégies cohérentes, globales et pérennes tout au long du cycle migratoire, avant de saluer l’aboutissement réussi des négociations sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières la semaine dernière.  S’agissant des moyens de mise en œuvre, les partenariats entre le secteur public, le secteur privé, le milieu universitaire et la société civile sont un élément clef du Programme, notamment pour inciter le secteur privé à adopter de nouveaux modèles commerciaux plus durables.  L’accroissement constant du financement durable démontre qu’investir dans le développement durable est rentable.  Nous avons besoin d’un changement de mentalités et de meilleures informations pour les entrepreneurs et leurs clients afin de valoriser le potentiel inexploité.  La « Genève internationale » peut fournir une contribution importante en ce sens, a plaidé Mme Leuthard.  

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères, de la justice et de la culture du Liechtenstein, a d’abord indiqué que son pays, qui, depuis 2012, consacre 0,7% de son PIB à l’APD, entend augmenter son budget APD dans un avenir proche. Après avoir salué le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières comme « un document historique et un premier pas dans la bonne direction », la Ministre a parlé des « Langues du Liechtenstein », un cours de langues élaboré spécialement pour apprendre l’allemand et d’autres langues du pays aux migrants et aux réfugiés, grâce à une méthode inspirée de l’apprentissage des langues chez les enfants.  L’initiative, qui a formé 300 enseignants et 10 000 « étudiants », est aussi la contribution du Liechtenstein à la feuille de route des « Pathfinders for Peaceful, Just and Inclusive Societies », un groupe composé d’États Membres de l’ONU, d’organisations internationales et d’autres partenaires pour assurer le succès du seizième objectif de développement durable.  Le Liechtenstein travaille aussi à la cible 8.7 sur la lutte contre le travail forcé, l’esclavage moderne et la traite des personnes.  Le pays réfléchit en outre à la meilleure manière d’exploiter ses atouts de centre financier pour devenir un leader dans les efforts mondiaux.  Il appuie aussi l’Appel à l’action, sous le leadership du Royaume-Uni.

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